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Amis lecteurs amateurs de romans primesautiers, de bluettes sentimentales ou de comédies légères,… passez votre chemin ! La guerre des jours lointains est un roman sombre qui parle de guerre, comme son nom l'indique, mais aussi de culpabilité et d'honneur, un roman grave.
Au lendemain de la capitulation de l'empereur, les héros d'hier, les valeureux officiers nippons imprégnés de l'honneur de servir leur pays, se retrouvent tout à coup catalogués « criminels de guerre ». Sous prétexte qu'ils n'ont pas hésité à décapiter les aviateurs américains prisonniers, les mêmes que ceux qui avaient largué leurs bombes sur Hiroshima et Nagasaki, les voici traqués par l'armée d'occupation américaine et condamnés à la pendaison.
C'est en substance ce qui arrive à Takura Kiyohara, obligé de fuir et de se cacher après qu'il a sur ordre exécuté un aviateur américain prisonnier de son régiment.
Dans un Japon exsangue dont les ressources ont été épuisées par la guerre, la famine fait rage, les habitants souffrent, les anciens officiers se cachent, désavoués par leur hiérarchie, et Takuya espère échapper à ses poursuivants.
C'est tout le thème de la culpabilité en temps de guerre qui est ici soulevé : est-il plus grave d'exécuter des officiers coupables de crimes ou de massacrer des populations civiles, des femmes et des enfants… ?
Il n'est pas question dans ce livre d'une préséance dans l'atrocité : l'auteur décrit et analyse de façon clinique les faits et gestes des belligérants, et livre une réflexion froide et détachée sur le crime en temps de guerre ainsi qu' une description saisissante d'un pays exsangue qui n'en peut plus.
La guerre est en général racontée par les vainqueurs et prend un autre sens lorsqu'elle est racontée par les vaincus.
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je n'ai jamais réussi à dépasser le chapitre 1...
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Lorsque vous commencez un roman d'Akira Yoshimura, dites vous bien qu'au moins dix-sept de vos muscles observeront un repos complet de quelques heures : vos zygomatiques et leurs proches compagnons vont faire relâche…

« le convoi de l'eau » et « Liberté conditionnelle » m'avaient déjà permis de côtoyer l'univers très sombre de cet écrivain disparu en 2006. Ces deux livres ont en commun le meurtre d'une femme adultère : la première a le crâne fracassé à coups de bûche et la seconde est poignardée avec un grand couteau de cuisine.
C'est également par un fait sanglant à l'initiative du personnage principal que débute « La guerre des jours lointains ». La victime cette fois est un soldat américain, prisonnier de guerre de l'armée japonaise, décapité au sabre.

Officier responsable de la coordination des informations de la zone aérienne de défense, Takuya Kiyohara est basé dans un bunker de la banlieue de Fukuoka, ville située à la pointe nord de l'île de Kyūshū . Sur un écran il a une vue synthétique des centaines d'avions ennemis qui survolent quotidiennement le territoire national. Nous sommes en 1945 et les bombardiers américains pilonnent sans relâche les principales villes du pays.
Les 6 et 9 août, Il scrute impuissant les lampes rouges qui marquent la progression des B 29 jusqu'à Hiroshima et Nagasaki.
Traumatisé par la capitulation du Japon le 15 août et par les centaines de milliers de victimes civiles, Takuya se porte volontaire pour l'exécution d'un des aviateurs américains récemment capturés et dont le haut-commandement a ordonné la mise à mort.

Quelques semaines plus tard, ses supérieurs nient devant les services de renseignements américains avoir donné un tel ordre et Takuya devient, aux yeux des forces d'occupation, un criminel de guerre. Il est activement recherché et sait qu'en cas d'arrestation il n'échappera pas à la pendaison.
Commence alors la fuite désespérée de l'ancien officier à travers un pays détruit où une grande partie de la population souffre d'inanition et subit apeurée l'arrogance des vainqueurs.

