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4,15

sur 1552 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Marguerite Yourcenar écrit dans ses "carnets de notes" sur "L'Oeuvre au noir" ces mots précieux qui servent à éclairer le lecteur sur le but qu'elle s'est fixé à travers la rédaction de son roman : "Le corps, l'âme, et l'esprit, imbriqués ; bien plus, formes différentes prises par une seule substance vivante [...]". C'est via la biographie fictive du dénommé Zénon, bâtard d'une riche héritière flamande et d'un aventurier italien dont la carrière oscille entre clergé, armée et diplomatie, que l'auteur va livrer au lecteur sa propre fascination pour l'Homme, dans son universalité.

Nous sommes au XVIème siècle, en Europe. Période charnière entre deux ères, nommées par les historiens Moyen-Âge et Temps Modernes. Zénon, en rejet des Ordres auxquels on le destinait, est attiré par la mécanique, les sciences, la médecine, la chirurgie, l'alchimie, la philosophie et tout autre domaine offrant la perspective de découvertes et d'étapes nouvelles sur le chemin de la connaissance que la frileuse Humanité se doit de franchir. Période charnière également dans le domaine des technologies depuis que certain génie italien s'est mis à dessiner des machines volantes, et dans celui de la spiritualité où la Réforme s'amorce et crée les premiers troubles dans les âmes. L'obscurantisme médiéval a certes reculé mais les idées nouvelles ne sont pas toujours claires pour le quidam. Sur l'échiquier politique, la suprématie des empereurs Habsbourg sur l'Europe assujettit les peuples au nord comme au sud...

Marguerite Yourcenar, dont la plume est, de mon point de vue, tout à la fois d'une complexité et d'une beauté effrayantes, entraîne ainsi le lecteur dans l'existence de cet être atypique qu'elle a choisi pour cobaye afin de disséquer cette trinité qui se réalise en chaque homme : l'âme, l'esprit, le corps. Pour rétablir un équilibre, il aurait fallu y adjoindre le coeur mais là n'est pas son propos, elle semble s'en désintéresser, isolant à l'envi ses personnages dans un monde sans affection, sans tendresse, dur et froid comme le métal, inflexible aussi comme en témoigne le dernier tiers du roman où Zénon comparaît devant un tribunal ecclésiastique pour avoir publié des "Prothéories" propres à dresser un bûcher sous ses pas. Une vision si peu édulcorée et si réaliste qu'elle fait irrésistiblement songer aux toiles de Bosch et de Brueghel.

Les développements érudits et verbeux de l'auteur sur la foi, la politique et les sens ont plus d'une fois eu raison de ma concentration et de mon intérêt. L'auteur mêle avec équité spiritualité et philosophie pour éveiller du fond des âges les éternelles questions restées sans réponses sur la nature humaine et qui offrent un terreau fertile à l'Humanisme en mouvement.

Un tel roman me ramène en toute humilité à ma crasse intellectuelle. J'ai dû lire le roman à voix haute de la première à la dernière page tant j'ai immédiatement eu besoin du secours combiné de mes mémoires visuelle et auditive pour comprendre le sens des mots qui défilaient sous mes yeux et encore ne les ai-je pas tous saisis dans la profondeur de leur portée. C'était la première fois que je me frottais à l'auteur, mal m'en a pris. "L'Oeuvre au noir" est un essai philosophique qui se dissimule sous les traits d'un roman et auquel il faudrait consacrer une attention d'universitaire, ce que je ne suis plus depuis dix ans. D'ailleurs, ma maîtrise d'histoire me semble vaine et lointaine, inutile et superficielle, devant un tel texte qui a mis à mal ma vanité de lectrice qui croyait pouvoir aborder en toute confiance toute littérature mais qui est encore très loin de pouvoir en apprécier la substantifique moelle.


Challenge ABC 2012 - 2013
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Visiblement, c'est contre l'avis de beaucoup que j'exprime ma déception vis-à-vis d'un grand nom de notre littérature, que j'ai découvert avec ce roman. Pourtant, l'histoire est intéressante, les idées très riches; mais un défaut rend pour moi ce roman imbuvable: il est hermétique. La difficulté du langage, dûe à une volonté de Yourcenar d'adopter une écriture proche du Moyen-âge dans lequel se passe le roman, gâche à mon avis la bonne réception d'une telle oeuvre, dont j'ai vu les pages défilées de plus en plus lentement au fur et à mesure de ma douloureuse lecture. Non, véritablement, je ne suis pas rentré dans le roman.
Pourtant, étant donné la subjectivité de cet avis, je vous conseille d'en lire quelques pages si toutefois il vous attire, afin de vous faire votre propre idée sur cette écriture à mon sens beaucoup trop opaque.
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Acheté en 2007, commencé puis laissé de côté jusqu'à aujourd'hui, "l'oeuvre au noir" fait partie de ces grandes oeuvres littéraires de part sa richesse sur le plan historique, mais surtout grâce à la plume de l'auteur qui dévoile au fil des pages une adresse dont seuls les plus grands ont le secret.
Néanmoins, l'alchimie n'a pas opéré sur moi.
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Livre conseillé par la Grande Librairie. J'ai lu 68 pages sur les 443, puis mis le livre de côté. Roman trop historique pour moi, et je ne le conseillerai donc pas.
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Je ne sais trop que dire...
Certainement ce livre m'a échappé. Pourtant je me suis accrochée, rien n'y a fait. Alors on ne peut détester j'imagine une telle oeuvre.
Je pense juste que je n'ai pas compris, la fin du livre m'a plus touchée: la confrontation de l'homme à sa propre finitude et certains passages sont pour moi frappant de justesse.
Mais pour le reste... Je comprend que l'on dresse un contexte historique, que l'on crée du mystère autour de son personnage mais moi cela m'a totalement éloignée de Zénon. Je ne retrouve rien d'humain en cet humain parfait qui connaît ses torts, ceux de ses pairs, a 100 ans d'avance sur tout le monde et ne se méprend jamais. Caustique à l'extrême ascète par plaisir... Je ne comprend simplement pas ce personnage, où réside son humanité ni son parcours.
Je reconnais que ce livre peut-être très beau pour qui est capable de voir sa beauté justement.
Je me déclare inapte mais je comprend qu'il puisse plaire, je ne le déconseille pas, je relate juste que pour moi cela n'a pas été une très bonne expérience littéraire.

