Voici le deuxième film (série B) sous forme de roman de
Jean Yanaudel, avec cet aspect très visuel sur presque toutes les pages (icônes, symboles, mots en italiques, mots croisés... ) et typique pour Yanaudel. Cela ajoute une dimension à la lecture qui est jolie et fait sourire. Ca fait du bien.
Mais comme il s'agit bien d'un roman, nous pouvons lire ce "film", et si on connait le style de l'auteur on éprouve un grand plaisir à pouvoir se laisser porter par un nouveau récit raconté dans ces mots et ces phrases. Ce sont des mots parfois bizarres, drôles, inconnus, de belles phrases et des (parties de) chapitres qui ne sont jamais trop courts ni trop longs. La lecture est agréable et surprenante.
Surprenant
Surprenante, car même si on retrouve de nombreux éléments du livre précédent,
Sous des cieux vert absinthe est vraiment différent. Malgré l'absurdité abondante et l'ésotérie (le pouvoir des pierres) dont on se moque gentiment, l'histoire est plus sérieuse. Elle parle aussi de problèmes sociaux bien réels. Ces deux mondes, l'absurde et le réel, s'entremêlent et se retrouvent à la fin du livre, ce qui résulte dans un dénouement bizarre et drôle, tout en conservant une grande part de réalisme.
Ados et parents
La dimension sociale du livre se joue dans le monde des adolescents et des problèmes qu'ils connaissent. C'est l'histoire du petit chaos qu'ils connaissent en découvrant un monde plus grand, plus complexe, quand ils apprennent à être indépendants. Leur mal-être parfois, leur vulnérabilité. Ces ados à la recherche d'eux-mêmes et des autres, qui cherchent à pouvoir s'épanouir sans l'aide des parents.
Mais qui dit adolescents, dit aussi parents. Des adultes avec leurs problèmes, des traumatismes ou difficultés qu'ils n'ont pas voulu regrarder en face pour y remédier, mais qui sont simplement devenus leur caractère, et que les enfants subissent ensuite.
L'histoire traite principalement des enfants trop idéalisés par leurs parents, qui sont surprotecteurs en plus.
Parents toxiques
Parmi tous ces parents, il y a un parent toxique, Hector, et il va très, très loin dans la protection de son fils. Comme il s'agit d'un livre de Yanaudel, dans lequel les éléments absurdes, fantastiques aussi abondent, le lecteur pourrait être enclin à qualifier le comportement d'Hector comme absurde également. J'y réfléchirais à deux fois avant d'arriver à cette conclusion. Voici pourquoi :
- Lorsqu'il s'agit de la famille, certaines personnes sont extrêmement sensibles.
- le monde du père s'est effondré. Dans un tel cas, une personne instable peut perdre les pédales.
- Il peut sembler fou que quelqu'un perd la raison parce que son fils a reçu une tarte en pleine figure. Mais si cette personne a un trouble de la personnalité, elle craquera, tôt ou tard. Il faut une raison, une goutte qui fait déborder le vase, et cela peut être n'importe quoi, y compris un gâteau dans le visage d'un fils trop idéalisé et surprotégé.
- La réaction d'une telle personne peut certainement être celle d'un meurtre. Les réactions des malades mentaux sont souvent agressives.
- En Amérique, les gens sortent leurs armes pour moins que ça.
Autres personnages
En ce qui concerne les personnages plus décalés, j'ai énormément aimé Jacques, le voisin cruciverbiste d'Emma et Dan. Je peux facilement le voir devant moi, et malgré son don impossible il a vraiment quelque chose de crédible. Jacques, avec Emma et Dan, forment un trio très drôle.
J'ai aussi beaucoup aimé Julia. Mais Julia n'est pas vraiment un personnage absurde, elle est juste très douée.
Et bien sûr, j'ai été toute contente de retrouver Emma et Dan. Désormais, ils forment un couple bien établi. Ils ont acheté une maison (particulière, avec Jacques comme voisin en plus). Ils vivent heureux, dans le présent, sans se soucier de l'avenir, du passé, des convenances, même pas des trois tuiles qui se baladent librement sur leur toit. Ils connaissent l'amour, le vrai, avec bien sûr leur fétiche sexuel et d'autres expérimentations. Ils m'ont fait penser qu'il faudrait essayer ces ballons de baudruche. C'est peut-être très bien ! 😊
Chaleur humaine
Quand j'ai lu les dernières pages de l'histoire, j'ai été très émue. Malgré les sujets parfois difficiles (ados, parents et leurs relations), le roman se termine avec une bouffée de chaleur humaine qui fait du bien.
C'est un livre plein de sagesse en ce qui concerne les relations familiales, on peut en tirer beaucoup de belles leçons. On reste heureux après cette jolie fin chaleureuse.
Et en prime, on reçoit une belle interview avec Emma.