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3,97

sur 454 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avant de de critiquer librement « Oro », il faut mettre un visage sur Cyzia Zyke. Cet homme, c'est une brute, un mastodonte vulgaire invité par Bernard Pivot sur « Apostrophe » en 1985 avec la chemise ouverte, une gitane au bord des lèvres, qui arrivait à tenir Olivier de Kersauson en respect en racontant à demi-mot ses viols et ses meurtres. Voilà, vous savez….désormais, à vous de choisir si vous ouvrez la couverture du bouquin pour découvrir, essayer de comprendre, mais attention….vous ne serez plus jamais vraiment la même personne après cette lecture (les critiques binaires en attestent d'ailleurs).

Qui est cet homme ? Un bandit notoire bordelais, habitué des séjours en prison avant sa majorité. Après ses 18 ans, un légionnaire ultraviolent rêvant d'aventures exotiques, après son licenciement de l'armée on le verra pilleur de tombes en Argentine, et il deviendra aventurier orpailleur en Amérique Centrale, une tranche de vie dont il publiera les mémoires dans « Oro ». Par la suite, on le verra roi des mafieux et homme de main à Toronto dont il racontera les anecdotes dans « Parodie », puis passeur clandestin et roi du marché noir automobile africain, épisode passé à la postérité dans « Sahara ». Il continuera ses pérégrinations criminelles jusqu'à son décès en 2011, avec, en fil rouge, une tentative de carrière littéraire concurrençant les SAS de Gérard de Villiers, dont il ne subsiste qu'une dizaine de navets.

Dans « Oro », Cyzia Zyke devient orpailleur clandestin au Costa Rica. Il s'entoure d'autochtones, des paysans et bandits locaux, et de quelques fidèles occidentaux. Il s'arme, part dans la jungle, et se lance dans cette incroyable entreprise ! A partir de là, on ne peut plus raconter…je vous laisse seuls, partir à la découverte de ce mythe. il s'agit d'une tranche de vie, pas d'un récit en trois étapes intermédiaires. Des viols aux meurtres, en passant par les épisodes de fortune en découvrant des pépites, aux épisodes les plus lugubres et les pertes de milliers d'euros au tripot, en passant par des visites au bordel, aux rendez-vous avec policiers et militaires corrompus, sans oublier la vie dans la jungle, son univers hostile, ses bêtes, ses maladies, ses hommes….ne cherchez pas, il n'y a pas de morale, pas d'happy ending. le récit est cru et relate les quelques années d'orpaillage avant la fuite du pays….poursuivi par des centaines de militaires armés jusqu'aux dents. Certes, cet homme est une ordure, un fou furieux innomable….et même si on ne lui prête pas les traits d'Indiana Jones, il s'agit quand même d'un des derniers aventuriers français.
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Après avoir lu Alma, j'ai eu envie de redécouvrir Cizia Zykë, et par extension Thierry Poncet. J'ai donc commencé par ressortir Oro de ma bibliothèque, puis Sahara et Parodie.


De ces trois récits autobiographiques, Oro demeure pour moi le plus percutant, sans doute parce que c'est le livre qui a fait découvrir au public le formidable personnage de Zykë et que l'effet de surprise y joue à plein.


Ce sont autant le fond que la forme qui sortent de l'ordinaire : le style est d'une part rapide, nerveux, centré sur l'action, mais aussi cynique, cru, provocateur et ironique. Le récit est mené tambour battant au fil des péripéties vécues par un Zykë épris de liberté et de sensations fortes, rebelle à nos vies de moutons domestiques, et qui a fait le choix d'une existence d'aventurier : prêt à tout, d'un courage et d'une capacité de résistance peu communs, sans foi ni loi, pas gêné par l'illégalité et par la démonstration de force, mais généreux et guidé par des principes personnels de loyauté et d'honneur, ce meneur d'hommes, fin psychologue et habile manipulateur, ne s'attache à rien d'autre qu'à l'instant présent.


