5 BD et mangas recommandés par Théo Grosjean, auteur de BD
Découvrez les coups de cœur graphiques de l'auteur-illustrateur

Article publié le 17/11/2023 par Nathan Lévêque

Après Mirion Malle, Alain Ayroles et Cy, voici une nouvelle poignée de recommandations littéraires toutes droit venues du festival Quai des Bulles à Saint-Malo, dont nous étions encore partenaires cette année. Finaliste du prix Ouest-France/Quai des Bulles 2023, Théo Grosjean a déjà publié 10 bandes dessinées chez des éditeurs et dans des genres très différents. Découvrez-le aujourd'hui à travers des lectures éclectiques mais toutes graphiques !

Diplômé de l'école Emile Cohl à Lyon, Théo Grosjean commence sa carrière dans la bande dessinée très jeune, à 23 ans, avec Un gentil orc sauvage, qui lui permet de commencer à développer son univers graphique et scénaristique. Il publie par la suite sur Instagram L'Homme le plus flippé du monde, une série suivie à ce jour par plus de 200 000 personnes, et également éditée en deux recueils aux éditions Delcourt. Après un album plus expérimental, Le Spectateur, et un autre plus personnel, L'Œil du cyclone (Exemplaire), qui était en sélection à Quai des Bulles, il rejoint le journal Spirou. C'est dans ce mythique hebdomadaire de bande dessinée qu'il publie les aventures d'Elliot au collège, un petit garçon peureux qui lui ressemble beaucoup. Le tome 2 de cette série ambitieuse, qu'il souhaite faire évoluer en même temps que son personnage grandit, vient de paraître aux éditions Dupuis : Réseaux et sentiments.  

Dans cet article, plongez dans son univers grâce à 5 bandes dessinées et mangas qui l'ont marqué en tant que lecteur, mais qui lui ont aussi beaucoup appris en tant qu'auteur. 5 livres qui vont vous permettre d'entrer dans l'œuvre drôle, incarnée, réaliste et surprenante qui est la sienne.

 
Joann Sfar et Lewis Trondheim, Donjon Zénith
Delcourt (10 tomes), 48 pages, 11,95 €

« C’est la première BD qui m’a marqué dans ma vie et elle est importante pour moi en tant qu’auteur. C’est en fait la première bande dessinée que j’ai découverte par moi-même et qui n’était pas issue de la bibliothèque de mes parents. Je n’étais pas du tout habitué à cette liberté de ton ! Cela m’a beaucoup plu de voir tout ce que les auteurs faisaient, jusqu’où ils étaient capables d’aller, même dans le dessin, très naïf, auquel je n’étais pas habitué. Ça m’a donné envie de dessiner. C’est aussi le premier album où j’ai conscientisé qu’il y avait des auteurs derrière ! Pour résumer, cela m’a ouvert l’esprit à d’autres choses. »

Bernadette Després, Tom-Tom et Nana       
Bayard jeunesse (34 tomes), 94 pages, 7,20 €

« C’est une BD qui m’obsédait quand j’étais petit. Je la lisais dans J’aime Lire, auquel j’étais abonné. Ce qui m’inspire beaucoup, c’est qu’il y a, là aussi, une certaine liberté. Certains gags jouent sur des trucs très visuels, et aussi très absurdes. Il y a certaines idées qui ne sont pas logiques. Il y en a un qui m’a beaucoup marqué étant petit où la tante de Tom-Tom et Nana offre à la famille Dubouchon un chou qui grossit jusqu’à devenir immense, et qui est plus dur que du béton. Tout ce scénario est complètement absurde, complètement fou. J’aimais beaucoup le dessin aussi, très obsédant, plein de détails, très vivant, que je passais des heures à regarder. »

Marjane Satrapi, Persépolis, tome 1 
L'Association, 76 pages, 15 €

« Cette BD aussi m’a beaucoup marqué, probablement parce que c’était la première bande dessinée autobiographique que j’ai lue. J’ai adoré parce que j’avais la sensation que Marjane Satrapi avait vraiment fait en sorte que le lecteur soit hypnotisé par le récit. C’est une histoire très prenante. Elle n’hésite pas, par exemple, à effacer le décor s’il n’y en a pas besoin. Il y a quelque chose de fascinant dans cette narration. À l’époque, je lisais beaucoup de BD fantastiques et je ne m’attendais pas ce qu’elle me touche autant. Après ça, j’ai lu énormément de bandes dessinées sur le monde réel, cela a clairement changé ma vision du genre. »

Akira Toriyama, Dragon Ball, tome 1 : Sangoku        
Glénat (42 tomes), traduit du japonais par Valérie Herbert et Ryutaro Matsumoto, 192 pages, 6,99 €

« Quand j’ai découvert Dragon Ball et le manga, cela m’a complètement bouleversé. J’ai eu beaucoup de mal à lire autre chose après. Cette narration est tellement efficace, tellement puissante, les personnages étaient tellement vivants et attachants. Maintenant, beaucoup de BD l’ont fait, mais j’aimais aussi le fait de suivre un personnage sur plein de tomes, du tout début, où il est enfant, jusqu’à la fin, quand il est adulte et très musclé ! L’évolution du personnage m’a beaucoup marqué. Il y a une planche dans le tout dernier tome, une grande planche assez étonnante pour un manga, sur deux pages, où l’on voit Sangoku et tous ses souvenirs, comme un résumé de tous les albums. C’est très beau comme idée. Cela m’a d’ailleurs en partie inspiré pour ma série Elliot au collège, puisque je vais faire grandir le personnage. »

« Adrian Tomine est un auteur qui m’a beaucoup marqué et influencé. Il prend un peu la relève des Américains du comics indépendant, comme Chris Ware, Charles Burns… Il a une écriture hyper efficace et très fluide. Il y a plusieurs albums que j’ai adorés de lui, mais mon préféré reste Les Intrus, qui réunit plusieurs récits indépendants les uns des autres. Tous racontent l’expérience d’un personnage qui est un intrus dans son environnement. Par exemple, l’histoire d’un homme qui habite dans une banlieue résidentielle et se retrouve obsédé par l’idée de créer des sculptures assez laides qu’il expose dans son jardin et qui créent un sentiment de malaise dans le voisinage… Il y a plein d’histoires très courtes comme celle-ci. Il a aussi fait une BD super, La Solitude du marathonien de la bande dessinée, qui raconte sa vie d’auteur et des anecdotes qui y sont liées. »

Merci à Théo Grosjean d'avoir pris le temps de nous répondre !