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sur 934 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une fois Zola décrit avec brio cette société en quête de pouvoir.

Les rouages et les malversations qui poussent un homme à vouloir conquérir à tout pris du pouvoir. Parce que Pour Eugène Rougon c'est ce qui lui importe de détenir le pouvoir entre ses mains.
Mais bien souvent on n'y arrive pas seul. Alors les proches de cet homme influent font tout pour qu'il garde son pouvoir en échange de petites choses... jusqu'au moment ou il n'a plus d'utilité.

Zola marque encore une fois le luxe dans ce roman, il le décrit avec de nombreux détails. Je pense qu'il anticipe ses futurs romans en montrant ce faste comme il le fait.
J'aime toujours bien évidemment le cynisme de l'auteur. Cette façon d'écrire parfois brusque, poétique ou les deux à la fois.

Je me suis régalée, une fois de plus avec ce roman.
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Son excellence Eugène Rougon est le sixième opus de l'oeuvre des Rougon-Macquart. J'ai retrouvé ici avec plaisir le talent de Zola, son écriture ciselée, acerbe pour dénoncer le cynisme et la cruauté de la société du Second Empire.
Pour celles et ceux qui suivent comme moi la chronologie des différents ouvrages de cette saga, rappelons un peu qui est Eugène Rougon, d'où il vient. Il est le fils aîné de Pierre et Félicité Rougon dont nous avions fait la connaissance dès le premier opus, La Fortune des Rougon, son ascension politique y était décrite indirectement : depuis Paris, il avait permis à ses parents de s'emparer du devant de la scène politique à Plassans, sa ville natale. Plus tard, nous avions rencontré dans le roman La Curée, son frère Aristide Saccard ; avec toujours la même fibre familiale, il avait aidé celui-ci à s'enrichir par la spéculation immobilière à Paris. Enfin, c'est encore lui qui tirait les ficelles dans La conquête de Plassans, s'assurant que Plassans repasse politiquement du côté du pouvoir en place... Bref ! C'est un brave homme très attentionné.
Ce roman étudie une période bien précise, de 1856 à 1861.
Ici, Eugène Rougon sort enfin de l'ombre.
Mais étonnamment, sur une large partie de ce premier chapitre il demeure encore invisible, presque décrit comme un héros qui se fait attendre, le personnage d'une pièce de théâtre qu'on espère voir entrer en scène au plus vite, son nom est déjà là, murmuré par tous, son nom précède son arrivée, son nom évoque déjà sa disgrâce à venir alors qu'il préside encore au Conseil d'État.
Le rideau s'ouvre sur une séance à la chambre des députés, qui ressemble davantage à la scène d'une comédie, tant les personnages sont croquignolesques.
Eugène Rougon s'apprête à tomber en disgrâce, mais déjà il est armé pour retomber sur ses pieds comme un chat agile, déjà prêt à rebondir.
Son excellence Eugène Rougon, c'est le roman politique par excellence de la série des Rougon-Macquart. Ce n'est pas mon préféré, mais je l'ai lu sans déplaisir. Je vous avouerai même qu'à certains endroits il m'a étonné tant le trait est parfois féroce, présentant les personnages de ce récit sous des aspects bien peu reluisants.
Et puis nous apprenons beaucoup sur le corps politique sous le Second Empire.
La politique ? Ah oui parlons-en justement. Ici on s'aperçoit très vite que l'intérêt général n'est de loin pas toujours celui qui prévaut. Mais je vous rassure, tout ceci se passe bien sous le Second Empire et non de nos jours... Ouf !
Ici les personnages masculins ont bien des noms d'hommes politiques : Monsieur Béjuin, Monsieur Kahn, Monsieur la Rouquette, Monsieur Delestang, Monsieur du Poizat...
Zola nous fait entrer dans l'arrière-boutique du pouvoir ; de l'hémicycle aux coulisses, des coulisses aux alcôves, il n'y a guère qu'un saut de puce et il ne faut pas sous-estimer l'importance de ces endroits où se faisaient et se défaisaient les gloires ayant porté au pinacle ce Second Empire devenu parfois ingrat.
