Pas convaincu par ce premier contact avec cet écrivain très en vogue. Il n'y a pas grand-chose à redire à l'écriture en elle-même, c'est suffisamment limpide ; mais dommage qu'il n'y ait pas véritablement d'histoire ...
Le constat est d'autant plus surprenant qu'il y a en fait très peu de digressions abstraites, au demeurant toujours perspicaces. On est toujours dans une narration obèse sans personnage principal, qui s'acharne à rapporter tous les points de vue conscients et inconscients de chacun des nombreux personnages du roman, qui ont apparemment décidé d'aller s'ennuyer dans un hall d'hôtel de l'autre côté de l'Atlantique pour les vacances. Il y a bien une dimension "roman d'apprentissage" concernant Rachel, mais ce n'est qu'une infime nuance dans un ensemble de dialogues et de cogitations qui se terminent toujours par la même interrogation pour le lecteur : " ok, so what ?". Qu'est-ce que ça apporte à l'action ? On a un peu l'impression que l'auteur ne sait pas trop elle-même où elle va, qu'
elle se laisse porter par son imagination sans but précis, sans structure établie. Une amourette bancale par-ci, une promenade par-là, des sentiments perpétuellement contradictoires qui ne débouchent sur rien...
Les personnages ne sont absolument pas attachants, mais cela semble délibéré. Chacun se montre soumis au mieux à l'égoïsme, au pire à la sottise, lorsqu'il n'est pas tout simplement inapte à la vie en société. Saint-John
Hirst est de loin le personnage le plus détestable du roman, un concentré de misanthropie, de pédanterie et de vanité. On n'est vraiment pas à l'aise dans cette société où il est suspect de ne pas avoir d'occupation artistique ou culturelle compulsive régulière, et où l'on enquête en permanence sur les lectures des autres pour juger de leur respectabilité ou de leur maturité ; une société où tout le monde s'attend à être compris sans jamais chercher à comprendre les autres, à moins d'y être poussé par le désoeuvrement.
Alors oui, on s'extasiera sur le côté "avant-gardiste" de certaines phrases qui témoignent d'un souci manifeste de la condition des femmes, notamment à travers les débats de l'époque sur le droit de vote en Angleterre. de là à faire de
Virginia Woolf une icône féministe, surtout au sens actuel... J'espère qu'il y a des oeuvres plus significatives à l'appui.
Une oeuvre pas désagréable à lire sur le plan formel, donc, mais qui retient difficilement l'attention de par son absence de but et la monotonie de son rythme. Pas particulièrement marquant.