"Une « montagne inutile » est l'expression qu'utilisaient autrefois les habitants des Alpes qui considéraient qu'à partir des neiges éternelles la montagne devenait « inutile » puisqu'elle ne pouvait rien produire. Quelques esprits chagrins n'hésitèrent pas à qualifier également les escalades « d'inutiles » puisqu'elles ne servaient, d'après eux, qu'à flatter l'orgueil des alpinistes, leur goût du risque et leur volonté de vaincre."
Voilà l'explication du titre provocateur.
Avec également un clin d'oeil au magnifique
Les conquérants de l'inutile de
Lionel Terray.
Jean-Michel Wissmer commence par une analyse de la conquête du Cervin.
Il retrace l'histoire de la cordée victorieuse et de l'accident qui entraina la mort de quatre alpinistes lors de la descente.
Si l'auteur s'est incontestablement beaucoup documenté, il n'apporte rien de nouveau, et pour cause : tout a déjà été observé, étudié, disséqué sur ce sujet. Et de son propre aveu, il n'est plus possible d'obtenir de nouveaux éléments valables qui permettraient d'éclaircir cette affaire : "Sans multiplier les témoignages contradictoires, le lecteur aura compris que le drame de la première ascension du Cervin comporte bien des pages d'ombre. Aujourd'hui, les descendants des protagonistes tentent de défendre la mémoire de leurs aïeux, ce qui est bien compréhensible."
Par la suite, différents thèmes sont abordés avec le Cervin comme fil rouge, mais une vue plus élargie : la place des femmes, les liens entre montagne et religion, la littérature de montagne, la peinture de montagne, les différentes croyances liées à la montagne.
L'ouvrage se conclut par deux rapides visites des musées de Zermatt et de Chamonix.
L'ensemble se lit vite et de façon agréable, mais m'a laissée sur ma faim.
Certes, le livre regorge d'informations et l'on sent bien que l'auteur a beaucoup creusé son sujet (la bibliographie fournie en témoigne), mais j'ai trouvé qu'il n'apportait pas grand-chose de nouveau.
Jean-Michel Wissmer est passionné par la montagne, c'est indéniable, mais cela n'a pas suffi à me faire vibrer parce que je ne suis sans doute pas la lectrice idéale pour cet essai. Amoureuse des cimes depuis toujours, j'ai lu depuis longtemps l'incontournable
Escalades dans les Alpes d'
Edward Whymper ; j'ai également lu d'autres ouvrages et regardé de nombreux documentaires sur le Cervin.
Ce livre de
Jean-Michel Wissmer pourra plaire à ceux qui s'intéressent à l'histoire de ce sommet mythique et plus généralement à l'histoire de l'alpinisme, mais qui n'ont pas encore beaucoup de connaissances dans ce domaine. Il apporte beaucoup d'informations de façon condensée et donnera certainement envie d'en apprendre plus en lisant d'autres ouvrages, en particulier celui de Whymper.
Je ne veux pas oublier de mentionner un point très positif : les nombreuses illustrations. de la très belle couverture à toutes les photos qui figurent à l'intérieur, elles ont été fort bien choisies et apportent un réel plus à la lecture.
Je remercie Babelio pour son opération Masse critique et les éditions Slatkine pour leur envoi.