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EAN : 9782735122738
182 pages
Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris (31/12/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
A l'heure où la liberté de circulation des marchandises est exaltée et celle des hommes inégalement contrinte, il est urgent de disposer de connaissances précises et documentées sur ce qui est devenu la "question migratoire".
Dans leurs trajectoires, légales ou illégales, les migrants interrogent la France, l'Europe et la planète tout entière au sujet du droit à migrer. Du droit, aussi, à habiter le monde. Il nous faut alors comprendre, pour éviter de nouvell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai enfin trouvé en ce livre, étrangement édité par une maison mineure au lieu que par les PUF, en 2016, ce que je cherchais depuis longtemps : pas un essai sur une thématique ponctuelle relative aux migrations (pas non plus un pamphlet comme l'auteure en a déjà publiés), mais ce qui ressemble le plus à un traité, c-à-d. un exposé systématique et didactique de l'ensemble des sujets qui composent la matière. Avec cela, l'étude n'est pas longue – moins de 200 p. -, sa lecture reste très abordable et les références (notes et bibliographie) sont extrêmement succinctes : la lecture idéale à recommander à un étudiant ou à un lecteur non spécialiste qui souhaite, en un seul livre, mettre à l'épreuve critique ses idées reçues sur une problématique dont la couverture médiatique et le discours politique sont aussi prolixes qu'absolument inadaptés – sinon délibérément idéologiques et mensongers.
En effet, la déconstruction de la vulgate sur les migrations, mais aussi sur l'octroi de l'asile, sur les politiques européennes d'immigration, sur l'histoire migratoire française (y compris la question des « générations » issues de l'immigration), enfin sur les questions juridiques de droit public et international concernant la citoyenneté, les frontières, l'émergence d'un « droit à la mobilité » et d'une « gouvernance globale des migrations », ci opérée, se fonde sur la démonstration de la péremption des anciennes caractéristiques des migrations, et donc des connaissances, croyances et politiques afférentes. S'il y a inadéquation des politiques aux réalités contemporaines – le cas le plus flagrant étant la nécessité périodique d'opérer des régularisations de sans-papiers dans un régime de fermeture des frontières – c'est d'abord parce que les réalités ne sont pas comprises, les problématiques refoulées ou leur lecture idéologisée à des fins électoralistes ou pour servir des intérêts particuliers – tels ceux de l'industrie de la sécurité.
Ainsi, dans le chap. Ier, « La mondialisation des migrations, une nouvelle bipolarité », ce sont les aspects systémiques du phénomène, dans une nouvelle temporalité, une nouvelle géopolitique, de nouveaux acteurs et intérêts en concurrence avec les États, de nouvelles caractéristiques des migrants, de nouveaux enjeux globaux et régionaux, enfin dans une dialectique mal comprise entre migration et développement qui sont étudiés.
Le chap. II, « La "crise" des réfugiés », se penche sur le droit d'asile, qui a explosé depuis les années 1990, dans sa perspective européenne et se demande si le réfugié est « un élément de désordre dans l'ordre international », de même qu'il se pose la question des déplacés environnementaux – « les migrants de demain ? » - catégorie encore inconnue du droit international.
Le chap. III, « L'Europe, un continent d'immigration qui tarde à se reconnaître comme tel », donne dans ce titre la raison de la faillite des politiques européennes : ainsi, l'espace euro-méditerranéen est en passe de devenir « l'une des plus grandes lignes de fracture au monde », et les instruments de sa politique entièrement sécuritaire montrent leurs limites alors qu'ils engloutissent d'énormes ressources.
Le cap. IV, « La France et ses migrations internationales » se compose à la fois d'un rappel historique sur ses « Cent soixante ans d'immigration » et d'une courte étude sur ce qu'on a coutume d'appeler la question de « l'intégration » des descendants des migrants.
Suivent enfin deux chapitres juridiques, qui synthétisent d'autres travaux plus connus de Wihtol de Wenden : « Citoyenneté, État-nation et migrations » - une étude de l'évolution de la notion de la citoyenneté, au niveau international et français dans ses influences réciproque avec le droit européen, et « Vers un droit à la mobilité ? » - sur l'évolution des frontières et « l'émergence d'une gouvernance globale des migrations ».
