C'est donc plutôt dans ce deuxième tome que commence vraiment l'histoire de nos deux Nana comme le suggère la couverture. En effet, je n'en avais pas parlé, mais l'autrice propose un très joli jeu qui avait déjà commencé la dernière fois, où elle met en scène la vie quotidienne commune de nos deux héroïnes comme le temps d'une frise temporelle qui se déroule sous nos yeux et montre la chaleur de leur amitié.
Il y a aussi d'entrée, un jeu entre l'autrice et nous lecteurs, pour nous rendre plus proche de la narratrice, c'est-à-dire Hachi (la première Nana), avec ces chapitres qui commencent toujours par : "Dis, Nana". Ça n'a l'air de rien et pourtant, c'est ce qui fera tout le charme de la série à partir de ce moment-là.
Les deux Nana montent à Tokyo chacune pour accomplir son rêve et font connaissance comme guidées par le destin. le côté très dépendant et en perpétuelle recherche d'amour de la première Nana s'accorde à merveille avec celui beaucoup plus indépendant et solitaire de la seconde Nana. Alors de suite, ça colle à merveille entre elle. L'autrice joue sur les opposés qui s'attirent en quelque sorte pour commencer à tisser ce qui sera une très belle relation.
Cependant, pour le moment, pour le lecteur, on est plus sur un mélange de registre comique et de tranche de vie. Un registre comique dû à la très grande naïveté un brin agaçante d'Hachi et un registre tranche de vie car on assiste à leur arrivée à Tokyo, leur emménagement ensemble et tout ce que cela englobe.
D'ailleurs, Nana c'est aussi le manga d'une génération à qui l'autrice a permis de voir ce que c'était la vie de jeunes adultes ou jeunes étudiants à Tokyo. Les déboires personnels et sentimentaux des deux Nana, enfin surtout d'Hachi pour le moment, pouvaient faire écho à ceux des lecteurs. C'est l'une des grandes forces du titre. Hachi semble tellement banale dans sa dépendance à l'amour, sa dépendance à l'amitié, sa dépendance aux autres pour tout. On écoute avec le sourire ses grands discours sur son envie d'indépendance, de travail, de vie d'adulte, en sentant bien que c'est comme ça qu'on parle quand on est jeune et qu'on n'y connait rien à la vie. C'est tendre et amusant.
Cependant derrière cet aspect gentil et légèrement comique qu'on lui doit (j'adore ses délires avec le "Roi des démons"), Nana a aussi une dimension plus sérieuse. le portrait qu'elle fait des amours à distance, de la vie à deux quand on est jeune, de la recherche de petits boulots ou d'appartement, tout ça sonne juste.
Et malgré le côté surréaliste de la vie de rockeuse de l'autre Nana, c'est encore plus avec celle-ci qu'on va sentir ce sérieux, je trouve. Ainsi le fait de la voir autant en retrait, à l'écoute, sans se livrer dénote de quelque chose de plus profond, de plus dramatique, qui monte peu à peu au fil des chapitres. L'autrice nous prépare à un drame annoncé, on le sent bien avec ces "Dis, Nana" et cette peur coincée dans sa gorge d'aborder son passé, son groupe et Ren.
Ainsi, c'est pour moi vraiment ici que mon histoire avec les Nana a démarré, une histoire au début drôle et légère mais qui peu à peu va devenir belle, profonde et terriblement émouvant, évoluant aussi au rythme de leur propre relation qui va s'approfondir au fil des chapitres.
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