Pour tout vous dire je pense sincèrement être trop bête ou trop blasée pour trouver cela novateur et révélateur de quelque chose de nouveau sur la nature humaine.
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Ce roman, bâti sur le mode narratif et dont les dialogues sont rares, est d'un style littéraire s'apparentant à Balzac ou Victor Hugo, deux auteurs du XIXème que j'adore. La beauté des phrases, son esthétisme est comme une symphonie pour Marguerite Yourcénar tout comme pour ces deux grands écrivains.
Cependant la comparaison s'arrête ici, car elle ne sait pas susciter l'émotion ou distiller le suspens. Rien n'est dévoilé de la vie personnelle de Zénon ou de ses pensées intimes et de ce fait rien ne génère de l'empathie. Entre le manque de sentiments et le manque d'actions, c'est la platitude totale, du moins pour ce qui est des soixante premières pages.
On pourrait y ajouter le manque de vocabulaire adapté à ce récit, ne permettant pas de s'immerger totalement. « Les dieux ont soif » d'Anatole France, « 1793 » et « Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo ou encore « Les chouans » De Balzac, se sont abstenus de le faire, mais ces écrivains sont parvenus à créer l'émotion et/ou à contextualiser historiquement l'époque, ce qui n'est pas le cas de Marguerite Yourcénar.
Le plus navrant c'est qu'elle ne donne aucune explication sur les personnages ayant réellement existés. Dans son récit, une foultitude de personnages historiques et fictifs se bousculent sans que l'on puisse les différencier. Contrairement à Pierre Naudin dans ses sagas historiques, il n'y a aucune note de bas de page sur « qui fait quoi » et « qui est qui ». le pis étant qu'une partie importante du récit ne se déroule pas en France. Ainsi Marguerite la régente, dont on nous parle dans l'un des chapitres, n'est identifiable qu'un ou deux chapitres plus loin, comme étant la douairière du Pays-Bas. Encore faut-il se rappeler ce qui a été conté précédemment et parvenir à le relier au fait suivant !
Bien souvent, des écrivains comme Jean d'Aillon ou Pierre Naudin, fournissent en annexe des biographies concernant les personnages historiques principaux, permettant d'étayer pertinemment les nombreuses notes disséminées au coeur du récit. D'autres écrivains tels Ildefonso Falcones, au lieu d'utiliser les notes de bas de page, décrivent avec force de détails les implications historiques des différents protagonistes. Dans ses romans, il est ainsi possible d'apprendre de façon ludique l'histoire de l'Espagne et de ses peuplades, même si à l'origine, elle était étrangère aux lecteurs. de même Marc Paillet a su retracer l'époque de Charlemagne ou encore Robert Harris faire revivre, avec sa trilogie sur Cicéron, la civilisation de la Rome antique et de ses castes, pourtant aux antipodes de la nôtre.
Bref, malgré la mélodie des mots, il manque sérieusement une âme à « L'oeuvre au noir ». Un roman doit faire vibrer le lecteur, le divertir et l'instruire, ici ce n'est pas le cas sur les deux premiers points car tout est intellectualisé et aseptisé. Cela crée un récit rébarbatif et lassant à souhait. L'intrigue se fait attendre, le récit part dans toutes les directions et ressemble à un capharnaüm. Quel rapport peut-il bien avoir entre la science de Léonard de Vinci et ce qui est censé être le synopsis de ce roman : la réforme protestante ? Dommage, cela semblait prometteur.
J'étais pourtant venu à bout du premier volet de Proust « Du côté de chez Swann » car j'avais trouvé les personnages attachants. « L'oeuvre au noir » est bien plus un essai historique qu'un roman car il faut de solides connaissances sur l'histoire européenne pour parvenir à suivre. L'ennui a eu raison de moi, j'ai abandonné au bout d'une soixantaine de pages. Lire doit être un plaisir et ce n'est pas le cas avec ce roman. Certains penseront peut-être que je suis trop bête pour comprendre mais ceux ayant des goûts et des attentes analogues aux miens seront éclairés par ma critique.


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