Une synthèse donc de multiples sujets, efficace et indispensable à appréhender le phénomène migratoire de façon actuelle et dans la complexité qui le caractérise.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Il reste cependant à identifier les contradictions du discours international sur les migrations (libéralisme économique et approche sécuritaire, inégalités du droit à la mobilité à l'échelle mondiale alors que les migrations sont considérées comme un facteur essentiel du développement humain, respect des droits de l'homme et approches souverainistes, valorisation de la fluidité internationale pour tous les facteurs d'échange sauf sur les hommes) et des pratiques ayant des effets indirects sur les migrations, comme l'exploitation des matières premières des pays africains par des pays tiers, la délocalisation de cultures à fortes valeur marchande dans des pays à très bas salaires, mettant en péril l'équilibre économique des pays producteurs initiaux […]. La gestion des migrations internationales à l'échelle mondiale ressemble encore à un vaste far west où seuls les grands pays d'immigration font la loi quant à la définition des régimes migratoires. » (pp. 165-166)
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« Le "modèle" français – s'il existe – apparaît quelque peu isolé (et démodé) par rapport aux multiculturalismes mis en avant au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou en Allemagne. En réalité, ils sont eux aussi dépassés aujourd'hui.
Contrairement à l'idée commune, "l'intégration" (un terme d'ailleurs flou et très subjectif) se poursuit et se confirme, et ce en dépit du chômage persistant et des discriminations dans les zones dites "sensibles", malgré la territorialisation de la pauvreté, qui coïncide avec une ethnicisation des territoires, mais aussi malgré les réseaux transnationaux à caractère religieux, qui cherchent à exercer une influence sur une population d'autant plus malléable sur le terrain de l'islam qu'elle en a souvent une connaissance fragile. La "seconde génération" fait résolument partie de la société française et s'inscrit dans des pans entiers d'une culture jeune, populaire et métissée. À cette intégration "par le bas" s'ajoute la prise en compte de son existence "par le haut", même si sa représentation politique est encore faible. » (p. 121)
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« Les effets pervers [de l'absence d'une politique migratoire de l'Europe] sont nombreux : entrées clandestines, sédentarisation des sans-papiers, esclavage moderne, détournement de la demande d'asile et du mariage à des fins de travail. Les secteurs qui manquent de main-d’œuvre font appel à un volant d'immigration irrégulière. Les politiques européennes, de même que celle des États, ont concentré leurs objectifs sur le contrôle des frontières, dans une vision sécuritaire habitée par le risque migratoire, le terrorisme, la criminalité organisée et la prévention des défis de "l'intégration". Ainsi, les politiques d'immigration sont en permanent décalage avec la réalité des flux. » (p. 74)
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Videos de Catherine Wihtol de Wenden (66) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Wihtol de Wenden
À quelques jours du premier tour de la primaire des Républicains, « À l'air libre » a reçu Aurélien Pradié, secrétaire général du parti, qui regrettait que la droite ne porte pas plus de combats sociaux. Mardi, reportage de nos envoyées spéciales en Pologne auprès de ces exilés qui survivent dans des conditions inhumaines, et sur notre plateau, la chercheuse spécialiste des migrations Catherine Wihtol de Wenden et la militante Anaïs Vogel.
Mercredi, place à la jeunesse avec le débat des organisations étudiantes, en amont des élections du Crous. Sur notre plateau, les représentants de l'Unef, de l'UNI, de la FAGE et de l'Alternative ont débattu des solutions à mettre en place à l'université.
Enfin jeudi, émission spéciale à l'occasion de notre journée portes ouvertes numérique. La rappeuse Casey était notre invitée pour un grand entretien, avant une discussion avec ceux qui continuent de lutter malgré les vents mauvais. Enfin, les représentants de Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot étaient sur notre plateau pour répondre à une question : la gauche est-elle déjà hors jeu pour 2022 ?
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