Avec une fluidité d'écriture très agréable, Yoshimura relate le parcours tragique de ce jeune homme, victime collatérale d'une horreur qui le dépasse.
L'écrivain arrive par petites touches à rendre le fugitif attachant. le lecteur, captivé au fil des chapitres par un suspense allant crescendo, espère de plus en plus voir le pauvre Takuya sortir de cette impasse effrayante.

La dernière page de ce roman haletant permettra-t-elle au lecteur d'esquisser enfin un sourire ? Avec Akira Yoshimura, rien n'est moins sûr !
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Ce roman débute à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Takuya, ancien officier dans la défense anti-aérienne se rend au quartier général à la demande d'un lieutenant. La carte qu'il lui a envoyée, quelques mots à peine, ne laisse rien présager de bon. Et effectivement, Shirasaka lui annonce que les Américains traquent sans relâche les criminels de guerre et qu'il doit fuir au plus vite sans quoi c'est la pendaison qui l'attend. Takuya a en effet participé à la décapitation au sabre de pilotes ayant bombardé les régions habitées par des civils...
L'officier ne peut plus compter que sur lui-même et traverse un Japon en ruines sous l'oppression de MacCarthur.

L'écriture est belle, poétique. La vision de la guerre vue par les militaires japonais, la surprise de ces bombes d'un caractère "nouveau", la réalité de la vie après guerre, la question des crimes de guerre : ces thématiques sont autant de raisons pour lesquelles j'ai trouvé ce livre passionnant.
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Toi hi no senso
Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle

Hou ! là, c'est du lourd ! Ami lecteur, il te faudra t'accrocher fort, très, très fort même, si tu ne veux pas renoncer dès le deuxième ou troisième chapitre. Là, peut-être auras-tu l'impression d'avoir réussi un improbable marathon mais au moins auras-tu fait connaissance avec l'univers, sans complaisance et sans humour, de Yoshimura Akira. Cela ne signifie pas pour autant que tu seras tenté de le relire mais sait-on jamais ? ...

Quand il parut, à la fin des années soixante-dix, "La Guerre des Jours Lointains" fit un certain bruit dans le monde littéraire japonais parce que, pour la première fois, un auteur reconnu évoquait les crimes de guerre commis par l'armée nippone. le discours de Yoshimura vise à se montrer aussi précis que possible : à quel moment l'exécution de prisonniers devient-elle un crime ? si aucun officier ne donne d'ordre formel ? s'il en donne après un bombardement ennemi ? si l'exécuteur obéit à un sentiment personnel comme la colère ou le sadisme ? mais, s'il reste neutre en se contentant d'obéir à l'ordre donné, cela change-t-il quelque chose ? doit-il se sentir coupable ? doit-il se sentir fier ? doit-il ...

Pour illustrer ce propos aussi vaste que délicat et qu'il maintient tout de même dans la sphère des prisonniers exclusivement militaires, l'auteur nous fait partager la longue fuite de l'ex-officier Takuya Kiyohara. Certes, celui-ci fait preuve d'introspection - retourner tout ça dans sa tête, on parierait volontiers qu'il le fait même en rêve - mais d'où vient alors que le lecteur a tant de mal à s'attacher à son errance ? Ce n'est pas parce qu'on le trouve répugnant ou indigne, non. A réfléchir honnêtement, Takuya a agi en soldat et non en sadique. Evidemment, en tant que soldat japonais, il a usé du sabre traditionnel pou décapiter le soldat américain mais il n'a cherché en rien à ajouter à la souffrance de celui-ci en le torturant de quelque manière que ce soit. Qu'on le veuille ou non, l'ancien officier est un homme droit, et même rigide. Et c'est pour finir parce qu'on ne parvient pas, en dépit de tout, à percer la carapace qui est la sienne, cette tentation de s'absorber dans le silence, de se mettre en marge d'un univers qui, après tout, l'a laissé tomber après la défaite, qu'on considère ses états d'âme avec une relative indifférence.

