Ne crois-tu pas que la paix est un acte, et l'acte d'entre tous les actes ? Jour après jour, tu dois l'arracher à la gueule des menteurs et au coeur des hommes. Seul, tu dois te tenir contre tous, car le bruit est toujours dans la multitude et les mots au mensonge. Ceux qui ont l'esprit doux doivent être forts, et ceux qui veulent la paix vivent dans une querelle éternelle.
Dois-je construire une maison dans l'abîme et ma vie dans la mort ? Je te le dis, mère, bienheureux celui qui n'accroche pas son coeur au vivant, car qui respire cette journée boit déjà de sa mort.
Paisible la ville, paisible la campagne. Moi seul, je brûle nuit après nuit, je m'effondre avec toutes les tours, je fuis la fuite, je me consume dans les flammes, moi seul, moi seul, les entrailles retournées, je me lève d'un bond, en titubant, du lit brûlant vers la lune, pour qu'elle me rafraîchisse !
Nous sommes étrangers l'un à l'autre comme les arbres de la forêt, mais eux poussent tranquillement et fleurissent de leur sève, alors que nous nous déchaînons les uns contre les autres à la hache et au glaive, jusqu'à ce que le sang s'écoule de notre corps comme de la résine. Qu'est-ce qui met la mort parmi les hommes, qu'est-ce qui sème la haine entre eux, puisqu'il y a tant de place pour la vie et tant de temps pour l'amour.
Ceux qui crient aujourd'hui à la paix, je les ai entendus, rageur, réclamer la guerre, et ceux qu font honte au roi aujourd'hui l'ont alors acclamé. Malheur, ô peuple ! Ton âme parle un double langage, et le moindre vent change ton opinion ! Vous avez fait les catins avec la guerre, portez à présent son fruit !
Mais celui qui perturbe la paix sera lui-même bouleversé, celui qui sème le vent dans le monde récoltera la tempête dans son âme.