Le portrait de Dorian Gray non censuré

J'ai terminé la lecture de ce roman très étonnée. C'est la version non censurée, à laquelle Wilde a rajouté 6 chapitres (quand même !) et ôté le subversif et qui sera encore expurgé par la censure.
La question est : quel subversif ? Je sais que notre époque nous a rendu blasés avec tous ce que l'on voit défiler sur les réseaux sociaux, mais quand même. Il n'y a rien, aucun propos licencieux, on comprend juste que le peintre Basil est amoureux de Dorian. Certes. Amour on ne peut plus chaste, pas partagé et donc Basil s'efface.
Le plus dérangeant est Lord Henry mais je ne pense pas que la censure s'est attaquée à lui et pourtant, il est un monstre tentateur, qui incite Dorian à vivre le présent, à oublier les actes de la veille au nom de la jeunesse et de sa fugacité, puis au nom de la vie, tout simplement. Il ne s'attache qu'à l'art, a des propos sur les femmes dérangeants et d'ailleurs, regrettera la sienne quand elle finira par le quitter.
Basil et Sibyl sont les seuls « humains ». Dorian est antipathique, amoureux de lui-même et aucun respect pour les autres, même sa soi-disant amitié pour lord Henry est fausse puisse qu'il lui cache le secret de son tableau qui est l'essence même de son être.
Le tout est agréable à lire hormis un passage vers la fin un peu long, grâce aux tirades sarcastiques d'Henry. Mais que l'on est loin d'un ouvrage à mettre « en enfer » et quant à enfermer son auteur…Finalement, 2023 a du bon.