Petit coup de coeur pour cette romance assez bouleversante. C'est le premier roman que je lis de cette autrice, et j'avais préféré ne lire aucun avis sur celui-ci avant d'en entamer la lecture parce que je suis souvent déçue ensuite. du coup
Chère Ella m'a agréablement surprise.
Chaque chapitre commence par une lettre, indiquant ainsi le point de vue selon lequel il sera narré. Ainsi, lorsque la lettre est adressée à Chaos, le récit qui suit la lettre est racontée selon le point de vue de
Beckett ; et inversement lorsque la lettre est adressée à Ella. C'est donc petit à petit, au fur et mesure que l'histoire présente avance, que nous découvrons la correspondance passée de nos deux personnages. Une bonne manière d'introduire les chapitres, qui en général abordent le même sujet que dans la lettre qu'ils suivent.
Ella et
Beckett sont des personnages forts, que j'ai beaucoup appréciés.
Ella et Ryan ayant perdu leurs parents, c'est leur grand-mère qui les a élevés et, dès qu'il a eu l'âge légal, Ryan est parti pour s'enrôler dans l'armée. Ella s'est mariée très jeune à son
premier amour mais, lorsqu'elle est tombée enceinte, son mari l'a quittée car elle ne voulait pas avorter. C'est donc seule qu'elle élève ses enfants, Maisie et Colt, tout en reprenant l'affaire familiale, un vaste domaine hôtelier à Aspen, après la mort de sa grand-mère, et cela fait bien jaser les habitants alentours. Heureusement elle peut compter sur Larry et Ada, un vieux couple qui travaillait déjà pour sa grand-mère, et Hailey, une jeune femme pétillante qui bosse à l'accueil. À cause de tous ces abandons, Ella ne fait plus confiance aux hommes. Pourtant, à travers leurs lettres, elle devient vite proche de Chaos (alias
Beckett). Et quand, après la mort de Ryan, elle ne reçoit plus aucune nouvelle de son correspondant, c'est à un double deuil qu'elle doit faire face. Cela, ajouté à la maladie de Maisie, la bouleverse au plus haut point, mais elle ne peut se permettre une quelconque faiblesse en les circonstances : elle doit rester forte pour aider sa fille à se battre contre une maladie qui risque de la tuer d'ici les prochains mois. J'ai beaucoup aimé ce personnage, avec ses forces et ses faiblesses, qui essaie à tout prix de garder la face pour sa fille et qui culpabilise de ne pouvoir s'occuper davantage de son fils, qu'elle a l'impression de délaisser à force de faire passer Maisie au premier plan. Tous ces sentiments sont tout à fait crédibles, tout comme ses réactions face à l'arrivée inopinée de ce militaire inconnu venu l'épauler sous la demande de son défunt frère.
Ainsi, lorsque
Beckett débarque, il se retrouve face à une vraie maman ours, une femme courageuse et forte, prête à tout pour sa famille. Et il l'admire pour cela, lui qui a été abandonné par sa mère et sans cesse trimballé dans diverses familles d'accueil. Parce qu'il est persuadé de toujours détruire les gens qui l'approchent,
Beckett est devenu un homme froid et solitaire. Pourtant Ryan, puis Ella, sont parvenus à le toucher, chacun à sa manière. Se sentant responsable de la mort de celui qu'il considérait comme un frère, il a décidé de couper tout contact avec Ella, jusqu'à ce qu'il reçoive les dernières volontés de Ryan, l'incitant à se rendre à Aspen pour veiller sur Ella et ses enfants. Déjà tombé amoureux d'elle à travers leur correspondance, c'est une torture pour lui d'apparaître comme un étranger devant elle, alors si réticente à accepter son aide. Mais
Beckett va lui prouver, petit à petit, qu'il n'est pas comme les autres hommes de sa vie : il ne les quittera pas, ni elle ni ses enfants auxquels il s'attache énormément, sauf si c'est elle qui le lui demande. Encore un personnage que j'ai grandement apprécié, bien qu'il m'ait parfois un peu exaspérée avec sa culpabilité et sa volonté de garder ses secrets plutôt que de tout dire à Ella. Lui qui prône la confiance, on peut dire qu'il va bien se planter.
