AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 243 notes
5
26 avis
4
22 avis
3
8 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Victor del Arbol, une des grandes plumes de la littérature mondiale reconnues depuis longtemps, auteur notamment "LA TRISTESSE DU SAMOURAI ( critique ici même) " et la Maison du Chagrin sans oublier le dernier en date "La veille de presque tout "( voir critique) est l'un des très grands auteurs de romans noirs encore vivants , et même auteurs de romans tout court, tant ses romans, d'une ambition et d'une classe folle, dépassent largement le simple cadre du roman de genre ( une étiquette que del Arbol n'aime pas beaucoup d'après ses interviews.

Les romans de del Arbol, comme leurs titres d'ailleurs l'invitent fortement, distillent en effet une charge poétique indéniable qui ne laisseront pas insensibles les chanceux qui oseront s'y aventurer.

C'est évidemment le cas pour son dernier roman en date, "Par delà la pluie, sorti en France en tout début d'année, dans la fidèle collection noire d'Actes Sud, la bien nommée Actes Noir.

Une fois de plus, del Arbol s'engage sur un genre a prioriement bien ciblé, ici le road movie, mais pour en faire quelque chose particulièrement ambitieux et à la construction très aboutie.

Une intrigue dans laquelle il sera notamment question de tenter de refermer les blessures traumatisantes de l'enfance, et de personnages complexes, généralement marqués par la vie mais qui tentent une hypothétique résilience. Une intrigue dont la maitrise d'ensemble laisse béat d'admiration .

Dense et bouleversant, Par-delà la pluie brasse une multitude de thématiques. comme la valeur de la mémoire, le déterminisme social, les relations père-fils, la dépendance liée à l'âge, la liberté individuelle, la transmission d'une génération à une autre, la culpabilité face à l'histoire et plus particulièrement comme souvent chez l'auteur les stigmates de la guerre d'Espagne.

La souffrance intérieure qui anime les deux protagonistes principaux, Helena et Miguel, emporte avec elle toute la charge émotionnelle de ce roman polyphonique qui possède irrémédiablement une grande résonance poétique témoignant d'une plume hors du commun..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          606
J'avais été très séduit, il y a quatre ans, par Toutes les gouttes de l'océan (rebaptisé depuis, semble-t-il, Toutes les vagues de l'océan), oeuvre de l'écrivain espagnol Victor del Arbol. Dans son dernier roman, Par-delà la pluie, je retrouve la même brutalité sordide dans les faits racontés et dans la façon de les raconter. Je retrouve le même ancrage du récit dans la mémoire tragique de l'Histoire, en l'occurrence celle de la dictature franquiste en Espagne dans les années quarante et cinquante.

Je retrouve aussi la même pluralité de personnages, de lieux et d'intrigues, dans laquelle je me suis senti un peu perdu au début, ne voyant pas ce qui les reliait. Mais l'incontestable cohérence de l'ensemble apparaît peu à peu, comme un puzzle à construire à l'aveugle, qui ne révèlerait son image finale qu'à la pose des dernières pièces.

On dit que Par-delà la pluie est un roman noir. Est-ce le cas ? L'auteur a conçu la partie de l'ouvrage située en Suède comme un polar, au demeurant très captivant, dont les chapitres s'intercalent avec ceux de la fiction principale en Espagne. Mais ces deux parties sont tellement différentes et indépendantes – au-delà de quelques liens – que je me demande si Victor del Arbol n'est pas prisonnier de l'image qu'on a de lui et qu'il a contribué à façonner, celle d'un auteur de roman noir.

N'est-ce pas en fait la problématique à laquelle sont soumis les personnages principaux du roman ?

A soixante-quinze ans, Miguel vit seul. Depuis sa jeunesse, il porte des lunettes d'écaille et une moustache à laquelle il apporte un soin maniaque : un masque à l'image de l'homme qu'il voudrait que l'on voie en lui. Il a mené une vie professionnelle et familiale on ne peut plus classique, régie par une vision très stricte de ce qu'il devait faire. Un parcours limpide dont il a longtemps pensé qu'il était réussi. Mais Miguel est désormais confronté à des difficultés qu'il ne sait pas résoudre et il ressent de surcroît les tous premiers effets d'un Alzheimer.