Pour couronner le tout, le style de Yoshimura, à une précision quasi chirurgicale, ajoute une obsession du détail qui frise la grande névrose. Avant lui, j'ignorais comment, à la fin des années quarante, on fabriquait les allumettes ; mais maintenant, après avoir lu je ne sais plus combien de pages sur la question, je vous assure que je sais ! Et que vient faire la fabrication des allumettes dans cette histoire ? vous demanderez-vous sans doute. Eh ! bien, quand on vient l'arrêter, Takuya travaille depuis déjà quelques années dans une petite fabrique, voilà, voilà.

Que dire en conclusion ? Qu'il y a peu de dialogues et beaucoup de silences, que la note sentimentale est inexistante et que les personnages semblent souvent agir comme des marionnettes trop raides. A part cela, c'est vrai que les questions posées et les réponses éventuelles - que l'auteur ne présente jamais comme des vérités indiscutables, d'ailleurs - sont des plus intéressantes. Donc, à vous de voir. Je vous avouerai que, malgré tout le mal que j'ai eu à aller ici jusqu'au bout, je relirai certainement Yoshimura. Et comme je ne crois pas être plus maso que la moyenne, je pense que "La Guerre des Jours Lointains" signifie par conséquent quelque chose pour mon inconscient de lectrice boulimique. Mais quoi ? Pour l'instant, je ne l'ai peut-être pas encore compris ...
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C'est l'histoire d'une fin de guerre. Nous sommes au Japon, en 1945. Takuya est militaire. Il est coordinateur des informations liées à la surveillance aérienne. Il passe ses journées à scruter ses écrans de contrôle. Parmi les nuées d'avions américains qui obscurcissent le ciel, des bombardiers sont abattus. Les soldats sont faits prisonniers. Premier choc culturel pour Takuya qui rencontre ses ennemis.

Sur ses écrans, deux points minuscules apparaissent. Ce sont des B29 qui transportent LA bombe au-dessus d'Hiroshima et de Nagasaki.

L'empereur du Japon annonce la capitulation du pays. Dans l'urgence, la décision tombe : les prisonniers américains seront exécutés. Takuya, rongé par la haine, se porte volontaire et commet ce que les tribunaux d'occupation qualifieront de crime de guerre.

Il sera alors obligé de fuir dans un Japon d'immédiate après-guerre plongé dans l'abattement, la misère et l'humiliation.

Superbement bien écrit, c'est une photographie de l'intérieur d'un pays vaincu. Famine, maladie, pauvreté, de nombreux fléaux balayent ce Japon que se pensait invincible. L'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Pour une fois, le lecteur peut passer de l'autre côté.

