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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 1 : La fortune des Rougon (452)

Quand ils furent sortis, les habitués du salon jaune restèrent encore un instant, bavards comme des commères qu'un serin envolé réunit sur un trottoir.
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Tant que les pauvres petits restèrent à la charge de la maison, Antoine grogna. C’étaient des bouches inutiles qui lui rognaient sa part. Il avait juré, comme son frère, de ne plus avoir d’enfants, ces mange-tout qui mettent leurs parents sur la paille. Il fallait l’entendre se désoler, depuis qu’ils étaient cinq à table, et que la mère donnait les meilleurs morceaux à Jean, à Lisa et à Gervaise. « C’est ça, grondait-il, bourre-les, fais-les crever ! »
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Cette nuit là, la Viorne, au bas des rochers de la route, grondait d'une voix rauque.
Dans ce roulement continu du torrent, les insurgés distinguaient des lamentations aigres de tocsin.
Les villages épars dans la plaine de l'autre côté de la rivière, se soulevaient, sonnant l'alarme, allumant des feux.
Jusqu'au matin, la colonne en marche, qu'un glas funèbre semblait suivre dans la nuit d'un tintement obstiné, vit ainsi l'insurrection courir tout le long de la vallée comme une traînée de poudre.
Les feux tachaient l'ombre de points sanglants; des chants lointains venaient, par souffles affaiblis; toute la vague étendue, noyée sous les buées blanchâtres de la lune, s'agitait confusément, avec de brusques frissons de colère.
Pendant des lieues, le spectacle resta le même.
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Ils ne disaient rien, ils se regardaient d'un air confus et souriant ....
… . Elle levait vers lui une adorable tête, de grands yeux noirs, une bouche rouge, qui l'étonnaient et le remuaient singulièrement.
Jamais il n'avait vu une fille de si près; il ignorait qu'une bouche et des yeux puissent être si plaisants à regarder ….
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Pendant plus d'un mois, ce jeu dura. On était en juillet; les matinées brûlaient, blanches de soleil et c'était une volupté d'accourir là, dans ce coin humide.
Il faisait bon recevoir au visage l'haleine glacée du puits, de s'aimer dans cette eau de source, à l'heure où l'incendie du ciel s'allumait ......
...... Autour d'eux, les gaietés de la radieuse matinée chantaient, un flot de lumière chaude, toute sonore d'un bourdonnement d'insectes, battait la vieille muraille, les piliers et les margelles.
Mais eux ne voyaient plus la matinale ondée du soleil, n'entendaient plus les mille bruits qui montaient du sol: ils étaient au fond de leur cachette verte, sous la terre, dans ce trou mystérieux et vaguement effrayant, s'oubliant à jouir de la fraicheur et du demi-jour, avec une joie frissonnante.
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D’ailleurs, ils avaient cessé toute conversation suivie ; ils ne parlaient plus des autres, ils ne parlaient même plus d’eux-mêmes ; ils étaient à la seule minute présente, échangeant un serrement de mains, poussant une exclamation à la vue d’un coin de paysage, prononçant de rares paroles, sans trop s’entendre, comme assoupis par la tiédeur de leurs corps. Silvère oubliait ses enthousiasmes républicains ; Miette ne songeait plus que son amoureux devait la quitter dans une heure, pour longtemps, pour toujours peut-être. Ainsi qu’aux jours ordinaires, lorsque aucun adieu ne troublait la paix de leurs rendez-vous, ils s’endormaient dans le ravissement de leurs tendresses.
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Leur idylle traversa les pluies glacées de décembre et les brûlantes sollicitations de juillet, sans glisser à la honte des amours communes; elle garda son charme exquis de conte grec, son ardente pureté, tous ses balbutiements naïfs de la chair qui désire et qui ignore.
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...... c'étaient les morts qui leur soufflaient leurs passions disparues au visage, les morts qui leur contaient leur nuit de noces, les morts qui se retournaient dans la terre, pris du furieux désir d'aimer, de recommencer l'amour.
Ces ossements, ils le sentaient bien, étaient pleins de tendresse pour eux; les crânes brisés se réchauffaient aux flammes de leur jeunesse, les moindres débris les entouraient d'un murmure ravi, d'une sollicitude inquiète, d'une jalousie frémissante.
Et quand ils s'éloignaient , l'ancien cimetière pleurait.
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Roudier dit encore qu’il comprenait, d’ailleurs, le tact, la modestie de leur ami, et qu’il l’approuvait. Personne, certes, ne songerait à l’accuser d’ambition, mais on sentirait la délicatesse qu’il mettait à ne vouloir rien être sans l’assentiment de ses concitoyens. Cela était très digne, très noble, tout à fait grand. Sous cette pluie d’éloges, Rougon baissait humblement la tête. Il murmurait : « Non, non, vous allez trop loin », avec de petites pâmoisons d’homme chatouillé voluptueusement. Chaque phrase du bonnetier retiré et de l’ancien marchand d’amandes, placés l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, lui passait suavement sur la face ; et, renversé dans le fauteuil du maire, pénétré par les senteurs administratives du cabinet, il saluait à gauche, à droite, avec des allures de prince prétendant dont un coup d’État va faire un empereur.
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C’était une enfant, mais une enfant qui devenait femme. Elle se trouvait à cette heure indécise et adorable où la grande fille naît dans la gamine. Il y a alors, chez toute adolescente, une délicatesse de bouton naissant, une hésitation de formes d’un charme exquis ; les lignes pleines et voluptueuses de la puberté s’indiquent dans les innocentes maigreurs de l’enfance ; la femme se dégage avec ses premiers embarras pudiques, gardant encore à demi son corps de petite fille, et mettant, à son insu, dans chacun de ses traits, l’aveu de son sexe. Pour certaines filles, cette heure est mauvaise ; celles-là croissent brusquement, enlaidissent, deviennent jaunes et frêles comme des plantes hâtives. Pour Miette, pour toutes celles qui sont riches de sang et qui vivent en plein air, c’est une heure de grâce pénétrante qu’elles ne retrouvent jamais.
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