Flambeur et jouisseur, menant ses expériences jusqu'au bout puis les abandonnant sans regret pour repartir de zéro, cet opportuniste mégalomane qui a tâté de la prison s'adonne à tous les excès : le sexe, la drogue, le jeu, le danger. Macho, exigeant et autoritaire, se comportant en prince et maître vis-à-vis de son entourage, c'est aussi un séducteur invétéré et un ami indéfectible.


Oro relate ses aventures au Costa Rica au début des années 1980 : d'abord orpailleur clandestin, il réussit à monter une holding tout à fait légale, une mine d'or qui fait sa fortune, jusqu'à ce que ses associés véreux tentent de l'éliminer et qu'il doive fuir le pays avec juste quelques kilos d'or en poche. Les conditions de vie et de travail relatées sont extrêmes, le danger permanent, qu'il provienne de la jungle elle-même, de l'exploitation minière ou de la rapacité des hommes.


Dans cet environnement sans pitié, seuls la force et le courage (associés à la coke) permettent de survivre. Zykë n'y va pas de main morte et se comporte en véritable chef de guerre : c'est à la schlague et du bout de son P38, mais aussi avec une formidable capacité à mener les hommes, à forcer le respect et à nouer les amitiés, qu'il établit son leadership et réussit l'impossible.


Oro est un récit d'aventure vécue, addictif, dépaysant, surprenant, choquant, drôle : une histoire d'homme sans illusion, sans scrupule ni concession, capable d'aller au bout de ses envies et d'en payer le prix s'il le faut. S'il sait se montrer dur et impitoyable envers ses ennemis et ceux qu'il méprise, c'est aussi un homme droit dans ses bottes, fiable et généreux, dont il fait bon être l'ami.


Oro est une lecture coup de poing, dont on ressort hypnotisé. Coup de coeur donc.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L’aventure, c’est l’aventure.

Costa Rica, début des années 80. Un voyou fauché, consommateur de drogue, ancien trafiquant d’art pré-colombien et j’en passe, sillonne le Corcovado pour se lancer dans l’orpaillage. Il est accompagné de sa compagne, Diane, et de camarades de fortune. Le long du fleuve, les « oreros » retirent des paillettes d’or de façon assez artisanale et semblent condamnés à une existence harassante et sans avenir. La troupe se lance dans les affaires et embauche des locaux pour une extraction d’or à grande échelle. Là-bas, les différents se règlent à l’amiable ; si ce n’est pas autour d’un verre, c’est à coup de gifle ou de revolver. Il y a un peu de Pieds Nickelés dans leurs histoires, et c’est même désopilant.

Oro, c'est d'abord cette interview dans Apostrophe par Bernard Pivot d'un gars assez balourd qui scotche tout le monde dans son fauteuil. Ensuite il y a le livre. Entre ce qui est vrai et ce qui est inventé, on s'en fout. Zykë arrache tout sur son passage : il se marre, il prend les filles peu farouches qu'il croise dans la jungle, il négocie des terrains à des paysans décérébrés, il magouille avec plus fort que lui, fait fortune puis finit en taule. C'est Tintin au Costa Rica, avec la dégaine de Rastapopoulos et un joint au coin des lèvres. Avec lui, l'aventure c'est à sec, sauf quand il faut s'enfiler du whisky avant d'aller au bordel.

Zykë raconte cette odyssée menée à travers les délires de la malaria, les fumées de joints, les brumes de l’alcool, la pluie et la faim. On se marre car, avec lui, il n’a aucun interdit à part la bêtise et les bonnes manières. Il dynamite tout sur son passage : la corruption locale, les femmes un peu légères, les amateurs d’aventures, les petits chefs, les serpents, les cochons et les imbéciles. Oubliez tous les codes : c’est macho, brutal, hors norme, indécent …

Cependant derrière le récit rabelaisien de cet aventurier contemporain se cache une faille immense. On la devine à travers quelques lignes où il évoque son amour pour Diane et leur fils défunt.

