Ah ! quelle bêtise de dire la vérité ! Où donc irait le monde si chacun s’y laissait aller !
(p. 159)
Moi,je n'ai rien juré du tout ! C'est ma peur qui lui a promis...
La peur !...La peur! Quelle invention terrible ! Encore pire que la pauvreté!
Les soupirs s'envolent .mais l'argent ,mon bon argent ,reste là bien au chaud.
Les pauvres n'ont pas d'honneur.
Il n'y a pas meilleure épice que l'envie .
Une chambre spacieuse et magnifique dans le palais de Volpone à Venise.
A gauche, le lit de repos de Volpone, large, riche, clos de rideaux mobiles.
Le matin de bon heure. Les rideaux des fenêtres sont à demi baissés.
Scène première
Volpone, Mosca, des serviteurs
Mosca, jeune, élancé
- Hé ! Holà ! Apportez le déjeuner. Le maître se lève.
(Entrée des serviteurs)
A son lit, là-bas ! Encore une mauvaise nuit qu'il vient de passer. J'ai bien peur qu'il n'entende plus beaucoup de fois sonner les cloches de Venise. Mais n'en laissez rien voir. Gardez la mine réjouie.
Quand il se plaint, faites semblant de ne pas entendre. Vous savez qu'il n'aime guère la pitié. Mettez de l'entrain et de la gaieté dans le service.
Toi, prends ta mandoline, et joue-lui son air préféré. Allons ! Du mouvement, je vous dis ! une allégresse de bon aloi ! Pendant ce temps-là, je l'amène ici...
(lever de rideau de "Volpone" pièce de Jules Romains et de Stephan Zweig, parue dans la collection "Le manteau d'Arlequin" aux éditions "Gallimard" en 1991)
Ce qu’il vient faire ? Soutirer l’héritage, pardi ! Qui vient chez un riche mourant, à part le docteur et le fossoyeur ?
(p. 64)