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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier roman de Virginia Woolf paru en 1915, elle avait 33 ans.
Saviez-vous qu'elle avait fait une grave dépression, puis une tentative de suicide ?
Pour enfin, mettre des pierres plein ses poches et se suicider, à l'âge de 59 ans, dans la rivière Ouse coulant à proximité.

Triste fin !

Voici, un microcosme social de la Société Anglaise transplantée en Argentine , où seront préservés leurs bonnes moeurs, leurs frustrations, leur thé.

Ils s'embarqueront sur "l'Euphrosyne" où tangage et roulis, leur feront, à certains, vomir tripes et boyaux au-dessus du bastingage.

Une halte dans une villa , où ils s'occuperont de lecture, musique, commérages et médisances en tous genres.

Le vernis des ces gens, huppés, pour certains, se fendillera quelque peu.

La vie va s'écouler tranquillement comme un fleuve, puis un remous subi, pour revenir aussitôt à un flux plus lent.

Tout comme ces nuages au-dessus de leurs têtes, qui courent pousser par le vent, et se calment tout à coup, dès qu'une éclaircie apparaît et tout semble au repos.

De nombreux personnages, en couple où non et surtout cette jeune Rachel qui va, grandir au milieu d'eux, passer à l'âge adulte, aller de désillusion en désillusion, puis tomber amoureuse de Terence, et enfin, croire au bonheur.

"Et au monde des apparences, peut-on refuser la qualité du réel". (p.11)


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Le premier roman de Virginia Woolf et tout est déjà là.
Précisons que j'ai lu ce roman dans la traduction de Jacques Aubert pour la Pléiade sous le titre "Traversées", en anglais "The voyage out."
D'apparence, ce roman, comme le disait Lytton Strachey, est très très victorien. Une partie substantielle est constituée par la description et la vie d'une petite communauté d'anglais en Amérique du Sud, touristes et semi-résidents, dans un hôtel non loin de la mer. Virginia esquisse leurs histoires, leurs relations mutuelles, leurs pensées, leurs attitudes face à la vie. Certains sont plus consistants que d'autres.
Mais dans la première partie il est question de la traversée de l'Atlantique, depuis Londres, de quelques passagers, dont le personnage principal est une jeune fille, Rachel, accompagnée de son père, le capitaine du navire, de son oncle, de sa tante Helen, et d'un ami du père. Ils sont rejoints à Lisbonne par Mr et Mrs Dalloway, le personnage même du roman éponyme à venir.
L'histoire se centre sur Rachel, jeune fille élevée par des tantes bigotes mais qui montre des qualités qui ne demandent qu'à s'éveiller.
L'on suit Rachel dans sa découverte du couple Dalloway, de la haute société, sous l'oeil maternant de sa tante Helen, puis, après la traversée, de la petite colonie anglaise. En font partie deux jeunes gens pleins de promesses, liés par l'amitié, et dont Rachel se rapproche.
Telle quelle cette histoire peut paraître conventionnelle. Mais l'art de Virginia Woolf est de nous faire pénétrer la vie intime des personnages, avec beaucoup de justesse, sans poncifs, en tâchant de rendre "la vraie vie". Non seulement les paroles échangées, les attitudes, mais aussi les pensées, le flux de conscience. Résultat, un régal de sensibilité et une proximité avec les personnages.
Si l'on y ajoute l'humour subtil et parodique de Virginia, ainsi que son sens de la description de la nature, tout sauf objective, mais au contraire par les yeux des différents personnages et donc révélateur de leurs pensées, on obtient un premier grand roman. Peut-être pas encore le sommet que constitue Mrs Dalloway, mais un roman dont on sort enrichi, et ils ne sont pas si nombreux.
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Premier roman de Virginia Woolf et pour qui connaît son oeuvre et sa vie c'est finalement les sources de ces futurs ouvrages mais également ses sujets de prédilection : l'amour, la mort, l'amitié, les sentiments vrais ou travestis, la société, la création etc....
Une certaine mélancolie plane dans ce voyage dans une premier temps sur un bateau ou nous faisons connaissance avec les protagonistes puis en Amérique du Sud où nombre d'être eux se retrouveront soit dans un hôte ou dans une villa.
A travers le personnage de Rachel comment ne pas retrouver Virginia Woolf avec ses questionnements sur le sens de la vie, du mariage, son amour de la nature, des paysages. Elle y introduit des personnages comme le couple Dalloway qui sera quelques années plus tard son plus plus célèbre roman mais également son combat féminisme, la nécessité de l'indépendance de la femme, ne plus dépendre de quiconque financièrement.
Un roman avec sa tragédie, à la construction plus classique que ses romans postérieurs mais qui esquisse ce qui deviendra le style "Woolf" avec à travers la peinture d'une société corsetée dans ses attitudes son désir de liberté, de faire tomber les masques, de regarder ce qui se cache derrière, de balayer les apparences et de creuser la psychologie de chacun de ses personnages dans lesquels on retrouvera des figures de son entourage.
Un voyage initiatique d'une jeune femme que ce soit a travers les paysages, la découverte du mot "aimer" de sa signification sans toujours en comprendre le sens, le but, la valeur.
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A 24 ans, Rachel Vinrace, une jeune fille passionnée de musique taciturne et solitaire et presque cloîtrée chez ses tantes à Richmond, participe pour la première fois à une croisière en compagnie de son père, de son oncle Ridley Ambrose et de sa tante Helen vers l'Amérique du Sud avec une escale au Portugal où ils rencontrent une certaine Mrs Dalloway et son mari. Cette occasion de découvrir le vaste monde et de sortir de sa bulle intérieure va lui permettre de rencontrer des jeunes gens de son âge, comme Terence Hewet et Saint John Hirst, deux amis libres penseurs, et une foule hétéroclite de personnes dans l'hôtel où ses deux nouvelles connaissances séjournent. Bals, excursions, conversations banales ou secrètes, rien n'est plus éloigné de sa vie d'avant. Cette immersion dans la société édouardienne, où seules les apparences comptent, va lui permettre par contraste de se trouver elle-même, d'explorer sa quête de la vérité avec Terence et Saint-John, et non plus seule, et enfin de quitter la maigre surface des choses pour enfin vivre pleinement, quitte à en payer le prix.

