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Jean Talva (Autre)
EAN : 9782253034995
222 pages
Le Livre de Poche (01/09/1984)
3.47/5   171 notes
Résumé :
Le chef-d’œuvre de Virginia Woolf ?
Sûrement son récit le plus étrange, le plus délicat, le plus hanté par la mort.
Qui est Jacob ? L’enfant qui, un jour, ramasse un crâne de mouton séché par le vent le long des rochers, l’étudiant nonchalant de Cambridge ou bien l’helléniste à la recherche de la sagesse ?
Une tristesse confuse, irraisonnée, se glisse sous les pas du jeune homme. Et pourtant il ne se passe presque jamais rien.
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Virginia Woolf fait partie de mes auteurs fétiches et pourtant jamais encore je n'ai osé écrire le moindre avis sur une de ses oeuvres. Je souhaite remercier ici l'ami qui a exaucé un de mes voeux en m'offrant un exemplaire de la Chambre de Jacob dans l'édition à la couverture bleue de 1929.

L'écriture de Virginia Woolf me bouleverse, j'aime sa manière d'appréhender et de décrire le monde alors que je la qualifierais volontiers de cérébrale et ne comprends pas toujours où elle veut m'emmener. Cette oeuvre ressemble pour moi à un éloge funèbre. Jacob est décrit par différentes personnes de son entourage qui en montrent tour à tour une facette, un aspect, à un moment donné. Virginia Woolf nous propose un portrait éclaté et nous invite à recoller tous les morceaux à notre disposition pour avoir une idée approximative de qui il pouvait bien s'agir. Jacob est donc tout à la fois le grand absent et celui dont on parle sans cesse. Sa chambre, une pièce désormais inhabitée qui rassemble encore les objets qu'il a aimés, les livres sur une étagère, une paire de chaussures qui traînent. Cette lecture se présente pour moi comme une chasse aux indices. Rien n'est laissé au hasard, les collections, les livres cités, les dates, les pétales de coquelicot oubliés dans un ouvrage. Des petits cailloux blancs semés qui nous permettent de comprendre le dénouement sans que celui-ci soit explicite, le tout doublé de références autobiographiques de l'auteur.

