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Citations sur La guerre des jours lointains (20)

Il réfléchissait souvent aux procès des criminels de guerre. Un procès est d'abord une stricte application de la loi, qui doit aboutir à un verdict impartial, mais dans les procès des crimes de guerre, sensiblement influencés par la situation internationale, les différences dans la lourdeur ou la légèreté des peines infligées avaient été importantes, et de plus, elles avaient été rapidement commuées. La loi qui aurait dû se trouver à la base de ces procès n'existait donc pas, et les jugements avaient été prononcés au gré de l'humeur des juges. Takuya ... sentait que les procès des criminels de guerre s'apparentaient davantage à un lynchage qu'à un jugement.
p. 277
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[...] Takuya avait imaginé la silhouette de l'homme à l'intérieur de son bombardier, en train de se balancer sur un rythme de jazz. L'ennemi était inexcusable. Il fallait lui enlever la vie en contrepartie de ses nombreuses victimes.
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Il regrettait même, lorsque que le lieutenant du service juridique lui avait demandé d'envoyer deux sergents-majors sous ses ordres pour l'exécution, d'avoir dit qu'il y allait aussi et d'y avoir participé. Il pensait alors que l'exécution des hommes d'équipage des B 29 était normale parce qu'il était en colère, l'armée américaine n'ayant cessé de lâcher des bombes incendiaires sur les villes et ayant eu recours à la bombe atomique par deux fois. Mais depuis la fin de la guerre, dans les organes d'information tels que les journaux, ou les magazines, on ne remarquait aucune critique concernant les bombardements ayant entraîné des morts et des blessés parmi les civils. Peut-être était-ce un effet de la censure exercée par le grand quartier général des forces alliées, mais les gens en général n'en parlaient pas non plus. Les femmes offraient leur corps aux soldats américains pour obtenir de l'argent et des cadeaux, les enfants les importunaient pour qu'ils donnent des confiseries, et les hommes s'efforçaient de se faire céder des biens matériels pour en tirer du profit. Les maisons brûlées et les pertes humaines avaient complètement disparu de leur esprit, et ils ne semblaient pas garder une once de douleur à cause de cela.
Takuya se rendait compte qu'au milieu de tout cela, sa colère finissait également par s'estomper...
p. 238
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[Les journaux] relatèrent aussi le contenu de la déposition de Hideki Tojo, l'ancien premier ministre, répondant aux questions concernant l'exécution des aviateurs américains qui avaient participé au premier bombardement sur Tokyo le 18 avril 1942. Insistant sur le fait que lui-même était entièrement responsable, Tojo déclarait que ce bombardement constituait un acte contrevenant aux lois internationales dans la mesure où il visait le massacre des populations civiles, y compris les écoliers, et qu'il avait aussitôt donné son autorisation lorsque le chef d'état-major, l'ancien maréchal Gen Sugiyama, lui avait demandé s'il pouvait exécuter les hommes d'équipage capturés. Il protestait ensuite en expliquant que c'était l'habitude dans l'ancienne armée que les subordonnés exécutent les hommes d'équipage capturés sous les ordres de leurs supérieurs, et qu'il n'était pas juste que ce soit considéré comme une faute. Mais en réalité, un grand nombre de soldats, de sous-officiers ou d'officiers supérieurs en relation avec les exécutions avaient été pendus. Takuya pensa que cette déclaration de Tojo n'aurait aucune retombée sur lui.
p. 205
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Il lui arrivait de se rappeler le nom apparemment féminin qui s’était échappé de la bouche de l’aviateur qu’il avait décapité. Il revoyait aussi l’instant où il avait posé son sabre militaire sur son cou, et le mouvement de ses genoux qui s’étaient repliés violemment. Chaque fois, il perdait son calme, mais alors il prenait discrètement dans son havresac son arme enveloppée dans un tissu, qu’il fourbissait à l’abri des décombres. S’il était pris, il devrait passer devant le tribunal, écouter la entende de mort, être traîné jusqu’à la potence. Imaginant ainsi les heures douloureuses qu’il lui faudrait traverser, il pensait qu’il vaudrait mieux pour lui se supprimer avec son pistolet. Les soldats américains qu’ils avaient décapités n’avaient pas tous tremblé, et il ne savait pas s’il serait capable d’adopter la même attitude.
p175
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Au coin, Takuya s'arrêta, surpris par la couleur des fleurs. Le bâtiment en bois à un étage de l'ancien quartier général se dressait en haut du chemin qui montait doucement, tandis que les alentours disparaissaient sous les fleurs des cerisiers. Alors qu'il venait de traverser le champ de ruines desseché, ces fleurs de cerisier recouvrant la colline constituaient un spectacle étrange à ses yeux. Ainsi noyé sous les fleurs, le bâtiment, qui avait perdu son air sinistre, lui apparaissait comme une élégante construction occidentale. La colline toute entière lui semblait épargnée par le cours du temps.