Encore belle à soixante-dix ans, Helena vit seule, elle aussi. Quand elle avait onze ans, sa mère s'est suicidée devant elle, après avoir cherché à l'entraîner dans la mort. Elle a mené depuis une vie compliquée et éprouvante, dont on ne connaîtra les tenants et aboutissants que vers la fin du livre, car elle les camoufle, en même temps que sa peur de l'avenir, derrière du persiflage et de l'extravagance : son masque à elle.

Les contraires s'attirent souvent, Helena et Miguel pourraient en attester. Pour sortir de leur faux-semblant, ils vont entreprendre ensemble ce que l'auteur nomme « un road movie symbolique ». (Ce n'est pas un hasard si les deux femmes qui ont le plus compté pour Helena s'appellent Thelma et Louise). Un voyage censé les amener d'Andalousie jusqu'en Suède. Un voyage semé d'écueils : préparez-vous à des rebondissements. Un voyage qui pourrait les aider à regarder en face leur passé, celui de leur père, celui de leur mère, et celui de leur pays.

Au travers des péripéties surprenantes imaginées par l'auteur, la narration aborde plusieurs questions de société actuelles, parmi lesquelles le problème des femmes battues par leur conjoint. Mais le sujet central du livre est la peur de vieillir, notre peur de vieillir. Elle ne serait pas notre peur de la mort, mais au contraire notre peur de la vie, faute de lui avoir donné un sens adapté à ce que nous sommes réellement, et non pas à ce que nous croyons vouloir être, empêtrés dans une mémoire que nous n'assumons pas. Et il n'est jamais trop tard pour conjurer notre peur et vivre la vie comme elle vient.

Un livre qu'on ne lâche pas. de très belles pages, des passages émouvants. Mais aussi, parfois, des approximations dans l'expression. Peut-être un problème de traduction.

Par-delà la pluie !... « Par-delà les confins des sphères étoilées… », écrivait Baudelaire. Dans le dernier chapitre, libéré de sa peur de l'avion, Miguel sillonne pour la première fois l'immensité profonde, au-delà des souvenirs mouillés qui chargeaient de leur poids son existence brumeuse.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          562
Le poids de la mémoire est la pierre de voûte de tous les romans de Victor del Arbol.

L'auteur catalan explore inlassablement l'incommunicabilité des traumas familiaux.
Les victimes souhaitent s'affranchir des ténèbres d'un passé qu'elles n'ont pas connu mais qui conditionne en tous points leur rapport au monde.

Par-delà la pluie confirme la règle et soulève des questions essentielles : Faut-il déterrer le passé ? Toutes les vérités sont-elles toujours bonnes à dire ?

Constitué de plusieurs histoires qui se croisent et se fuient, tout comme la vie, ce roman feuilleton est une sorte de road-movie qui traverse des pays mais qui surtout revient dans le temps, là où sont nés tous les traumatismes que les personnages portent dans leurs chairs.

Ce voyage est une métaphore de la vie qui passe et de comment nous construisons ce que nous sommes à travers nos souvenirs.
Il est beaucoup question de sables mouvants de l'Histoire qui engloutissent les fantômes, telles des portes tournantes.

Dans ce roman paru en 2017, l'on ressent la profondeur, l'acuité du regard et la maturité de l'écriture de Victor del Arbol.
Il se distingue véritablement en tant que passeur d'histoires qui jongle avec un découpage presque cinématographique à tous les niveaux de la narration.

Nous ne pouvons pas échapper à ce que nous sommes.
Rien ne pèse autant que la mémoire.
Victor del Arbol déterre ce qu'on veut taire, oublier, minimiser, par confort par fuite, par douleur

Mais il rappelle combien il est nécessaire de nous libérer de nos peurs et de nos amarres, seul chemin vers le bonheur et la renaissance.

On referme ce roman avec en tête nos propres souvenirs d'enfance, nos craintes, nos peurs et nos doutes.