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Un roman de 1922 pour le moins original, dans lequel le personnage incontournable et central, Jacob, glisse et se faufile comme une anguille dans l'univers feutré et coloré de Viriginia Woolf.
« Il est vain de vouloir résumer les gens. On doit s'en tenir à des indices, le dit n'est pas exactement fiable, le fait ne l'est pas non plus entièrement. Certaines personnes, il est vrai, savent d'emblée définitivement prendre la mesure d'un caractère. D'autres hésitent, s'attardent, vont où souffle le vent. »
Ce parti pris d'un portrait en creux ne rend pas la lecture aisée. Si dans l'ensemble la narration est chronologique, elle suit surtout le fil d'associations d'idées, de consciences différentes, de situations diverses, de thématiques à peine effleurées (comme la mort), pour finir par constituer une toile de la vie de Jacob, comme un réseau humain. Une sorte de Facebook avant l'heure. Par moment j'ai eu la sensation qu'un papillon tenait une caméra et s'invitait à la suite de Jacob. Alors un papillon, ça s'intéresse pas forcément à ce que le lecteur voudrait savoir. Il peut admirer un paysage le papillon. Ou s'intéresser à d'autres personnes que Jacob. Prendre de la hauteur, ou au contraire se poser pour des détails scrupuleux.
Quant à l'histoire, d'aucuns diraient qu'il ne s'y passe rien. Ce qui est un peu réducteur. Il s'y passe tout de même (parfois en filigrane) des bribes de vie de Jacob enfant, de Jacob adolescent, de Jacob jeune homme. Et de Jacob mort à la guerre vraisemblablement, mais là c'est à peine suggéré (à part dans la quatrième de couv'). Bref une vie quoi, parmi tant et tant. Avec sa grosse part d'évanescence futile.
Il m'a fallu beaucoup d'effort de concentration pour en arriver à bout, de ce roman. La suggestion ou l'effleurement en écriture n'accroche pas vraiment le lecteur, il me semble. Mais j'ai quand même beaucoup aimé par moments... quand à d'autres j'ai beaucoup zappé.
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Je crois que j'ai un peu de mal avec Virginia Woolf. Ce livre n'a pas fait exception, je m'y suis ennuyée, j'y ai trouvé des longueurs, et pourtant il s'agit paraît-il d'un très grand écrivain... Problème de traduction... problème de rythme plutôt qui ne me satisfait pas. Ou alors c'est bien trop intellectuel pour la petite lectrice que je suis. Il faut savoir faire preuve d'humilité parfois et accepter ses limites.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Je poursuis mon cheminement dans l'oeuvre de Virginia Woolf avec La chambre de Jacob.
Ce livre est un roman élégiaque à la mémoire de son frère aîné Thoby mort de la typhoïde de retour d'un voyage en Grèce en 1906. Celui-ci n'est pas cité mais nous comprenons rapidement que l'autrice en fait ici un portrait kaléidoscopique qui commence dans l'enfance, avec des scènes merveilleuses au bord de la mer rappellant La promenade au phare, et qui se termine, de façon elliptique avec la mort de Jacob.
Ecrit à l'âge de quarante ans, La chambre de Jacob, dont Virginia était assez satisfaite, est son premier roman moderniste. Elle utilise, pour la première fois, la technique narrative du flux de conscience, qui lui permet, par petites touches comme celles d'un peintre impressionniste, de casser la structure narrative classique des romans, et de composer un patchwork de sensations, d'émotions, de descriptions, de dialogues, qui au final, donne une vision globale de Jacob/Thoby.
Ce qui est remarquable dans la démarche de l'autrice, c'est que, de cette manière, elle parvient à proposer un portrait complexe et nuancé, dressé par une foultitude de personnages proches ou secondaires, et qu'elle dépeint simultanément la société anglaise du début du XXème siècle dans laquelle évolue Jacob.
Virginia Woolf tire et étire des fils, et cela part dans tous les sens. Il ne faut pas s'attendre à un récit chronologique et la lecture de l'ouvrage, que je ne recommanderais pas pour une découverte de l'autrice, requiert beaucoup d'attention.
Il y a beaucoup de digressions, de dialogues un peu confus, mais le résultat, à mes yeux, est magnifique. Traversée de fulgurances poétiques et d'éclairs de génie sur la vie, la mort et les façons d'être au monde,
La chambre de Jacob est un vibrant hommage au frère disparu de Virginia.
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« Lire Virginia Woolf prend du temps. Son oeuvre est longue, variée, touffue, et sa manière d'écrire si peu conventionnelle que l'on doit faire attention, être vigilant, avancer à petits pas pour ne rien perdre et pour ne pas s'y perdre »
Voilà vous être prévenu, ce point du vue extrait de la biographie signée Agnès Desarthe et Geneviève Brisac, vous introduit dans l'univers littéraire de Virginia Woolf, je n'ai pas résisté à la curiosité quand est paru La chambre de Jacob dans une nouvelle traduction d' Agnès Desarthe.

Un roman mosaïque sans intrigue dont le personnage principal, Jacob Flanders, apparaît dans une série de scènes retraçant sa vie de son enfance à sa disparition. Ces scènes sont brèves, et la personnalité de Jacob se dessine peu à peu à travers les récits, les observations ou les critiques de ses amis, les réactions des jeunes femmes qui l'aiment, les apparitions de sa mère.
Nous le suivons ainsi sur la plage de son enfance, au collège à Rugby, à Cambridge dans sa chambre d'étudiant, à la bibliothèque... Nous croisons les jeunes filles qu'il séduit, ses conquêtes inavouables, celles qui l'aiment ou qui le trompent.
Nous le suivons dans son grand tour de Paris à la Grèce en passant par l'Italie.

Au fil des pages des petits cailloux sont semés qui annoncent la mort et la guerre : cimetière, cloche funèbre, détonations qui évoquent le futur bruit du canon jusqu'au choix du nom de Flanders. le temps est l'acteur principal du roman, l'on passe sans que rien ne soit précisé, de l'enfance à l'adolescence à la vie adulte
Les sentiments, les détails matériels de la vie de jacob ne sont jamais donnés, seules subsistent des images furtives et colorées
Le lecteur est toujours à l'extérieur, les choses sont effleurées, suggérées, Virginia Woolf tisse une toile aérienne et les motifs n'apparaissent que petit à petit, les images sont fugaces , la vie est passée aussitôt qu'esquissée
A travers ce roman on retrouve des thèmes chers à Virginia Woolf : le temps béni de l'enfance et des vacances à St Ives, le traitement inégal des filles à qui l'on interdit les études et l'université, « le chaos faussement ordonné de nos jours »
Virginia Woolf capte pour nous l'insaisissable, le temps qui passe furtivement, l'inconstance des sentiments.

