Imre pensait à l'expression du grand-père : le fils de sa mère et de la tristesse. Il se disait que ça avit dû prendre de la place dans le ventre de Sara. La tristesse à côté du bébé. Elle n'avait jamais pu s'en débarrasser. Le garçon était sorti mais la tristesse était restée pour de bon, avait construit une maison à l'intérieur.
La perte de la personne qui lui avait donné la vie avait englouti un peu de son existence à lui aussi, il se sentait incomplet, comme si l'enveloppe de son corps dissimulait des creux, des organes manquants.
Il y avait très peu de vrais salauds et de vrais saints. Il n'y avait que des hommes qui regardaient leur nombril, tremblaient pour leur nombril et protégeaient leur nombril sans jamais cesser d'être d'une banalité insoupçonnée.
C'est insupportable à penser, se dit Imre en quittant peu à peu ses hauteurs d'éléphant. Que partout les gens manquent. Le monde ne sera jamais suffisamment plein. Sous trop de porches, des gens attendent, sûrs que la vie leur doit quelque chose, quelqu'un, et jamais ça n'arrive.
Ce fut sa seule contribution pour lui venir en aide. Il pensait que le travail absorbe la tristesse, qu'il suffit de ne pas avoir le temps de pleurer pour que les choses s'arrangent.
Il dévorait des yeux la manière dont les franges de son short tombaient sur ses cuisses rondes et bronzées.
- La communication d'esprit à esprit est immédiate et absolue, insiste-t-il. Pourquoi aviez vous besoin de tant de façons de parler l'un avec l'autre ?
- C'est l'un des plaisirs des sauvages, répondit amèrement Clay.
Oui c'est sombre, mélancolique...
Heureusement cela se passe à Budapest ce qui me rappelle d'agréable souvenirs de voyage et qui me permet d'imaginer des moments moins drôle du temps communiste...
J'ai été touché par la justesse simple des personnages, leurs vies et les quelques passages d'humour grinçant.
Elle était désormais à l'autre extrémité de la piscine, celle qu'Imre venait de quitter. Elle s'assit sur un des petits plongeoirs qui longeaient le grand bain et trempa un orteil dans l'eau, puis alluma une cigarette. Elle portait un maillot de bain deux-pièces bleu et à son pied gauche une sandale à talon. Elle avait enlevé l'autre pour tester l'eau.
Et Pal comprit que si l’année 1956 avait été si longue et si terrible, c’était parce qu’elle avait duré jusqu’en 1961