A quoi rime cette aventure ? Creuser le sol pour fuir la douleur est peut-être la seule solution trouvée par ce jouisseur, dur au mal et intraitable. Trouver un filon aurifère fabuleux pour montrer au monde qu’il est malgré tout le maitre du jeu. Cette aventure serait alors une révolte.

Pour le lecteur, ce livre est aussi une pépite. Qui aujourd’hui oserait écrire un texte aussi incorrect ? Phénomène littéraire, Zykë ne s’embarrasse pas du politiquement correct. A lire au moins une fois dans sa vie.
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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On dit souvent que lire ça fait voyager. Si c'est votre cas vous pouvez plonger dans ce livre les yeux fermés.
Attention quand même... Si vous aimez voyager dans le luxe, 1ere classe avec la jolie hôtesse, visites organisées avec le beau guide et mojito en fin de journée à la terrasse de votre lodge, c'est pas pour vous.
Parce Cizia Cikë va vous trimballer au fin fond de la jungle du Costa- Rica, et c'est pas tout confort.
En nous racontant cette période "aurifère" de sa vie l'auteur va se livrer all inclusive.
Cet aventurier comme on en fait plus va nous entraîner dans une aventure comme on en fait plus.
Vous apprendrez donc comment on cherche de l'or, comment vivre dans la jungle entouré des pires sans foi ni loi d'Amérique Latine, comment la violence est parfois incontournable et comment ne pas mourir d'une morsure de serpent.
On y apprendra aussi qu'en Amérique Centrale comme ailleurs la corruption est partout, et que tout le monde est pourri, du villageois costaricien jusqu'àu plus haut niveau de l'état.
Parce que l'or les rend fous, tous sans exception.
Et l'auteur dans tout ça ?
L'auteur, comme je vous l'expliquais plus haut est un personnage rare et qui nous raconte la vie qu'il a choisi.
Une vie d'aventures, de violences, de victoires et de cuisantes défaites.
Millionaire le lundi et sans le sou le lundi d'après.
Cizia Zikë va donc nous emmener avec lui et nous apprendre sa morale, son code d' honneur et ce qui fait de lui l'homme qu'il est.
Ho certes il est violent, mysogine et à la limite parfois de l'esclavagiste.
(Avec le politiquement correct installé de nos jours il est d'ailleurs évident que ce livre ne pourrait être édité en 2021.)
Mais il a aussi un côté attachant et je ferais plus confiance à ce genre de gars qu'à un politicien en col blanc qui me fait son plus beau sourire.
Oro est l'histoire d' un homme à part, qui a choisi son chemin de vie et qui l'a toujours assumé.
C'est pour découvrir cela qu'il faut lire ce livre.
Après si vous préférez les mémoires d'un expert comptable à Rambouillet, c'est pas pour vous !
Comme je l'écrivais en préambule, on voyage en hôtel de luxe ou on part à "la roots" avec son sac à dos.
Avec Cikë ça sera donc sac à dos et à la dure.
Et l'écriture dans tout ça ?
Parce qu'on parle quand même d'un livre non ?
Et bien l'écriture est à l'image de l'auteur : efficace, brutale, sans concession mais également attachante.
Pour moi un bon écrivain est celui qui arrive à m'emmener dans son univers et qui me donne envie de plonger dans son livre des que la journée est terminée.
Alors bravo à Cikë qui a réussi à me captiver dans ce livre.

Ziké sera pour certains un aventurier au parcours hors du commun, une brute épaisse pour d'autres.
À vous d'en décider.

Moi j'ai choisi.



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Lire ORO c'est comme boire des rhums avec un pote qui te raconte son dernier voyage en le grossissant à souhait.... Un régal.
On se fout du style littéraire, de savoir si ce type a fait des études ou s'est inspiré de tel ou tel écrivain. Non il ne fait du Jack London ni du D'Ormesson. Il a peut être emprunté un peu de produit à Sagan mais rien à sa plume.