Leur relation va évoluer sur plusieurs mois, ce n'est pas un coup de foudre (d'autant plus qu'il se connaissaient déjà par lettres), tous deux prennent vraiment le temps de se connaître, s'apprivoiser. Et cela rend leur relation bien plus crédible, surtout au regard de la situation, et bien plus forte.
Ce qui m'a particulièrement plu dans ce roman, c'est que les enfants ne sont pas basculés au second plan. Souvent, quand au moins l'un des personnages principaux a des enfants, on les voit peu, ce qui n'est pas logique : le parent dit toujours faire passer ses enfants avant tout, pourtant on ne le voit quasiment jamais dans son rôle de parent et l'enfant est un peu mis de côté. Ce n'est pas du tout le cas ici : les enfants sont des personnages aussi importants que les deux personnages principaux, on les voit quasiment autant qu'eux. En fait, le roman est très centré sur la maladie de Maisie : c'est un peu comme si elle était le noyau et que l'intrigue et ses personnages évoluaient autour. Et j'ai trouvé cela vraiment très intéressant, bien que parfois assez éprouvant. Les personnages doivent faire face à des épreuves terribles pour des parents, et l'on ne peut que compatir pour eux et espérer que cette famille s'en sortira. Maisie et Colt sont des enfants adorables et très intelligents. Jumeaux, ils sont inséparables, n'ont pas besoin de finir leurs phrases pour se comprendre, savent quand l'autre ne va pas bien, etc. La maladie de Maisie est très dure pour eux, qui doivent alors sans cesse être séparés. Colt se sent coupable de ne pas être tombé malade à la place de sa soeur, tandis que Maisie se sent coupable d'accaparer tout l'attention de sa mère au détriment de son frère. Leur complicité et l'attachement qu'ils éprouvent petit à petit envers
Beckett sont vraiment touchants. Je n'aime pas toujours quand il y a des enfants, mais ceux-là m'ont particulièrement émue.
Il ne s'agit pas d'une comédie, bien qu'il y ait parfois des passages plutôt amusants. J'ai lu cette histoire comme une romance dramatique. On est toujours dans l'émotion, dans l'inquiétude, que ce soit pour la maladie de Maisie, pour les secrets de
Beckett, ou autre. L'autrice joue au yoyo avec nos émotions avec une plume particulièrement bien maîtrisée et agréable à lire. On se laisse aisément emporter par cette histoire terriblement touchante.
Je reproche cependant à ce roman sa fin : quel besoin y avait-il de faire une fin pareille ? Comme si, tout au long de l'histoire, il n'y avait pas déjà assez de drames, il a fallu qu'elle en balance une grosse couche à la fin. Et c'est juste... terrible... et cruel. Je n'ai pas vraiment été convaincue par cette fin, c'était pour moi le drame de trop, je n'en ai franchement pas vu la nécessité. Et l'épilogue qui clôt le roman m'a paru plutôt fade, en comparaison avec tout ce qui le précède. C'est ce qui fait que cette romance est un simple petit coup de coeur pour moi, et pas davantage.
En bref...
Chère Ella est une romance assez bouleversante qui aborde des thématiques sérieuses telles que le deuil, la maladie, la famille, la confiance en l'autre. Les personnages sont bien traités, tant dans leurs forces que dans leurs faiblesses, aussi bien les adultes que les enfants, qui ont une place importante dans l'histoire. Les relations entre les différents personnages évoluent de manière tout à fait crédible et touchante. L'intrigue, quant à elle, est bien menée, bien que particulièrement dramatique. En effet,
Rebecca Yarros joue avec nos émotions comme avec un yoyo, et ce avec un style agréable et bien maîtrisé. Malheureusement à vouloir trop jouer on peut finir par (se) perdre : la fin connaît le drame de trop, qui n'était pas spécialement nécessaire pour clore cette histoire déjà bien assez riche en émotions.
Un roman que je recommande chaudement, mais à ne pas lire si vous n'avez déjà pas le moral.
Lien :
https://escape-in-books.blog..