Je laisse pour finir la parole aux deux biographes de Virginia Woolf
« La chambre de Jacob, récit autour de l'absent, à l'écriture presque dérangeante, marque une volonté de s'affranchir d'une tradition lénifiante, et une capacité hors du commun à traduire en mots les maux d'une époque. L'écrivain est comme traversée par son temps. »
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
... l’accompagner jusque dans sa chambre – non, nous ne ferons pas cela.

Pourtant, bien entendu, c’est précisément cela qu’on fait. Il entre, et ferme la porte, quoiqu’il ne soit que dix heures à l’horloge la plus voisine.
Personne ne se couche à dix heures. Personne n’en a même l’idée. Nous sommes en janvier, il fait un temps lugubre, mais Mrs Wagg reste plantée sur le pas de sa porte, comme si elle attendait quelque chose. Un orgue de Barbarie, tel un rossignol lascif, vocalise sous des feuilles mouillées. Des enfants traversent la rue en courant. De-ci de-là, on entrevoit, par la porte d’un vestibule, des boiseries brunes…
La route que suit l’imagination sous les fenêtres d’inconnus est assez singulière. Tantôt distraite par une boiserie brune, tantôt par une fougère dans un pot ; ici, improvisant des paroles pour accompagner l’air de valse que joue l’orgue de Barbarie ; ailleurs, tirant du spectacle d’un ivrogne une sorte de plaisir désabusé ; enfin, complètement absorbée par les mots qu’échangent de pauvres diables, d’un trottoir à l’autre (des mots si francs, si drus) – mais gardant néanmoins toujours pour centre, pour aimant, un jeune homme seul dans sa chambre.
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S'écoulant lentement de la pointe de sa plume en or, de l'encre bleu pâle noya le point final ; car c'est là que son stylo s'était arrêté ; ses yeux devinrent fixes, et ils se remplirent lentement de larmes. La baie toute entière trembla, le phare vacilla, et elle eut l'illusion que le mât du petit yacht de Mr Connor se courbait comme une bougie au soleil. Elle cligna rapidement les paupières. les accidents étaient des choses horribles. Elle les cligna de nouveau. Le mât était droit, les vagues étaient régulières, le phare était vertical, mais la tache d'encre s'était agrandie.
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On dit que le ciel est partout le même. Les voyageurs, les naufragés, les exilés et les mourants tirent de cette pensée du réconfort ; et si l'on a des dispositions au mysticisme, nul doute qu'une consolation - et même une explication - ne tombe comme une nuit bienfaisante de cette morne étendue.
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Nonobstant, cinq minutes après avoir dépassé la statue d'Achille, elle avait le regard rêveur d'une personne mêlée à la foule par un après-midi d'été quand les arbres sont bruissants, quand les rayons des roues jaunes étincellent ; quand le tumulte du temps présent est une sorte d'élégie à la jeunesse envolée, aux étés défunts ; si bien qu'une étrange tristesse naissait dans son âme, comme si au travers des gilets et des robes, le temps et l'éternité devenaient visibles ; comme si elle voyait les humains marcher tragiquement vers leur destruction.
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Les îles Scilly viraient au bleu ; et soudain un éclat bleu, violet, puis vert envahit la mer ; la laissa grise ; imprima une raie qui aussitôt disparut ; mais lorsque Jacob eut passé sa chemise par-dessus sa tête toute l'étendue des vagues était bleu et blanc, ondulante et fraîche, bien que, de temps à autre, une large marque violette apparût à a surface, comme un hématome ; ou encore il arrivait qu'un plein émeraude flottât, teinté de jaune. Il plongea. Il avala de l'eau, la recracha, frappa de son bras droit, frappa de son bras gauche, fut remorqué par une corde, suffoqua, éclaboussa, et fut hissé sur le pont.
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Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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