Dans son autobiographie,
Stefan Zweig avoue se laisser porter à idolâtrer les personnes l'inspirant. Cela se voit dans plusieurs passages du livre, et aussi dans ces biographies.
En parlant de biographies, Zweig en a écrit beaucoup, les plus célèbres étant
Marie-Antoinette, Trois Maîtres, sur
Balzac, Dickens et Dostoiesvki.
Souvenirs et rencontres est une compilation de biographies et d'essais sur des artistes.
Déjà, il faut dire que tout le chapitre sur
Emile Verhaeren est tiré du Monde d'Hier, l'autobiographie hautement recommandable de
Stefan Zweig. le choix est compréhensible, mais bon, parlez d'inédit pour celui-là...
D'ailleurs, l'origine de ces textes n'est pas donnée, pas plus que leur chronologie. Impossible donc de se repérer dans la vaste bibliographie de Zweig. Certes, ce n'est pas très important pour apprécier le livre, mais tout de même, un mauvais point pour Grasset.
Au niveau du contenu, donc: 13 textes, soit 13 chapitres. On commence en Belgique avec
Emile Verhaeren, on croise des visages connus comme Gorki,
Rimbaud,
Goethe et Joyce avec son
Ulysse, mais aussi des personnalités moins connues ou oubliées, comme Hans Carossa,
Frans Masereel, graveur sur bois, ou
Marceline Desbordes-Valmore, poétesse française et seule femme présente dans le récit.
Les écrits en eux-mêmes ne sont pas tous des biographies. Il y a un éloge funèbre à
Rilke, un essai sur le
Ulysse de
James Joyce et un autre sur la
poésie de
Goethe.
La psychologie a toujours été le point fort de Zweig, qui parvient toujours à s'immiscer avec justesse dans l'esprit des personnes dont il parle. Malheureusement, la sauce ne prend pas toujours dans ces pages, Zweig manquant de recul par rapport à son sujet. Trop souvent, il se laisse aller à ne faire que vanter les qualités de l'artiste sur lequel il écrit, sans vraiment nous en parler. Cela se ressent sur certains chapitres, comme les deux premiers, mais surtout sur celui d'
Ernest Renan, très court, mais qui ne nous apprend rien sur ce poète, si ce n'est qu'il était français.
Les autres textes, ceux qui ne sont pas touchés par ce défaut, ne déboussoleront pas les amateurs de
Stefan Zweig, dont ils retrouveront le style. Sans être aussi réussis que Les très riches de l'humanité, certains textes se lisent très agréablement. le dernier, celui sur
Marceline Desbordes-Valmore, est pour moi le meilleur du recueil.
Un recueil donc pas très recommandable, puis-qu'après tout ces textes n'étaient pas fait pour êtres réunis ensemble. J'aime à voir ce livre comme un apéritif dans la bibliographie de Zweig: un livre qu'on lirait rapidement, avant de passer à un plus réussi mais plus consistant, comme
Les très riches heures de l'Humanité, ou le Joueur d'échec.