Commenter  J’apprécie          550
Ne vous fiez pas à la catégorie dans laquelle ce roman est publié : ce n'est pas un roman noir, mais un roman qui fait du bien. En tout cas, moi j'en suis ressortie toute revigorée, toute ragaillardie. Et peut-être bien même que c'est un roman d'amour !

Certes, ce n'est pas de la grande littérature, certains passages sont encombrés de détails inutiles (la marque de fabrique des romans policiers, peut-être ? Je me rappelle avoir suffoqué sous l'amoncellement de détails dans les romans de Franck Bouysse et d'autres encore) . le début est un peu pénible avec la scène du suicide de la mère et les premiers plans tournés en Suède dignes d'une série B.

Mais ça vaut la peine de s'accrocher un peu et de faire la connaissance d'Helena et du professeur Marquès, deux adorables personnes âgées qui n'ont qu'une seule envie, celle de profiter de la vie en dépit de leur âge, des interdits imposés par la rigide directrice de la maison de retraite et du regard de leurs co-résidents. Et à partir de là on se laisse aller dans un roadmovie en Espagne, depuis Tarifa tout au sud de l'Andalousie, jusqu'à Barcelone, en compagnie d'Helena et de Miguel, deux êtres que tout oppose.

C'est l'occasion de visiter l'Espagne et son histoire à travers la vie des personnages. C'est un roman initiatique où des êtres de lumière irradient des personnes ordinaires, ternes et tristes. Un roman sur l'amitié, sur l'amour et sur le pardon. Un roman qui nous dit qu'il n'est jamais trop tard pour apprendre à vivre.

PS : l'intrigue policière qui se déroule en Suède, loin, si loin de l'Espagne, n'est au fond qu'un prétexte qui ne pèse pas bien lourd dans cette histoire. Amateurs de polar, vous voilà avertis !
Commenter  J’apprécie          410
La dédicace de ce roman de Victor del Arbol donne d'emblée le La : « A ceux qui aiment la vie par-delà les déroutes ».
Tout commence à Tanger en 1955. Thelma, une Espagnole de bonne famille pleure la fuite de son mari adoré. Au lieu de lutter pour se reconstruire, elle préfère se laisser couler vers l'abîme. Un matin où l'exaltation suit la prostration, elle arrache sa fille Helena (12 ans) à son sommeil pour l'emmener voir la mer.
Au lieu d'un bain mère-fille réparateur, Thelma a décidé de se suicider et d'entraîner son enfant avec elle... le climat de cette intrigue est d'emblée donné... Mais à peine s'est-on remis de ce choc qu'on se retrouve à Séville en 2016 dans l'appartement confortable de Miguel, un ex-directeur de banque devenu veuf.
Alors qu'il rend visite à ses copains retraités dans un café du quartier, il est subitement victime d'un blanc mental : il ne sait plus où il est et ce qu'il fait là. Alzheimer a frappé. Au même moment, à Tarifa deux-cents kilomètres plus au sud, Helena se souvient de son sauvetage par ses grands-parents maternels Whitman. de l'affection que lui prodiguait sa grand-mère Alice, des années passées ensuite comme interne dans un prestigieux collège britannique. Et surtout de Louise, sa meilleure amie et son premier grand amour.
Sans transition, on se retrouve à Malmö en Suède. Yasmina, petite-fille d'un immigré marocain flirte avec le commissaire Gövan, un notable marié et faussement droit dans ses bottes. Elle tombe irrémédiablement amoureuse de lui, mais elle n'est pas certaine que la réciproque soit vraie tant le fossé social qui les sépare semble difficile à combler.
Tous ces personnages l'ignorent encore, mais un fil ténu les relie que seul l'épilogue révélera. Et contrairement à ce que les quelques lignes ci-dessus laissent penser, ce roman choral n'est pas déprimant, mais il est dur. Comme la vie parfois.
J'ai été incapable de lâcher ce pavé de cinq-cents pages malgré les coups incessants encaissés par ses nombreux protagonistes. J'ai rentré ma tête dans mes épaules et j'ai poursuivi cette quête haletante, car Victor del Arbol traite avec élégance des sujets qui nous ébranlent en tant qu'humain : la trahison par son meilleur ami, l'abandon, la maladie mentale, les regrets de toute une existence, la lâcheté crasse et la violence...
Mais il parle aussi, heureusement, d'amitiés improbables, d'amour filial, de résilience, de seconde chance et de vies qui, jusqu'au dernier souffle, restent à écrire !
Une très belle découverte que ce romancier ibérique dont j'ai hâte de lire d'autres romans.
Commenter  J’apprécie          200
Il y a quelques années, j'avais lu La tristesse du samouraï, premier roman publié en France de Victor del Arbol, qui lui a apporté le succès (mérité) et la notoriété. Un roman profondément triste, dur mais d'une incroyable densité, révélant les horreurs de la guerre civile espagnole à travers les échos de cette période des décennies plus tard. Je me souviens en avoir admiré la dextérité de la construction. Pourtant, j'étais réticente à replonger dans son univers, très noir à mon goût. le thème de Par-delà la pluie m'a semblé plus abordable, moins désespéré, et une rencontre en librairie avec l'auteur a fini de me convaincre. Bonne pioche ! Ce roman est superbe, non pas pour sa facette polar qui sert simplement de prétexte. Non, il est superbe pour le regard que l'auteur porte sur la vie, le temps qui passe et les échéances qui se précisent avec leur cohorte de regrets, de remords, d'envies de se retourner sur son passé et de besoin de réconciliation.

