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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le voyageur passant par la bonne ville de Lausanne, au sein de la mésestimée Confédération Helvétique, a pour obligation — au moins aussi impérieuse qu'une longue contemplation de son Lac — de dédier une demi-journée à la visite de sa Collection de l'Art Brut, incroyable musée établi dans le discret Château de Beaulieu, abritant les oeuvres que Jean Dubuffet a réuni tout au long de sa vie sous la bannière d' « art des fous ».
(en passant, on remarquera une fois encore l'acte manqué de l'Etat Français pour accueillir ce type de fondation…)
Les questions que posent ces créations sur la nature même d'une oeuvre d'art, déjà sérieusement chamboulée par l'explosion des médiums dans les Arts Modernes et Contemporains, sont innombrables… alors que l'intelligence artificielle vient en poser de nouvelles, plus complexes encore.
La sincérité et le caractère quasi-naturel de leur essence les singularisent certainement, justifiant ce distinguo que d'autres trouveraient choquant, voire dégradant pour les adeptes de théories post-relativistes telle cette « neurodiversité », autre réponse de ceux qui pensent qu'essayer de se mettre d'accord sur certaines vérités équivaut à de l'oppression… le propos n'étant pas de réduire un individu à sa pathologie, mais bien de réfléchir à sa prééminence dans l'action créatrice…

Tout ça pour vous introduire un des plus beau exemple à ma connaissance d'Art Brut en littérature, fascinante et rare occurence d'une folie conscientisée, décrite avec la distance nécessaire par son récipiendaire dont la schizophrénie permettait ces effrayants moments de lucidité, d'auto-analyse jusqu'au vertige, sans toutefois en sortir tout à fait.

Unica Zürn s'est faite aussi connaitre pour ses dessins, malheureusement absents des deux livres en ma possession (avec « Sombre Printemps » au Serpent à Plumes), et pour ses anagrammes ou « écritures sorcières », proches de l'écriture automatique des Surréalistes qu'elle a fréquenté, dont certains exemples émaillent le livre, impossibles à apprécier du fait de leur traduction de l'Allemand.

Reste l'expérience sensorielle et abyssale de cette folie dont l'équilibre a fini par céder, émouvante résonance personnelle pour ceux qui la fréquente dans leur intimité ou dans leur entourage, ne cessant jamais de défier tout appel à une possible normalité.
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Unica Zurn est une écrivaine et plasticienne allemande née en 1916. Elle participa au courant surréaliste avec son compagnon Hans Bellmer. Elle composa des poèmes sous forme d'anagrammes et des textes poétiques ainsi que de nombreux dessins et des gravures.
Elle fut très proche d'Henri Michaux qui lui a inspiré le présent livre "L'homme Jasmin" et écrivit également un récit fantasmé d'enfance et de jeunesse intitulé "Sombre Printemps".
Elle fut très appréciée du cercle surréaliste car elle était la seule à pouvoir franchir la zone qui sépare la réalité de l'imaginaire grâce à ses troubles psychiatriques dont elle sut faire une source de création.
Unica Zurn se suicida en 1970.
L'homme Jasmin est le journal d'une folie. On mesure bien à sa lecture le génie de cette femme qui sut transformer des symptômes cliniques dont elle connaissait la banalité en oeuvre d'art. le style est limpide et envoûtant.
Pourquoi n'est-elle pas davantage connue ? Sans doute, l'univers de qui passe à travers le miroir est-il inquiétant. Mais cette lecture est une expérience à tenter si on aime le surréalisme.
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Découverte dans ce livre d'un mystère trop rationnel pour ne pas être psychotique. Mystère démystifié et vide qui n'attend que la toute-puissance du néant pour anéantir tout signe de vie. En attendant, le mystère se traîne et se cogne contre la banalité quotidienne. Unica Zürn témoigne d'une folie discrète qui pourrait presque passer inaperçue si elle ne venait pas saluer régulièrement son entourage sous la forme du retour d'une obsession étrange, fascination autour d'un mot ou d'une image qui devient, l'espace de quelques jours, le point iconique guidant une existence, et plus réel que les objets alentours.


Le récit de Zürn témoigne de ces crises qui surgissent entre deux périodes où les jours s'écoulent, calmes et pleins d'une énergie qui déjà tourne en rond. La créativité littéraire s'épanouit alors sous forme d'anagrammes. Lors des crises, c'est l'inquiétante étrangeté qui vient se glisser partout et fait au monde ordinaire se superposer une nouvelle réalité d'interprétations discordantes.
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