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Henry Flint (Illustrateur)
EAN : 9781781087411
96 pages
2000 AD (03/09/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
The critically-acclaimed and fan-lauded latest Judge Dredd tale which sent shockwaves through the universe and Mark Millar called “one of the best runs ever!”

Everything is at stake and no-one is safe – in the critically-acclaimed storyline from Rob Williams and Henry Flint, Judge Dredd and his team of hand-picked allies finally takes on the nefarious Judge Smiley, Mega-City One’s behind-the-scenes manipulator – but who will be left standing at the en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète qui nécessite une connaissance superficielle de Judge Dredd et des personnages secondaires pour pouvoir être pleinement appréciée. Il comprend les épisodes contenus dans les progs (numéros) 2004 à 2006, 2100 à 2109 et 2134, initialement parus en 2016 et 2018 dans l'hebdomadaire britannique 2000 AD, écrits par Rob Williams, dessinés et encrés par Henry Flint.

Sur la planète Enceladus, le juge Sam est tout seul sur la surface, dans son scaphandre spatial, à côté des restes d'une construction humaine, avec des cadavres d'extraterrestres à huit pattes autour de lui. Il a dû briser le lien qui unissait l'extraterrestre aux prisonniers et il craint que des spectres ne subsistent. Finalement un vaisseau spatial arrive et il est sauvé par les juges. Alors qu'il se trouve dans le service d'évaluation psychique du Grand Hall de Justice, il voit entrer Judge Dredd dans sa chambre. Celui-ci vient vérifier par lui-même que Judge Sa n'est pas revenu infesté. Judge Sam lui indique qu'il souhaite continuer à exercer la profession de Juge directement dans la rue. Quelques jours plus tard, Judge Sam est affecté à la surveillance d'un témoin clé détenu dans une cellule. Soudain, le corps du témoin se tord dans tous les sens et il finit mort. Judge Sam a beau passer en revue tous les enregistrements de surveillance, il n'y a aucun indice. Judge Dredd arrive sur place sans réussir à établir une conclusion, si ce n'est qu'il n'y a pas eu faute du juge Sam. En sortant, ce dernier, croise un étrange juge qui vient voir ce qui s'est passer, qui dispose d'une autorisation, mais qui ne fait pas partie des services habituels.

Sur son temps libre, Judge Sam continue de réfléchir à ce qui a bien pu se passer, et en particulier à s'interroger sur la possibilité d'existence de passages camouflés à l'intérieur même du Grand Hall de Justice. Un jour qu'il se retrouve affecté sur une mission à laquelle participe Judge Dredd, il s'ouvre à lui de ses soupçons. Il est assez convaincant pour que Dredd fasse en sorte qu'il soit réaffecté à la maintenance du bâtiment, car Sam dispose d'une spécialité d'architecte. Il finit par découvrir la possibilité d'un passage, un début de preuve tangible. Il contacte immédiatement Judge Dredd, mais il n'est pas disponible. Il s'engage dans ce passage qui ne correspond pas aux plans officiels. Il se heurte rapidement à 2 juges camouflés par un dispositif technologique. Ils lui sautent immédiatement dessus et le combat s'engage. En fait Judge Dredd se trouve sur les lieux et il a chaussé des lunettes de vision qui permettent de neutraliser les effets de camouflage. Il est accompagné de 3 autres juges pareillement appareillés. Malheureusement il n'est pas possible de capturer les 2 juges furtifs. L'étape suivante est claire : capturer vivant un juge furtif.

Rob Williams a commencé à écrire des histoires de Judge Dredd en 2007, et en écrit régulièrement depuis. Il a également écrit une excellente série pour Vertigo : Unfollow dessinée par Mike Dowling. Depuis plusieurs années, les responsables éditoriaux de 2000 AD affectent des scénaristes sur les histoires de Judge Dredd pour assurer la succession de John Wagner quand il prendra sa retraite définitive, scénariste historique du personnage depuis 1977. Il est indéniable que Rob Williams maîtrise l'univers de Judge Dredd. Avant toute chose, cette histoire est un thriller sur la base d'une enquête. Qui sont ces juges furtifs ? Comment restent-ils indétectables ? Comment opèrent-ils ? Quels sont leurs objectifs ? À quel point sont-ils infiltrés dans l'organisation officielle des juges de MegaCity -One ? Qui est leur chef ? le lecteur suit donc les investigations de Judge Sam, sa relation fragile avec Judge Dredd, l'implication croissante de Dredd, l'apparition du meneur des juges furtifs, les confrontations à haut risque, car les juges furtifs ont l'avantage de la surprise et sont quasiment impossibles à capturer. le récit est bien construit, comme un roman, avec un chapitre d'introduction pour faire connaissance avec Judge Sam et son histoire personnelle, et un épilogue doux amer reposant sur la personnalité de Joseph Dredd.