C'est avant tout l'histoire d'une rencontre, une vraie. Entre deux êtres au crépuscule de leur vie, plus proches du renoncement que du nouveau départ. D'ailleurs, ils se rencontrent dans une maison de retraite, près de la mer, à Tarifa. Miguel se sait condamné à moyenne échéance par une dégénérescence neurologique qui lui cause déjà parfois quelques absences. C'est un homme habitué à tout planifier, ancien directeur de banque à la vie sans surprise. Sauf une fois, une aventure d'un week-end qu'il n'a jamais oubliée. Il s'est résolu à regarder les heures passer, loin de sa fille Natalia qui, à quarante ans s'apprête à devenir mère mais dont la relation amoureuse est empreinte de violence. de son côté, Héléna est une femme encore belle, imprévisible et indépendante. Pourtant hantée par quelques fantômes du passé qui jalonnent sa route, depuis l'enfance jusqu'à son mariage. Ces deux solitaires qui sont l'exact contraire l'un de l'autre vont ainsi s'attirer, se lier, se chamailler avant de décider finalement de ne pas s'enterrer dans ce mouroir et tenter de se réconcilier avec leur passé. Pour Héléna, l'objectif est Malmö en Suède où vit son fils qu'elle n'a pas revu depuis des années. Pour Miguel, il s'agit de retrouver cette fameuse Carmen, et de sauver sa fille des griffes de l'homme qui la tient sous son emprise. C'est donc parti pour un road-movie à bord de la vieille voiture de Miguel qui a trop peur de l'avion...

Pendant ce voyage, bien sûr, le passé des protagonistes se fait jour et éclaire petit à petit leur situation actuelle. La période de la guerre civile espagnole qui concernait leurs parents et grands-parents, avec des incidences dramatiques sur les vies des uns et des autres. On chemine entre Tanger, Londres, Barcelone et Malmö dans une traversée de l'Europe qui éclaire aussi les parcours de nombre de réfugiés. Au contact l'un de l'autre, Héléna et Miguel évoluent et laissent libre cours à des sentiments longtemps enfouis et qui impactent depuis toujours la relation avec leurs enfants respectifs. L'auteur parvient à donner à son traitement du thème de la transmission et du traumatisme un caractère universel, faisant le lien entre les conséquences des événements historiques dramatiques et les bouleversements des destins personnels. Et étend ses ramifications bien au-delà des frontières pour livrer un roman foisonnant sur le poids écrasant du passé.