N'excusant ni n'accablant aucun camp, Akira Yoshimura raconte cette courte période entre l'effondrement d'une nation, de son peuple et sa renaissance. La fuite en avant de Takuya nous emmène au plus profond de l'âme japonaise, de sa survie, de ses forces et de ses faiblesses. de cette âme à jamais marquée par deux journées d'août 1945 où le ciel a pris feu.
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A lire davantage comme un roman mémorial qu'un roman cathartique. Comme d'autres l'ont déjà dit, le style qui ressort de ce livre est chirurgical (donc on connaît chaque mouvement aérien des américains et chaque frappe) mais aussi froid.
Écrire sur une telle période demande toujours de la distance, il faut donc en tenir compte si on veut se lancer dans cette lecture. Cela ne va pas dire pour autant qu'on ne ressent aucune émotion à la lecture, attention !
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Fin 1945, au lendemain de la reddition de l'Empereur du Pays du Soleil Levant : les cendres des villes japonaises pilonnées pendant plus d'un an par les américains sont encore tièdes, l'écho des deux bombes atomiques résonne encore.
À peine descendus de leurs bombardiers B-29 dans lesquels ils écoutaient du jazz en rasant les plus grandes villes de l'archipel et décimant les populations civiles, les américains entament une série de procès contre les "criminels de guerre" japonais.
Les gradés se suicident à la chaîne pour échapper à la honte d'une arrestation par les vainqueurs arrogants.
Ancien officier de la défense anti-aérienne, Takuya vient d'être démobilisé. Lui-même a décapité, sur ordre, un aviateur US tombé de son bombardier.
Soucieux d'échapper à une condamnation (et certainement à une pendaison), il abandonne maison et famille et prend la fuite à travers le pays ravagé, en proie à la famine.
De son écriture minimale et distanciée, Akira Ysohimura décortique avec une précision chirurgicale les absurdités de la guerre et les états d'âme de la population japonaise, l'arrogance des vainqueurs et l'humiliation des vaincus.
Derrière sa prose d'apparence lisse et mesurée, on devine les failles laissées par ces terribles événements.
Mais Akira Yoshimura est trop fin pour se contenter de fustiger l'arrogance des armées d'occupation. Ce n'est pas son but et il ne défend pas de thèse : dans le même chapitre où il se demande si les américains considéraient les japonais vraiment comme des êtres humains pour oser ces bombardements massifs, il rapporte le sort réservé aux malheureux parachutés, jusqu'à la vivisection pratiquée par les médecins militaires nippons curieux de découvrir les secrets de ces grands gaillards blonds.
Chacun lira donc ces pages avec ses propres yeux, qui ne sont pas japonais.
Même la relecture (on avait découvert cette Guerre des jours lointains, il y a quatre ans) semble apporter un éclairage encore différent.
Pour notre part, on y a redécouvert l'ingéniosité des militaires américains, toujours prompts à inventer de nouvelles stratégies guerrières quelque soit l'époque et le lieu : après les premiers essais à Dresde et Hambourg, le Japon eut droit à l'extermination massive de ses villes et de sa population civile, jusqu'à la solution finale avec Little Boy et Fat Man.
Poursuivi par ces horreurs et la crainte de la police militaire, Takuya parcourt son pays ravagé, en plein désarroi, en pleine famine aussi puisque même le riz est devenu une denrée rare.
Dans cet ouvrage tout comme dans Naufrages, Akira Yoshimura démontre encore une fois sa maîtrise d'une langue sobre et sèche qui convient parfaitement à cette histoire sombre, aux relents de fin du monde.
Yoshimura a rédigé là un devoir de mémoire : ce qui doit être dit (et écrit) avant d'autoriser l'oubli.
Un livre où l'on découvre la guerre du côté des perdants.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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La littérature japonaise contemporaine est souvent l'expression de la trace indélébile du dernier conflit mondial et notamment des 6 et 9 août 1945. YOSHIMURA ne fait pas exception, toutefois sa Guerre des jours lointains, au-delà d'une longue description des bombardements américains jusqu'à la reddition nippone, pose de nombreuses questions.
Elle pose la question de la culpabilité. Elle pose la question de la proportionnalité d'un acte meurtrier : vit-on mieux, est-il plus grave de tuer consciemment, de ses mains, un homme ou de larguer aveuglement des bombes qui en tuent plusieurs centaines à la fois ?
La fuite du héros jusqu'à son jugement et sa sortie de prison ne font pas l'objet d'émotion outrancière, c'est toute la force de l'ouvrage, une certaine distance, même du héros vis à vis de lui-même.
Assez noir, ce roman laisse planer l'espoir par une végétation renaissante. Il montre aussi la rapidité avec laquelle l'Homme oublie et passe à autre chose. Les nouvelles habitudes de vie des Japonais de par l'occupation américaine est symptomatique, parfois même douloureux. La description d'un Japon d'après guerre est utile pour des occidentaux qui connaissent mal l'Asie.
Ce roman donne une vision sobre et franche du Japon et souligne également que quel que soit le camp auquel on appartient, la guerre ne finit jamais vraiment tant son souvenir est prégnant. Un beau roman.
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