Il savait bien déjà que les grandes personnes mentaient, qu’elles avaient recours à de subtils et hardis faux fuyants, à des mensonges glissant entre les mailles étroites de la vérité et à de malignes équivoques. Mais cette façon impudente et froide de nier effrontément le rendait enragé.
Je sais que les grandes personnes sont imprévoyantes. Elles croient que toute notre vie nous restons de petits enfants et que, le soir, nous dormons toujours ; elles oublient qu’on peut aussi faire semblant de dormir et être aux aguets, qu’on peut se donner des airs d’imbécile tout en étant très intelligent.
Son regard était très calme, comme celui d’un médecin. Autrefois peut-être, il aurait fait le méchant, pour les mettre en colère, mais on apprend beaucoup et vite, quand on a de la haine.
Pour les enfants, être envoyé au lit est une punition terrible, parce que c’est pour eux une humiliation évidente devant les grandes personnes, l’aveu de leur faiblesse et de leur infériorité.
Il n’était pas étonnant qu’en lui se développât le sentiment illusoire d’être une grande personne. Déjà l’enfance n’était plus pour lui, dans ses rêves de lumière, qu’une chose du passé, semblable à un vêtement dont on se débarrasse parce que devenu trop petit.
Les enfants sont toujours fiers d’une maladie, parce qu’ils savent que le danger les rend deux fois plus importants aux yeux de leurs parents.
Il savait qu’il avait besoin du contact des hommes pour faire briller tous ses talents, pour animer la chaleur et la pétulance de son cœur, et que, laissé à lui seul, il était sans valeur et froid comme une allumette dans sa boîte.
...on apprend beaucoup et vite, quand on a de la haine.
un hôte étranger, la méfiance, avait pris place dans sa poitrine d'enfant.
Parfois ce n'est qu'une seule et mince cloison qui sépare les enfants de ce que nous appelons le monde réel et un souffle de vent fortuit la leur ouvre brusquement