Il se pourrait que Miguel et Helena figurent l'un des couples les plus émouvants de la littérature contemporaine, avec leurs rides, leurs bleus à l'âme, leurs esprits trop pleins de douleurs et leur proximité avec le vide qui influence leurs décisions. J'ai aimé cheminer avec eux, m'interroger, m'émouvoir aussi au milieu de la violence du monde et de la précarité des destins soumis à la vacuité de minables desseins criminels. J'ai aimé ce supplément d'âme offert par un écrivain inspiré.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          190
Comme pour tous les livres de Victor del Arbol, c'est noir. Très noir. A ne pas lire un soir de grosse déprime. Plusieurs histoires se rejoignent, le plus souvent dans la mort, au cours des dernières décennies. L'enfance, le franquisme, la violence, le sexe, et hop, on en arrive à cet opus très bien écrit.

Ensuite, pour être très clair, le récit est très descriptif. On découvre petit à petit les événements qui ont jalonné l'histoire des différents personnages et qui les conduisent dans ces pages. Les aléas de la vie sont le plus souvent tragiques, et il n'y a pas beaucoup, pour ne pas dire, pas du tout, de "bonnes personnes".

Il faut faire preuve d'optimisme pour croire en la nature humaine.

Je l'ai fini cette nuit, pendant une phase d'insomnie....
Commenter  J’apprécie          120
On retrouve dans ce roman les thèmes et les ambiances chers à Victor del Arbol, à savoir la résilience par rapport au passé, la rédemption, la mélancolie, la mémoire, il y a chez cet auteur une telle soif de boucler les boucles que ça en devient un peu lourd. Les boucles sont très nombreuses, les personnages aussi, et tous ont des destinés fatalement tragiques. Dans ce récit à 2 deux branches principales, l'une se déroulant en Espagne l'autre en Suède, on s'en doute les deux sont liées mais je n'ai pas été convaincu par ce lien, je l'ai trouvé un peu forcé au moment où elles se rejoignent. D'un côté, une histoire d'amour, de l'autre du polar pur et dur. j'ai préféré cette partie. L'écriture elle est toujours aussi belle, poétique et la construction précise. de bons moments de lecture, mais parfois un peu longs et poussifs.
Commenter  J’apprécie          100
Miguel et Helena se rencontrent dans une maison de retraite à Tarifa, à un âge où ils croient avoir déjà tout vécu. Miguel a peur de prendre l'avion. Helena est terrifiée par la mer. Ils ont tous deux des enfants adultes et se sentent relégués à un niveau presque ornemental. le suicide dramatique d'un colocataire leur ouvre les yeux. Ils ne veulent pas passer leurs derniers jours à se souvenir et à aspirer à des temps supposés meilleurs. Et ensemble, ils décideront d'entreprendre le voyage de leur vie, dans lequel ils découvriront que rien n'est définitif tant qu'il y a des illusions à poursuivre. Pendant ce temps, dans la lointaine ville suédoise de Mälmo, la jeune Yasmina, fille d'immigrés marocains et qui rêve d'être chanteuse, vit prise entre les soins de son grand-père autoritaire Abdul et le mépris de sa mère, pour qui Yasmina est une honte car il travaille pour un Suédois au passé trouble. Et elle a une liaison secrète avec le commissaire adjoint de la police suédoise, un homme plus âgé et important. Ces trois personnages dessinent une histoire sur la signification de l'amour et sur la façon dont les gens ordinaires peuvent être extraordinaires. Passé, présent et futur s'entremêlent dans ce voyage de Tanger en 1955 à Mälmo en 2014, métaphore d'un voyage bien plus important: celui de toujours vivre intensément.

Il y a des romans qui divertissent et des romans merveilleux qui vous font ressentir des émotions comme si vous les viviez : "par delà la pluie en fait parti. Un roman magistralement bien écrit, plein de réalités et de sentiments, bouleversant et tragique.

Ce qui compte pour les personnages de par-delà la pluie, comme pour nous, c'est le poids du passé, la fin de vie, les gens qui partent, les gens qui restent et les décisions que nous regrettons. En plus des conséquences , directement liées à la violence. Je pense que cette combinaison que l'auteur a créée sans aucun fléchissement (il n'y a pas une virgule de trop) est incroyable; Avec sa maîtrise étonnante des sauts de temps qui sont la marque de fabrique de cet excellent auteur espagnol. J'ai tout aimé dans le livre: l'atmosphère qu'il crée, l'histoire elle-même, le chemin qui mène à la fin, les personnages, la façon dont il raconte, tout.