Henry Flint a commencé sa carrière de dessinateur en 1994, et a dessiné sa première histoire de Judge Dredd en 1996. En découvrant les premières pages, le lecteur est aux anges : Flint réussit à combiner la filiation avec les dessins de Carlos Ezquerra (artiste emblématique des aventures de Judge Dredd depuis sa création), avec une narration personnelle. le lecteur retrouve les traits de détourage un peu irréguliers, comme s'ils étaient mal ébarbés qui donnent cette impression d'un monde dans lequel les environnements et les individus sont soumis à un quotidien et à des contraintes qui les usent, qui les minent jour après jour. L'artiste respecte scrupuleusement les caractéristiques graphiques de cet univers : la tête toujours masquée de Joseph Dredd, son grand menton marqué de rides, les épaulettes exagérées des Juges, les grosses motos avec leurs pneus très larges, l'architecture tout en hauteur de MegaCity-One, l'apparence de la juge en chef Hershey, de Klegg, de Dirty Frank, etc. En effet, Rob Williams s'appuie sur la continuité de la série, à la fois avec des personnages récurrents comme la juge en chef, à la fois avec une poignée de références à des histoires passées comme Apocalypse War (1982), voir Judge Dredd: Complete Case Files 05, ou encore le clone du War Marshal Kazan.

La qualité d'immersion du lecteur est donc générée par la fidélité aux caractéristiques visuelles de la série, à la filiation avec Carlos Ezquerra, ainsi que par les autres caractéristiques de la narration visuelle. Les prises de vue pour les personnages sont savamment étudiées de manière à toujours donner une position dominante à Judge Dredd, soit par les cadrages, soit par sa rapidité d'intervention et à toujours lui conserver un visage grave et fermé, sévère mais juste (enfin… juste dans la mesure où il s'en tient à la loi bien sûr). En face de lui, le jeu des acteurs reste dans un registre naturaliste, sauf lorsque les événements sortent de l'ordinaire : action, combat, horreur. Dans ces cas-là, Henry Flint adopte à sa propre sauce la propension qu'avait Carlos Ezquerra (1947-2018) à ajouter une touche d'exagération entre grotesque et expression de surprise quasi comique. Cela ne fait pas sortir le lecteur de l'histoire car artiste et scénariste sont parfaitement en phase. Les yeux un peu ronds de Judge Sam attestent de sa relative jeunesse, du fait qu'il n'est pas encore blasé, ce qui est en cohérence avec ses propos et ses réactions. L'allure grotesque de Klegg (une sorte de crocodile anthropomorphe gonflé aux stéroïdes) est en décalage total avec sa personnalité douce et gentille exprimée par les dialogues, pour un effet comique qui fonctionne parfaitement.

Henry Flint sait donner de la consistance aux différents environnements, permettant au lecteur de se projeter dans chaque lieu. Il sent l'inhospitalité de la planète Enceladus avec le froid du vide et l'absence d'atmosphère. Il peut prendre la dimension de la ville sans fin de Mega-City One et de son architecture toute en hauteur, entassant les individus les uns sur les autres, les concentrant dans une promiscuité pressante. Il parcourt les couloirs du Grand Hall de Justice à l'architecture intérieure froide, technologique et fonctionnelle. Il apprécie la vitesse à moto dans les rues, le seul moment donnant une impression de liberté. Il se sent confiné avec les passagers dans les minuscules navettes et autres véhicules. À part à 2 ou 3 occasions (un dialogue sur 2 ou 3 pages), Rob Williams a bien pris soin de penser sa narration en termes visuels, et Henry Flint conçoit des mises en scène vivantes. le lecteur se retrouve ainsi complètement absorbé par l'intrigue, découvrant avec les juges ce contre quoi ils se confrontent, éprouvant les mêmes doutes que Dredd sur les liens que ces juges furtifs peuvent entretenir avec l'organisation officielle des juges. Il constate que Rob Williams écrit un vrai polar dans lequel les personnages se démènent contre les règles d'un système qui les contraint dans leur liberté d'action, la limitant, leur imposant des manières de faire. Progressivement, de manière presqu'imperceptible, le polar SF devient un révélateur des limites d'une vision absolue, d'un mode de fonctionnement parfait. La tête pensante derrière les juges furtifs est connue de Dredd, et il découvre petit à petit l'ampleur de ses machinations, les compromis et les sacrifices de civils pour arriver à ses fins. Mais en face, Judge Sam se rend compte que Judge Dredd lui-même n'est pas tout blanc et doit payer le prix nécessaire pour arriver à la victoire, y compris une forme d'arrangement avec la Loi. L'histoire acquiert encore plus de saveur du fait que Rob Williams sait écrire Joe Dredd comme un individu ayant vécu de nombreuses décennies, endurci par les épreuves, très conscient du coût en vies humaines, inéluctable, portant ce fardeau ainsi que le jugement de ses collègues qui n'ont pas l'expérience nécessaire pour anticiper ce prix.

Rob Williams & Henry Flint ont réalisé une excellente histoire de Judge Dredd, ayant sa place aux côtés des classiques de John Wagner & Carlos Ezquerra. Ils savent conserver la saveur et les caractéristiques du personnage, tout en insufflant leur propre personnalité et leurs propres idées, pour un polar rentre-dedans, spectaculaire, avec des individus crédibles et une réalité politique pétrie du principe de réalité.
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