Il fait du Zyke, de la première à la dernière page on dévore ce livre et le pire c'est qu'on en redemande. On en veut encore plus de la crasse, de la baston, de l'esclavage, de la grossièreté, de la drogue.

Je le conseille vivement
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Avant d'ouvrir ce livre, il faut connaître les préceptes de vie qui ont accompagnés Zikë tout au long de son existence : ni Dieux, ni lois, seule la Liberté.
Cizia Zikë a vécu 1000 vie, Oro est le récit de l'une d'entre elles.
Arrivé avec Diane sa compagne au Costa Rica au début des années 80, hébété par des mois d'errance et d'excès à la suite du décès de son nouveau né, Cizia Zikë va trouver dans ce petit pays d'Amerique Centrale, le terrain propice à l'une des ses plus rocambolesques aventures.
Se jetant à corps perdu dans la prospection d'or, comme la quête mythique d'un El Dorado pour seule rédemption, il connaîtra demi succès et cuisant échec avant d'être repéré par l'entourage du nouveau président qui lui confiera la responsabilité d'exploiter l'or de la péninsule d'Osa.
C'est en véritable despote qu'il va régner sur une troupe de va-nu-pieds, les abrutissant au travail avant de finir par les façonner à son image.
Drogué, voleur, violent, escroc, misogyne, macho, esclavagiste mais aussi fidèle en amitié, charmeur, courageux, séducteur, drôle, chevaleresque, Zikë est tout à la fois et il nous livre ce récit autobiographique sans filtre ni édulcorant. Qu'on le déteste ou qu'on le vénère, force est de constater que dans le genre, on n'a pas fait mieux depuis.
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Un vrai héro des temps modernes et une plume à déchirer le papier. On aime ou on déteste. Les aventuriers, les rebelles et les bourlingueurs en redemanderont ; les autres découvriront un monde implacable, rude et déglinguer. Ce monde existe. Personnellement j'ai tout lu et tout aimé. Dans le même registre il faut lire Andras Fenris (Urban Massai, Chevalier du 3ème sous-sol, Place défaite et Testamentum). Une plume de la même trempe, un caïd de l'écriture. Il sait tout faire, dans tous les styles. Comme Zyké, Andras passe du style urbain, au monde enfantin et à l'essai historique sans se tromper… une prouesse !
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Un récit d'un d'aventurier moderne passionnant . Cizia Zyke nous livre ici un récit autobiographique de ses aventures de chercheurs d'or . On s'attache très vite au personnage de Cizia Zyke, et on se passionne pour ses aventures .
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Si le mot "aventurier" a un sens, alors personne ne le mérite plus que Cizia Zykë. En lisant cette histoire, on croit revivre la ruée vers l'or
des pionniers au début du 19ème siècle, sauf que ça se passe à la fin du 20ème. Des chercheurs sans foi ni loi s'installent dans la jungle pour en tirer le métal précieux. En regardant de plus près, on constate que l'auteur et ses associés méprisent les règles de notre monde, mais ce n'est pas l'anarchie du Far West, ils appliquent un certain code de l'honneur. Et malheur à celui qui ne le respecte pas, Cizia Zykë n'aime pas les tricheurs ...
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On adore ou on déteste! Cizia ne laisse personne indifférent. Ce que j'ai le plus aimé est l'honnêteté du récit, Cizia évolue dans un monde violent où il adosse le costume à la perfection. Il est brutal, cynique mais vrai. Il le dit lui même, il n'est pas un grand écrivain mais un vrai aventurier qui vit sans limites et avec surtout beaucoup de liberté.
Ce monde corrompu, barbare existe, Cizia Zyke n'a aucune envie de nous mentir, il nous le raconte humour et sincérité.
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