On pourrait en rire si ce n'est que le Second Empire, c'est aussi le régime de la répression, l'un des pires régimes, sinon le pire, postérieur à la révolution française, celui qui envoie ceux qui sont suspectés d'être républicains au mieux en déportation vers les colonies.
Eugène Rougon, voilà un homme qui comprend les subtilités de l'amitié, qui sait s'entourer à bon escient ! Sa bande d'amis, c'est une véritable cour autour de lui. Selon Eugène Rougon il y a trois sortes d'amis, ceux pour lesquels vous éprouvez une véritable affection, ceux que vous craignez et ceux qui vous insupportent, Eugène Rougon est conscient que les trois catégories peuvent vous être utiles à un moment ou un autre.
Ce sont parfois de petits arrangements entre amis.
Je pense ainsi au tracé improbable d'une ligne de chemin de fer afin qu'elle passe enfin le long des hauts fourneaux dont l'actionnaire principal n'est autre qu'un député, ami d'Eugène Rougon.
Eugène Rougon est-il conscient que les amis d'aujourd'hui, selon sa définition de l'amitié, peuvent être les ennemis de demain... ?
Les trahisons existent aussi chez les amis, surtout dans la définition de l'amitié que nous donne Eugène Rougon.
Une célèbre citation De Voltaire pourrait être le leitmotiv de ce roman : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge ! »
Eugène Rougon, c'est un colosse, un phénix qui renaît de ses cendres, un animal politique comme on le dit aujourd'hui, on le disait peut-être d'ailleurs déjà ainsi à l'époque. Il a cet appétit du pouvoir dans le sang, c'est d'ailleurs un trait héréditaire chez les Rougon.
Eugène Rougon va travailler pour son retour en grâce.
Je pense à l'époque actuelle. Zola serait-il à ce point visionnaire ? À moins que les pratiques politiques n'aient guère changé depuis lors...
Et puis, un soleil sur une peau de porcelaine, un rire innocent, des gestes... et voilà le solide Eugène Rougon troublé en la présence d'une certaine Clorinde Balbi, belle Italienne excentrique et aventurière. Eugène Rougon l'a connue toute jeune, novice, ardente déjà aux choses de la politique. Elle a de l'audace. Il lui enseigne l'art de la politique, car c'est un art pour Eugène Rougon... Il la désire pour son corps, elle le repousse sauvagement mais elle le veut comme époux. Il refuse cette idée. Rancunière, elle ne lui pardonnera jamais.
Émile Zola démythifie ici la politique du Second Empire en montrant les ambitions forcenées, la jouissance des puissants dans l'exercice de leur domination, et le vide des idées.
C'est avec cette précision et férocité que Zola veut dénoncer ici le cynisme et la cruauté de la société du Second Empire.
Ici j'ai trouvé l'Empereur bien terne à côté de la fougue de certains personnages, à commencer par Eugène Rougon ou Clorinde Balbi... Ces deux-là sont faits pour s'entendre ou bien ferrailler.
Je pense que l'intérêt du roman vaut aussi par le chassé-croisé entre Eugène Rougon et Clorinde Balbi... Leur jeu ambigu mêlé de désir, d'ambition et de jalousie, qui s'étale sur plusieurs années, est sans aucun doute l'un des fils conducteurs du roman, cette relation d'apprentissage entre Eugène Rougon et Clorinde Balbi, l'élève surpassera le professeur mais elle demeurera toujours admirative de la puissance politique du maître...
Mais oui, nous sommes bien ici sous le Second Empire, pas d'inquiétude alors...
Je referme ce livre et déjà je vois depuis ma bibliothèque le septième tome de la série des Rougon-Macquart qui m'attend, L'Assommoir. Hâte d'y venir !
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C'est le tome de l'élitisme des Rougons Macquart que celui consacré à Eugène Rougon. Et c'est bien normal puisqu'on descend ici sur la branche prinipale de la famille, le fils aîné du fils aîné et pas une des déviations Macquart ou Mouret. La route de l'ambition, caractéristique principale de cette partie de la famille, est donc toute tracé pour le rejeton le plus doué. Nous nous élèverons donc jusqu'à l'Empereur, preuve que Zola ne s'intéresse pas qu'aux bas-fonds.