Publié en 1915, son écriture coïncide avec une longue crise de dépression de 1913 à 1915 qui se retrouve peut-être dans le malaise que vit Rachel face à son exploration des émotions, à sa quête de la vérité et du bonheur pour elle-même et pour les autres. Ce roman a quelque chose à voir avec la libération et la guérison autant pour Rachel que pour Virginia Woolf qui sont toutes les deux comme enfermées à l'époque à Richmond, assez éloignées de la capitale pour ne pas pouvoir en vivre la vie mondaine. C'est comme ça en tout cas que j'interprète ce voyage à l'étranger jusqu'à Santa-Marina, une ville fictive en Amérique du Sud, et le titre original du roman presque intraduisible : The Voyage Out, littéralement « le voyage dehors, hors de », voyager pour sortir et s'en sortir.

Mais ce voyage, c'est aussi le besoin de prendre de la distance pour mieux faire la satire de la société édouardienne. Dans l'hôtel de Santa-Marina, la foule de personnages que Rachel rencontre est comme un microcosme de la société anglaise au complet mais mieux représentative parce qu'elle se retrouve dépaysée et donc plus facilement confrontée à ses préjugés sur les autochtones pour mieux les dénoncer. Ils sont comme observés à leur insu, ce qui est véritablement le cas lorsque Rachel et Helen, attirées par les lumières de l'hôtel, jouent les voyeuses en regardant l'assemblée par une des fenêtres lors d'une veillée.

Dans cette satire, la place de la femme dans la société est centrale d'autant plus qu'elle touche au premier chef le personnage principal, Rachel, qui n'a rien du modèle de la femme moderne. Comme dans Nuit et Jour, le féminisme de Virginia Woolf et les diverses revendications féministes comme un accès au droit de vote, à l'éducation ou la dénonciation de la ségrégation des femmes traverse tout le roman soit pour être critiquées, soit pour être défendues. On n'entend pas la voix d'une féministe en tant que telle comme Mary Datchet, la suffragette dans "Nuit et Jour" mais bien des hommes comme la figure du politicien en la personne de Richard Dalloway qui dénonce l'inutilité du droit de vote, chose étrange pour un homme politique.

Toutefois, c'est surtout Terence Hewet, en tant que figure de l'écrivain (et donc plus ou moins double de Virginia Woolf), qui prend la défense des droits des femmes et essaye de gagner Rachel à sa cause.

