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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 1 : La fortune des Rougon (453)

Et il ajouta, avec un sourire légèrement ironique :
- On ne fonde une nouvelle dynastie que dans une bagarre. Le sang est un bon engrais. Il sera beau que les Rougon, comme certaines illustres familles, datent d'un massacre.
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Alors Rougon décida que le crieur public, accompagné d’un tambour, irait par les rues proclamer la ville en état de siége et annoncer aux habitants que quiconque sortirait ne pourrait plus rentrer. Les portes furent officiellement fermées, en plein midi. Cette mesure, prise pour rassurer la population, porta l’épouvante à son comble. Et rien ne fut plus curieux que cette cité qui se cadenassait, qui poussait les verrous, sous le clair soleil, au beau milieu du dix-neuvième siècle.
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Pendant près d'une vingtaine d'années, chacun y vécut à son caprice, les enfants comme la mère. Tout y poussa librement. En devenant femme, Adélaïde était restée la grande fille étrange qui passait à quinze ans pour sauvage ; non pas qu'elle fût folle, ainsi que le prétendaient les gens du faubourg, mais il y avait en elle un manque d'équilibre entre le sang et les nerfs, une sorte de détraquement du cerveau et du cœur, qui la faisait vivre en dehors de la vie ordinaire, autrement que tout le monde. Elle était certainement très naturelle, très logique avec elle-même ; seulement sa logique devenait de la pure démence aux yeux des voisins. Elle semblait vouloir s'afficher, chercher méchamment à ce que tout, chez elle, allât de mal en pis, lorsqu'elle obéissait avec une grande naïveté aux seules poussées de son tempérament.
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Il ricanait, il était tout brûlant d’une joie fauve. L’argent qu’il avait en poche, la trahison qu’il préparait, la certitude de s’être vendu un bon prix, l’emplissaient du contentement des gens mauvais qui redeviennent naturellement joyeux et railleurs dans le mal.
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Aveuglé d'enthousiasme, à la fois trop ignorant et trop instruit pour être tolérant,il ne voulut pas compter avec les hommes; il lui fallait un gouvernement idéal d'entière justice et d'entière liberté(p180)
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La première fois, il fut stupéfait du degré d’imbécillité auquel un homme bien portant peut descendre. Les anciens marchands d’huile et d’amandes, le marquis et le commandant eux-mêmes, lui parurent des animaux curieux qu’il n’avait pas eu jusque-là l’occasion d’étudier. Il regarda avec l’intérêt d’un naturaliste leurs masques figés dans une grimace, où il retrouvait leurs occupations et leurs appétits ; il écouta leurs bavardages vides, comme il aurait cherché à surprendre le sens du miaulement d’un chat ou de l’aboiement d’un chien.
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La nuit semblait s’épaissir encore. Les jeunes gens grimpèrent à tâtons le long de la pente des Garrigues, jusqu’à un rocher, sur lequel ils s’assirent. Autour d’eux se creusait un abîme de ténèbres. Ils étaient comme perdus sur la pointe d’un récif, au-dessus du vide. Et dans ce vide, quand le roulement sourd de la petite armée se fut perdu, ils n’entendirent plus que deux cloches, l’une vibrante, sonnant sans doute à leurs pieds, dans quelque village bâti au bord de la route, l’autre éloignée, étouffée, répondant aux plaintes fébriles de la première par de lointains sanglots. On eût dit que ces cloches se racontaient, dans le néant, la fin sinistre d’un monde.
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Félicité se recueillit.
"Ainsi, reprit-elle, vous pensez qu'une insurrection est nécessaire pour assurer notre fortune ?
- C'est mon avis", répondit M. de Carnavant.
Et il ajouta avec un sourire légèrement ironique :
"On ne fonde une nouvelle dynastie que dans une bagarre. Le sang est un bon engrais. Il sera beau que les Rougon, comme certaines illustres familles, datent d'un massacre."
Ces mots, accompagnés d'un ricanement, firent courir un frisson froid dans le dos de Félicité. Mais elle était femme de tête, et la vue des beaux rideaux de M. Peirotte, qu'elle regardait religieusement chaque matin, entretenait son curage.0 Quand elle se sentait faiblir, elle se mettait à la fenêtre et contemplait la maison du receveur. C'était ses Tuileries, à elle. Elle était décidée aux actes les plus extrêmes pour entrer dans la ville neuve, cette terre promise sur le seuil de laquelle elle brûlait de désirs depuis tant d'années.
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Elle retira vivement sa pelisse,qu'elle remit ensuite , après l'avoir tournée du côté de la doublure rouge. Alors elle apparut, dans la blanche clarté de la lune, drapée d'un large manteau de pourpre qui lui tombait jusqu'aux pieds. Le capuchon, arrêté sur le bord de son chignon, la coiffait d'une sorte de bonnet phrygien. Elle prit le drapeau, en serra la hampe contre sa poitrine, et se tint droite, dans les plis de cette bannière sanglante qui flottait derrière elle.(...) A ce moment , elle fut la vierge Liberté.
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Comme pour s’isoler davantage et se mieux enfermer chez elle, la ville est entourée d’une ceinture d’anciens remparts qui ne servent aujourd’hui qu’à la rendre plus noire et plus étroite. On démolirait à coups de fusil ces fortifications ridicules, mangées de lierre et couronnées de giroflées sauvages, tout au plus égales en hauteur et en épaisseur aux murailles d’un couvent. Elles sont percées de plusieurs ouvertures, dont les deux principales, la porte de Rome et la GrandPorte, s’ouvrent, la première sur la route de Nice, la seconde sur la route de Lyon, à l’autre bout de la ville. Jusqu’en 1853, ces ouvertures sont restées garnies d’énormes portes de bois à deux battants, cintrées dans le haut, et que consolidaient des lames de fer. À onze heures en été, à dix heures en hiver, on fermait ces portes à double tour. La ville, après avoir ainsi poussé les verrous comme une fille peureuse, dormait tranquille. Un gardien, qui habitait une logette placée dans un des angles intérieurs de chaque portail, avait charge d’ouvrir aux personnes attardées. Mais il fallait parlementer longtemps. Le gardien n’introduisait les gens qu’après avoir éclairé de sa lanterne et examiné attentivement leur visage au travers d’un judas ; pour peu qu’on lui déplût, on couchait dehors. Tout l’esprit de la ville, fait de poltronnerie, d’égoïsme, de routine, de la haine du dehors et du désir religieux d’une vie cloîtrée, se trouvait dans ces tours de clef donnés aux portes chaque soir. Plassans, quand il s’était bien cadenassé, se disait : « Je suis chez moi », avec la satisfaction d’un bourgeois dévot, qui, sans crainte pour sa caisse, certain de n’être réveillé par aucun tapage, va réciter ses prières et se mettre voluptueusement au lit. Il n’y a pas de cité, je crois, qui se soit entêtée si tard à s’enfermer comme une nonne.
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