Évidemment, l'auteur porte un regard très sévère sur ce monde. Il le décrit d'abord principalement à l'aide de grands tableaux qui semblent réellement des retranscriptions écrites d'oeuvres picturales. Il y a successivement la scène de l'Assemblée, la scène du cabinet de travail, la scène du boudoir avec les différents personnages réunis autour de la Muse qui pose, la scène du cortège impérial avec le public étalé sur les bords de Seine. Alors que certaines scènes de la saga semblent cinématographiques, j'ai eu une impression de tableau figé ici, sans doute dû au fait que les personnages abordés sont guindés, coincés pour la plupart dans leurs rôle, l'incarnation de fonctions plus que des personnalités (le colonel, le préfet, le député...). Même les domestiques sont figés dans leur rôle respectif (Antonia la femme de chambre délurée, Firminio le majordome). Seuls peut-être deux personnages montrent une vraie liberté par rapport aux autres: Clorinde qui va jouer de sa séduction pour plier les évènements à sa volonté, et Gilquin, ami terrible de Rougon qu'il utilise régulièrement mais qu'on ne peut empêcher de crier Vive la République même le long du cortège impérial.

Le portrait le plus terrible est évidemment celui de l'entourage de l'homme politique, parasites cherchant toujours à obtenir plus de faveur et qui font et défont la carrière de celui qu'ils entourent. Les hauts et les bas de Rougon sont toujours fonction de cette cohorte finalement malveillante, même si elle lui permet d'abord d'accéder aux plus hautes fonctions. Malgré son caractère bien trempé, son goût du pouvoir et ses convictions, il apparait finalement beaucoup plus comme un pantin que comme un marionnettiste. La charge contre la politique est surtout aussi celle de la futilité et du peu de consistance des opinions, avec une scène finale magistrale qui retourne dans l'Assemblée originale, avec un discours terriblement significatif de Rougon. Ce qui m'aura le plus marqué dans cette fin est la course de la Rouquette pour aller récupérer les retardataires dans les couloirs de l'Assemblée et son passage par la bibliothèque, où il ne trouve rien que la poussière car personne ne s'y rend jamais. Un terrible constat de Zola sur les politiques de son époque qui donne envie d'aller visiter encore aujourd'hui la bibliothèque de l'Assemblée et de vérifier la poussière sur les bureaux et les étagères...
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Ainsi s'achève mon voyage dans l'univers impitoyable des Rougon-Macquart. Commencée adolescente, cette saga qui compte vingt romans m'aura accompagnée pendant plus de vingt ans, érigeant son auteur au sommet de mes affections littéraires.

"Son Excellence Eugène Rougon" est le tome de la politique et plus largement du pouvoir, ce bien que les hommes recherchent et s'arrachent depuis la nuit des temps. Une quête bien faite pour dévoiler les appétits et les moyens, souvent vicieux et malsains, mis en oeuvre pour les assouvir.

C'est un tome très coloré, très parisien également, à l'instant de "La Curée" et de "L'Argent". Au fil de ma lecture, je me suis attachée à Eugène Rougon, un personnage à la fois fragile et charismatique. Et comme souvent chez Zola, lorsqu'il y a manigances et ambitions... "cherchez la femme" ! La figure de Clorinde Balbi est très vivante et laisse une trace moite et parfumée dans la mémoire du lecteur.

