A peine terminé le tome 1 que je me suis lancée sur sa suite. C'est toujours aussi sympathique notamment grâce à toutes les émotions engendrées par les histoires de famille de Mikako. J'ai adoré !
On ressent vraiment plein de choses en germe dans Gokinjo qui éclateront ensuite dans les oeuvres suivantes de l'autrice (Paradise Kiss et Nana) mais déjà
Ai Yazawa a su créer un univers rien qu'à elle où elle ne se gêne pas pour faire des petits clins d'oeil à ses autres oeuvres (Marine Blue, Je ne suis pas un ange) citant des personnages, les faisant intervenir en caméo. C'est vraiment savoureux et ça donne une teinte toute particulière à la lecture quand on est fan de l'autrice.
Mais pour en revenir à Gokinjo, ce tome m'a encore plus chamboulée que le précédent. Encore plus centré sur les émotions des personnages, c'est un tome plus de drames qui nous attend, mais pour autant c'est vraiment fait avec subtilité et sensibilité contrairement à d'autres titres moins travaillés. En effet, l'autrice s'attarde vraiment à la fois sur l'ambiance si particulière qu'elle a créée et dont je parlais déjà pour le tome 1, et sur ses personnages qu'elle bichonne.
Le premier personnage qui est mis sur le devant de la scène, c'est bien sûr Mikako. Il y a d'abord ses sentiments compliqués envers Tsutomu, son ami d'enfance, qui éclatent enfin tant elle n'en peut plus de les garder pour elle, le temps d'une scène d'une rare tendresse où on voit combien leur relation est fusionnelle également. Puis intervient ensuite la raison de son trauma : le divorce de ses parents. Ce n'est pas une chose toujours bien abordée dans les mangas. On passe souvent trop vite dessus ou alors c'est surjoué. Ici, même s'il y a un petit côté rocambolesque dans la forme avec ce père photographe et cette mère mangaka aux personnalités excentriques - ce qui est un peu la touche de fabrique de la série - , l'ensemble sonne très juste, au point que j'ai versé plus d'une larme sur ses chapitres. J'ai vraiment été touchée par la détresse de cette jeune fille qui n'arrivait pas à communiquer sa tristesse de peur de blesser les autres et qui préférait se laisser ronger par celle-ci. Cependant à force de tout concentrer ainsi sur Mikako, l'autrice en oublie un peu trop Tsutomu pour le moment qui n'est vu que comme le petit ami sur qui on peut toujours compter. Il va falloir changer ça.
D'ailleurs
Ai Yazawa sait aussi développer les personnages masculins avec brio. Elle le montre avec tragique triangle amoureux : Mariko - Yusuke - Ayumi, qu'on voit naître dans ce tome. Eux aussi, comme l'ensemble des personnages sont à fleur de peau avec des sentiments complexes et compliqués qu'ils ne parviennent pas bien à gérer ce qui leur fait blesser les autres sans le vouloir. Même si on pourrait parfois les détester à cause de leur égoïsme, leur côté changeant ou la peine qu'ils causent, je les adore tous les trois. Mariko me touche énormément derrière son masque de poupée. Yusuke est d'une maladresse désarmante dans cet amour qu'il n'arrive pas à s'empêcher d'éprouver. Et Ayumi est la triste spectatrice de tout ça, en mode "amour sans retour", adorablement touchante.
Ai Yazawa capte comme rarement l'a fait une mangaka cette valse hésitante et maladroite des sentiments. On sent qu'ils vivent tous tout à fond en étant sur la brèche et c'est magique.
Malheureusement en mettant autant d'énergie dans ses personnages, ce que je ne peux pas lui reprocher tant elle me fait vibrer, l'autrice en oublie parfois le cadre de son histoire qui est pourtant tout aussi attrayant. En effet, notre bande de copains se lancent avec leur asso dans la vente de leur création. J'aime beaucoup les pages qui développent ce projet, en montrant toute la difficulté. D'abord ce sont encore des ados alors leur humeur fait pas mal varier les choses et leurs relations peuvent compliquer le projet. Ensuite, ils sont encore inexpérimentés et ont besoin qu'on les guide, à l'image de Mikako qui n'a pas pensé aux clients à qui elle veut vendre ses produits. Il y a donc plein de petites choses très concrètes à apprendre de cette expérience, qui fait un excellent cadre de fond aux histoires principales de chacun.
Avec ce deuxième tome, j'ai encore plus vibré pour les aventures de nos héros artistes dont décidément les sentiments collent à la peau, les emportant dans des drames qui m'ont parfois bouleversée. Ce sont certes des drames du quotidien : la jalousie, la perte d'un parent, un amour non retourné... , mais ce n'est pas pour autant que ça ne nous touche pas au plus profond de nous et l'autrice le démontre avec virtuosité !
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