Une histoire de personnes, plus que de personnages; certains dans la solitude de leurs soixante-dix ans, avec tous leurs bagages derrière leur vie et le cynisme qui accompagne le fait d'approcher de sa propre fin; d'autres avec leur vie écrasante, avec leurs problèmes dérivés des décisions des autres, avec leur réalité qu'ils n'ont pas cherché.

Et cette façon magnifique d'écrire, pour tout capturer; vous amener à plonger dans l'histoire (ou les histoires) et à lire facilement malgré l'incroyable complexité de ses histoires entremêlés, et de nous plonger à certains moments dans une douleur empathique.

On saute de personnage en personnage pour donner une voix à chacun d'eux d'une manière intime et logique; les sentiments et les pensées ne sont pas exagérés, les sentiments ne sont pas non plus; les gens ne sont pas simples, nous ne sommes ni noirs ni blancs, tout est plus complexe. L'histoire se déplace à travers différents lieux et différentes époques, et tout est nécessaire pour nous amener à la scène finale. Scène du "Pourquoi?"

Par delà la pluie est comme tous les romans de Víctor del Árbol, inclassable, mêlant, comme d'habitude chez cet auteur, la vie quotidienne (roman réaliste) avec le roman d'intrigue (avec des touches noires); des personnages colorés,qui ne semblent pas avoir de connexion alors qu'ils sont tous intrinsèquement liés, des histoires parallèles qui finissent par converger et, comme toujours, des sentiments et des émotions qui vous font passer de la tendresse à l'angoisse en une ligne. Mais pas seulement cela, Au-dessus de la pluie, c'est bien plus: c'est devenir amoureux de certains personnages de la même manière que l'on peut en venir à en détester d' autres, c'est un voyage à travers les sens et à travers la géographie (Tanger, Séville, Tarifa , Madrid, Barcelone ...) et, surtout, c'est une leçon de vie, dure, cruelle, comme une gifle, une thérapie de choc qui vous fait repenser sérieusement quoi, comment et avec qui vous devriez passer votre temps, si cela en vaut la peine et si c'est ce que vous voulez faire jusqu'à la fin de vos jours. Au-dessus de la pluie, il y a le petit coup de pouce dont vous avez besoin si vous voulez changer votre destin.

Mais attention on est à l'opposé d'un roman "feel good". Ici ça fait mal .
Commenter  J’apprécie          70
Une histoire originale, racontée en mode "shuffle" (récit non chronologique) sur trois générations, et dans différents lieux qui me sont familiers. Cette histoire avait tout pour me plaire.

Mais avant tout, une écriture agréable à lire, et une mention spéciale au traducteur espagnol/français, qui a su transcrire toutes les nuances que l'on devine dans l'édition d'origine.

Les scénarii alternant les récits des personnages, et qui plus est dans un ordre non-chronologique, très à la mode de nos jours, ne font souvent, pour moi, que masquer la pauvreté de l'histoire en en compliquant sa compréhension.
Ce n'est pas le cas ici. Par ce procédé, nous découvrons au fil du temps mélangé, le caractère des (nombreux) personnages sans (presque) jamais perdre le fil de leur généalogie.

Certains personnages commencent par nous être sympathiques, voire attachants, puis l'on découvre, au fil de ce temps mélangé, la révélation de leur face cachée et leur destin toujours tragique.
D'autres personnages commencent par nous être antipathiques, voire odieux, puis l'on découvre, au fil de ce temps mélangé, la révélation d'événements justifiant leur tragique destin.

Toutes ces destinées tragiques nous renvoient douloureusement à notre propre histoire, passée, présente et future,sans pour autant tomber dans la sinistrose.
Et puis la fin tragique, toute en douceur, des dernières pages, nous donne (presque) l'envie de mourir...

Un vrai coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (577) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}