Zola décrit avec beaucoup d'honnêteté le clientélisme, moins pour le dénoncer, semble-t-il, que pour replacer l'homme dans sa vraie nature, face à son éternel et insatiable besoin d'arriver et de tirer égoïstement son épingle du jeu. Derrière le gouvernement impérial transparaissent ainsi les sphères d'influence, les cercles mondains qui tiennent en laisse l'économie et la politique, les pressions qui pèsent sur les libertés, notamment sur celle de la presse, enfin les aspirations et les ambitions d'un petit nombre d'individus au détriment du bien public.

Un tome fort, bien rythmé, dynamique et dont le seul défaut est peut-être de posséder une galerie de personnages un peu trop large, au point qu'il est parfois malaisé de retrouver ses petits.

En tout cas, Monsieur Zola, à l'issue de la lecture de votre grande oeuvre, je vous remercie et je vous tire mon chapeau !


Challenge XIXème siècle 2018
Challenge des 50 Objets 2018 - 2019
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En ce début du Second Empire, des oreilles distraites, de petits assoupissements, des causeries à droite à gauche, des pensées vagabondes, des impatiences grandissantes et même des tendresses adultères forment le tableau resplendissant d'une séance au Corps législatif où sont votés les projets de loi. Les députés qui ne s'ennuient pas sont tout bonnement absents.
Au milieu de tout ce brouhaha de politiciens, Zola nous détache la petite bande d'amis du futur ex-président du Conseil d'Etat, monsieur Eugène Rougon. Toute cette petite bande se retrouve bien marrie devant la démission de Rougon sur lequel ils pensaient bien asseoir leurs intérêts personnels. Et ses chers amis ont des besoins grandissimes, des égoïsmes démesurés et des mouvements de girouette sans aucun scrupule. Sous la plume de Zola, ils sont délectables.

Parmi eux, l'éclatante, l'extravagante et provocante Clorinde, un personnage féminin qui occupe toute la place, semblant même écraser la lourde carrure de Rougon. Une fortune dont on ignore les origines, des relations politiques aux sources inconnues, des agissements fantasques et un corps superbe. Mais bien que Rougon ne paraisse pas insensible à ses charmes, il refuse tout net la proposition de mariage offerte par Clorinde et la marie même à un ami bien obéissant ! Ce mépris des femmes ne convient pas tellement à la belle Clorinde qui a la rancune tenace et une puissance insoupçonnable.

Je pensais profondément m'ennuyer dans ce tome qui se devait d'exploiter la face politique de cette période. Pourtant, exceptés quelques passages que j'ai trouvé soporifiques, dus à mon ignorance et mon désintérêt des séances et décisions politiques diverses, je me suis encore laissée emporter par le génie de Zola. Il s'amuse magistralement avec l'appétit de domination de ce cher Rougon.
Ce gros homme qui pensait tenir le bâton pour exercer son désir de toute-puissance est en fait un pantin idolâtré un jour, abhorré le lendemain. La roue tourne.
Dans le mode politique, un évènement favorable vous donne les pleins pouvoirs tandis qu'une autre intrigue plus fâcheuse vous fait descendre illico presto au quatrième sous-sol. C'est avec ce constat affligeant que Zola, avec une documentation scrupuleuse, a su attirer mon attention de lectrice sur un sujet qui me faisait tiquer.

Des personnages croqués au vitriol pour chatouiller la vanité de Rougon et des comparaisons magnifiques pleines de cynisme font défiler les pages pour vite saisir la suivante. Ce milieu politique qui attire les ambitieux, les solliciteurs en tout genre, était celui d'hier, est celui d'aujourd'hui et sera sans aucun doute celui de demain.
La reconnaissance est bien fugace et prédominent plutôt rancune, ingratitude, aigreur qui forment un ramassis d'éternels insatisfaits.

