Même une belle sagesse est sans grâce, qui ne possède pas une noble santé.
Tout malheur provient du fait de poursuivre les biens comme étant des biens, et de fuir les maux comme étant des maux.
Les sceptiques […] enseignent que, pour ceux qui ne supposeront l’existence d’un bien et d’un mal par nature, une vie malheureuse s’ensuivra ; tandis que pour ceux qui restent indéterminés et suspendent leur jugement La vie, pour les mortels, s’écoule calmement.
Si l’on se disait que rien n’est, par nature, digne d’être choisi plutôt que d’être fui, ni digne d’être fui plutôt que d’être choisi, et si l’on se disait que tout ce qui arrive est relatif et se présente, selon les différentes occasions et circonstances, comme étant tantôt digne d’être choisi, tantôt digne d’être fui, on aura une vie heureuse et sans trouble, sans être exalté par le bien en tant que bien, ni abattu par le mal, acceptant bravement ce qui nous arrive par nécessité et nous voyant libéré du tourment associé à l’opinion selon laquelle un mal ou un bien est jugé présent.
Celui qui dit que le bien c’est l’utile ou ce que l’on choisit pour lui-même ou ce qui contribue au bonheur […] n’enseigne pas ce qu’est le bien, mais n’en établit qu’une propriété accidentelle.
Mener une vie sans troubles eu égard aux biens et aux maux introduits par l’opinion ne peut revenir qu’à celui qui suspend son jugement sur toutes choses […].
Celui qui affirme dogmatiquement que telle chose est naturellement bonne ou mauvaise est dans un trouble continuel.
Il n’existe aucun bien par nature. En effet, si le bien propre à chacun n’est pas celui de tous et n’existe pas par nature, et si à côté du bien propre à chacun il n’y en a pas qui fasse l’objet d’un accord, alors le bien n’existe pas.
Si tout art se manifeste à partir de ses propres activités, puisqu’il n’existe aucune activité propre à la prudence par laquelle elle se fait voir, la prudence ne saurait être un quelconque art de vivre.
En quoi me profite la richesse, si je suis malade ?
J’aimerais mieux n’avoir que peu de chose par jour,
Et vivre une vie sans douleur que, riche, être malade.
[EURIPIDE, TELEPHUS]