Actes Sud, page 13
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[...] ... Dans l'après-midi, un message du grand quartier général impérial arriva dans la salle des opérations militaires, qui apprit à Takuya et à ses hommes l'origine de cet étrange choc qu'ils avaient ressenti le matin. A 8 h 15, une bombe d'une nature inconnue avait été larguée d'un des deux B 29 qui s'étaient introduits dans le ciel au-dessus de Hiroshima après avoir suivi vers l'ouest le détroit de Bungo, provoquant des dégâts considérables, il fallait donc redoubler de vigilance.

Au quartier général de l'armée de l'ouest, on essaya d'établir un contact téléphonique avec l'armée du centre, sous l'autorité de laquelle était placée Hiroshima, mais ce fut impossible, et dans un nouveau message, le grand quartier général impérial annonça que la ville avait été totalement anéantie et qu'il y avait d'innombrables morts. A l'idée qu'à Fukuoka, distante de plus de deux mille kilomètres de Hiroshima, on avait entendu le bruit et ressenti l'onde de choc de l'explosion, Takuya et ses hommes comprirent que cette bombe devait être dotée d'une puissance de destruction extraordinaire.

Par la suite, les informations concernant cette bombe particulière se succédèrent, relatant qu'après sa chute, elle avait éclaté dans un éclair aveuglant, en s'ouvrant comme un parachute, tandis qu'une colonne de fumée blanche et légèrement jaunâtre s'élevait dans le ciel jusqu'à dix ou vingt-mille mètres. ... [...]
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[...] Il avait souvent entendu dire que telle ou telle ville avait été détruite par les bombes incendiaires, mais le spectacle horrible auquel il était confronté dépassait de loin tout ce qu'il aurait pu imaginer. Les flammes innombrables se pressaient en une immense déferlante en pleine tempête sur une mer démontée. Son visage était chaud comme s'il avait été brûlé.
La fumée qui arrivait lui faisait mal aux yeux. Il n'y avait ni installations militaires, ni usines d'armements en ville, l'escadron de B-29 avait largué ses bombes incendiaires avant de repartir en sens inverse dans l'unique but de réduire en cendres les habitations et de massacrer les habitants. Il réalisa que la scène qu'il avait sous les yeux s'était répétée dans un certains nombre de villes de toutes les régions du Japon, précipitant de nombreux civils dans la mort.
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Il réfléchissait souvent aux procès des criminels de guerre. Un procès est d'abord une stricte application de la loi, qui doit aboutir à un verdict impartial, mais dans les procès des crimes de guerre, sensiblement influencés par la situation internationale, les différences dans la lourdeur ou la légèreté des peines infligées avaient été importantes, et de plus, elles avaient été rapidement commuées. La loi qui aurait dû se trouver à la base de ces procès n'existait donc pas et les jugements avaient été prononcés au gré de l'humeur des juges. Takuya pensait que c'était une chance que beaucoup de condamnés aient échappé à la pendaison et que lui-même ait vu sa peine commuée en un emprisonnement limité dans le temps, mais il sentait que les procès des criminels de guerre s'apparentaient davantage à un lynchage qu'à un jugement.
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[...] ... Le 9 juin, Takuya apprit par un officier d'état-major de son bureau que huit prisonniers étaient déjà morts. Il s'agissait de ceux qui avaient été transférés en quatre fois du quartier général à la faculté de médecine de l'université impériale de Kyushu.

On lui avait dit que les deux premiers prisonniers, celui qui avait été blessé d'un coup de fusil de chasse et l'autre, qui avait des problèmes digestifs, avaient été conduits à la faculté de médecine pour y recevoir des soins, mais en réalité c'était une sorte de condamnation à mort. Le colonel Tahara, officier d'état-major en charge des opérations militaires, et l'aspirant Haruki, médecin militaire, les y avaient envoyés, ayant eu l'idée de profiter des prisonniers dont la condamnation à mort était prévisible pour effectuer des recherches sur le plan médical, à la requête paraît-il du professeur Iwase du service de chirurgie de la faculté de médecine.

Anesthésiés à l'éther, les deux prisonniers avaient été transportés dans la salle d'anatomie et placés chacun sur une table de dissection. Le professeur Iwase avait tenté de pratiquer l'ablation d'un lobe pulmonaire , mais les prisonniers étaient mort d'hémorragie due aux artères sectionnées. Par la suite, six autres prisonniers avaient été à nouveau envoyés deux par deux en salle de dissection, où on leur avait fait subir une ablation du foie, de l'estomac et de la vésicule biliaire, une opération au cerveau ou encore des injections artérielles d'eau de mer purifiée, et ils en étaient morts. On disait que le colonel Tahara et le médecin militaire Haruki avaient assisté à ces opérations expérimentales. ... [...]
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