Zola fait flamboyer des étalages dans une vente de charité, fait exploser la richesse outrageuse du baptême du prince impérial en dénonçant l'apogée de l'empire.
Il me fait fondre avec ses phrases exquises lorsqu'il fait frissonner les feuilles, scintiller la Seine, roussir l'horizon. Il parle de l'impudeur de Clorinde avec toute la retenue des écrits de ce siècle, c'est charmant tout en étant bien explicite.
Pour reprendre (en la transformant) la dernière phrase du livre : Il est tout de même d'une jolie force ce Zola.

Challenge XIXe siècle
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"Son Excellence Eugène Rougon" est le sixième tome de la célèbre Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, celle des Rougon-Macquart. Émile Zola nous invite cette fois-ci à découvrir la sphère politique, en suivant, comme son titre l'indique, Eugène Rougon, fils aîné de Pierre Rougon, lui-même fils aîné d'Adélaïde. Homme ambitieux, avide de pouvoir et de toute-puissance, il est bien le digne fils de son père (et de sa mère Félicité).

Zola aborde divers sujets qui se recoupent. Il démontre d'abord qu'en matière de politique, tout est essentiellement question de pouvoir, d'argent, d'influences et de relations, de corruptions et de coups bas. C'est une bataille sans merci que mènent les différents députés et ministres, ils se bouffent sans cesse les uns les autres, pour une meilleure place au sein du gouvernement ou tout simplement pour nuire à ses opposants, sans se soucier le moins du monde du peuple qu'ils sont censés représenter. le peuple n'est d'ailleurs vraiment mentionné qu'une seule fois, lors du baptême du Petit Prince : ces messieurs, pendant qu'ils s'emplissaient la panse dans de la vaisselle en porcelaine et tous vêtus plus richement les uns que les autres, ont tout de même eu le tact d'avoir une pensée pour les milliers de sans-abris, victimes des grandes inondations...

Il évoque également la notion de liberté d'expression, par le biais de journalistes corrompus/achetés, contraints/menacés.

Ajoutez à cela quelques doses de médisance et d'ingratitude, vous obtenez un sacré panel de personnages détestables.

Je ne me suis évidemment attachée à aucun d'entre eux mais j'ai encore une fois passé un très bon moment. Je suis juste un peu déçue par la fin, le parcours d'Eugène se terminant plutôt bien. C'est cruel ce que je vais dire mais j'attendais une fin mélodramatique comme Zola sait si bien les faire, les protagonistes le méritant amplement... Mais il montre que les personnalités politiques s'en sortent toujours...

"Son Excellence Eugène Rougon", publié en 1876, n'a pas pris une ride, car clairement toujours d'actualité... Zola, toujours dans son effort de tout dépeindre de manière très réaliste, nous permet de nous rendre compte que le milieu politique n'a pas vraiment évolué ces 150 dernières années...
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Retour à Paris dans ce sixième volume des Rougon-Macquart. Zola s'attache au personnage central d'Eugène Rougon, symbole de la classe politique dominante. Ce personnage est avant tout caractérisé par son amour du pouvoir, un amour sans limite qui le dévore. Ce n'est pas la recherche du luxe ou des honneurs qui lui importe, mais simplement d'arriver à une position dominante, quels qu'en soient les moyens. Eugène Rougon est de la même trempe que Frank Underwood dans « House of Cards ». Il ne recule devant rien pour arriver à ses fins, quitte à laisser perpétrer un attentat sans rien dire, ou à changer de doctrine suivant les circonstances
Les moeurs de la classe politique sous le Second Empire sont abondamment décrites et dénoncées, en particulier le système de clientélisme qui imprègne toute la vie publique, et le luxe insolent des réceptions officielles. le parcours d'Eugène Rougon est sinueux, il commence par une disgrâce, mais en utilisant le réseau qu'il s'est créé par des faveurs multiples, ce politicien redoutable va revenir aux plus hautes fonctions.
Son seul problème reste celui des femmes, en particulier Clorinde Balbi, présentée comme une « intrigante professionnelle », et qui trace sa voie en utilisant ses charmes et les relations qu'elle a tissées dans la sphère politique. Clorinde, qui apparaît comme le seul échec d'Eugène Rougon, serait-elle la première figure féministe à apparaître dans l'oeuvre de Zola ?
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L'action de ce roman de Zola se déroule de 1856 à 1861. Eugène Rougon, futur « Excellence » est le fils aîné de Pierre et Félicité Rougon de Plassans.
Celui-ci,après avoir contribué au coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, entre au Sénat. Au début du roman, il est président du Conseil d'État. Il a fait l'Empire et l'Empire le façonne. Son mandat se révèle une montagne russe et sentant venir la disgrâce, il décide de démissionner.
Roman bourré d'intrigues et encensant le pouvoir, Son Excellence est passionnant et révèle les coulisses du grand monde de Paris.
Est-ce que j'ai aimé? Oui. Est-ce que j'ai tout compris? Probablement non, certaines finesses dans les solidarités m'ont un peu perdue car les principaux acteurs sont pour la plupart, des visages à deux faces.