D'ailleurs, c'est à l'occasion de ce voyage qui prend des airs de voyage initiatique que Rachel va pouvoir sortir de sa condition de femme du XIXème siècle, complètement dévouée à des occupations oisives comme s'adonner fanatiquement à la musique en dédaignant tout autre centre d'intérêt, pour devenir le temps d'un instant une femme moderne, indépendante, vivant pleinement sa vie. C'est d'ailleurs ce que lui propose sa tante Helen en l'invitant à Santa-Marina.

Pour cela, il lui faut une « chambre à soi » où il lui soit permis d'exercer ses pensées, de se cultiver pour mieux affronter le monde au dehors,
« une chambre indépendante du reste de la maison, vaste, intime, un endroit où elle pourrait lire, penser, défier l'univers ; une forteresse et un sanctuaire tout ensemble. A vingt-quatre ans, une chambre représente pour nous tout un monde. »

Ce qui est drôle dans le fait de voir en Rachel une jeune fille du XIXème siècle avant qu'elle ne quitte l'Angleterre, c'est qu'elle avoue lors d'une conversation avec Clarissa Dalloway, qu'on découvre sous un autre angle que dans Mrs Dalloway, c'est qu'elle déteste Jane Austen ! Elle a beaucoup de mal à expliquer clairement pourquoi si ce n'est par une formule énigmatique. Pourtant, comme Jane Austen, Rachel a tout de la jeune fille victorienne qui est enfermée dans un carcan sans pouvoir librement s'épanouir, chose que Jane Austen a su faire à sa manière.

Sa traversée depuis Londres jusqu'à l'Amérique du Sud est aussi une « traversée des apparences » : il révèle à Rachel, d'un naturel crédule, que tout le monde ment, dissimule et plus profondément qu'il est difficile de connaître les autres même en partageant leur intimité, même en multipliant les conversations. Il y a un très beau passage où Rachel et Helen, sa tante, sont raccompagnés à l'aube après un bal jusqu'à chez elles par Terence et Saint John. Ils en profitent pour s'asseoir dans l'herbe, discuter et se raconter aux autres jusqu'à leurs convictions les plus profondes. Après s'être quittés, ils ne se connaissent pas pour autant.

Et plus tard, lors d'un tête-à-tête entre Rachel et Terence qui se rapprochent de plus en plus, l'un et l'autre comprennent chacun de leur coté qu'aucune conversation ne peut être totalement sincère, qu'il y a toujours des pensées, des émotions inavouées qui sont gardées secrètes malgré leur intimité grandissante et que toute relation demeure fragmentaire, toujours limitée, jamais assouvie complètement.

Ce désir de transparence entre eux, de fusion et d'annulation des différences entre cet homme et cette femme, la fin du roman l'offre de la manière la plus inattendue, abrupte et sublime. Cette fin m'a vraiment touchée, presque troublée et je crois que c'est le signe que c'est un grand roman ce qui est extraordinaire pour un premier roman. Même s'il est plus classique dans sa composition que d'autres romans de Virginia Woolf plus connus, il possède une originalité propre et une sensibilité qui ne laisse pas indifférent.



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Si l'on retrouve les thèmes qui marqueront avec force et entêtement l'ensemble de son oeuvre , cette fêlure intérieure , cette mélancolie chronique à la frontière d'un basculement psychotique , cette difficulté d'appréhender les formes du réel et d'y trouver sa place , La traversée des apparences s'enrichit ou s'appauvrit d'une portée moins intériorisée , développant une satire sociale de l'époque , à travers un panel de personnages exprimant qui , la suffisance , la bêtise , le quant à soi , la médiocrité , la vulgarité et tous nos petits vices si tristement banals .
La jeune Rachel traversera ce monde des apparences dans une sorte d'état en apesanteur , réveillée partiellement par un appel à l'amour , retombant dans s léthargie naturelle , bouclier sans nul doute mais pas toujours suffisant face à la violence des attaques de lucidité , éclairs destructeurs .
Comme souvent chez Virginia Woolf , l'eau est omniprésente , pouvoir hypnotique , un appel , un chant des profondeurs , une menace ou l'ultime voyage .
Une lecture bien évidemment attachante , planante par moment , lassante souvent dans cette volonté de sortir de son schéma introspectif et de décrire la vanité du monde , ou d'affirmer ses engagements féministes . du reste ce roman reste encore très classique , et pas vraiment représentatif de l'ensemble de son oeuvre , même si on ne peut qu'être profondément troubler par l'aspect prémonitoire qu'offre cette triste histoire .
Probablement pas la meilleure porte pour appréhender l'univers Woolfien .
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