Eugène Rougon est un produit du désir de pouvoir avec sensiblement un bon fond et une grande patience.
« Et il n'avait plus de regrets; son rêve était de devenir très grand, très puissant, afin de satisfaire ceux qui l'entouraient, au-delà du naturel et du possible. »
Clorinde, une perfide arriviste, belle et intelligente, qui sait manipuler son monde pour arriver à ses fins.
« Ah! Si elle était un homme! Comme elle saurait faire son chemin! Les hommes avaient si peu de tête! »

Roman représentatif d'une époque révolue, je l'espère, malgré le fait que les jeux de coulisses sont encore très présents dans les politiques actuelles. On ne voit probablement plus des « préfets d'alcôve, qui, pour coucher librement avec les femmes, envoient les maris à la Chambre; » Différentes époques, différentes façons.
Son Excellence nous montre des profiteurs en même temps que des gens qui construisent un pays. C'est du grand art en écriture, à lire avec une poire et deux doigts de vin!
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Publié en 1876, « Son Excellence Eugène Rougon », est le sixième volume de la série « Les Rougon-Macquart ». Dans cet ouvrage, et selon les propres termes d'Emile Zola, on pénètre les « coulisses politiques » du Second Empire dans une période qui va de 1856 à 1861.

Le personnage principal de ce volume, Eugène Rougon, n'est pas un inconnu. Fils aîné de Pierre et de Félicité Rougon, son influence est perceptible dans « La fortune des Rougon », « La curée » et « La conquête de Plassans ». Sorte d'éminence grise, il utilise sa position politique pour favoriser sa famille ; sans états d'âme.

Petit avocat de province, il monte à Paris où son ambition démesurée et son manque de scrupules en feront un politique redoutable et un homme influent quand il parviendra à la présidence du Conseil d'Etat. Jusqu'au jour où, tombé en défaveur, il démissionnera.
Suit alors la description minutieuse de l'action de son « équipe » pour le ramener au pouvoir. Action pilotée par la belle Clorinde Balby épouse Delestang, grande manipulatrice qui ira jusqu'à se compromettre avec de Marsy, le rival politique de Rougon…

Une description implacable de l'imbrication du monde politique et du monde des affaires sous le Second Empire et une critique féroce de l'accession aux postes à responsabilité, plus par l'activation d'un réseau que par la démonstration de réelles compétences.
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La démission d'Eugène Rougon est attendue et acceptée par l'Empereur. Mais Eugène Rougon est ambitieux.
Avec le soutien de ses amis, il saura reconquérir la faveur de l'Empereur et devenir ministre de l'Intérieur, " réprimant à outrance et refusant toutes les libertés."
Émile Zola dénonce les moeurs du second Empire, à travers le parcours d'un homme adulé et rejeté par les siens avec la même violence, utilisant son charisme et les mensonges pour rester au pouvoir.
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