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4/5 (sur 25 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Oryol , le 10/02/1881
Mort(e) à : Paris , le 22/01/1972
Biographie :

Boris Zaïtsev (en russe : Зайцев, Борис Константинович) est un écrivain, romancier, nouvelliste, dramaturge, traducteur russe.

Il est contraint à l’exil en 1922. C’est en France qu’il poursuit son œuvre jusqu’à sa mort. "L’Étoile bleue" est unanimement reconnu comme son chef-d’œuvre.

Source : www.editions-syrtes.fr
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Un écrivain émigré, Boris Zaitsev.


Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le plus souvent il choisissait des endroits déserts et isolés, des routes peu carrossables, des lisières, des bordures. Il y avait une combe où il allait très fréquemment, qu’il appelait le vallon de Josaphat et qui n’avait rien d’exceptionnel hormis des buissons épineux et de petites pâtures. Mais c’était un coin tellement perdu dans la campagne et si délaissé après le coucher du soleil ! Le cheval avançait, peureux, quelques canards attardés surgissaient parfois d’un champ, l’absinthe embaumait l’air et l’on ne voyait que les confins de la dépression avec le ciel au-dessus, tel un couloir d’étoiles. On aurait pu facilement y tuer un voyageur. Mais nulle part ailleurs Kazmine ne ressentait une telle sensation, à la fois vive et voluptueuse, d’être seul à exister…p 28
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Kazmine était installé à la fenêtre. Les champs défilaient encore, peu différents de ceux de chez lui : malgré tout, c'était bien la Russie. Les villages étaient importants mais rares, les églises aux coupoles argentées, un peu massives. Des groupes de paysans partaient labourer, loin de chez eux, toujours avec des araires. Les freux les suivaient. L'horizon s'ouvrait lointain et plat, et à l'est, les terres semblaient très étendues : c'était la steppe, pays des Scythes, des nomades, des tumulus. Depuis la Caspienne, au sud, des nuées accouraient. Le train s'enfonça dans un ruban de pluie puis le soleil se remit à briller sur les coupoles des églises et dans les flaques d'eau des petites gares. L'horizon bleuté apparut. L'éternel laboureur russe marchait derrière son antique charrue. Les moujiks succédaient aux moujiks, les champs aux bosquets de chênes, aux ravins. Les gares s'éloignaient avec leur marmaille qui proposait du lait. C'était sans fin. p 50
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Le parc de Sérébrianoïé était, ce jour-là, particulièrement argenté, plein de givre, de paisible enchantement, avec ses allées envahies par la neige et la somnolence. Quelque part, à travers les nuages, filtrait le soleil. Non pas le soleil, mais un pâle soupçon, un signe amical, disant que le monde n'était pas complètement abandonné. Ce signe cependant suffisait à faire étinceler sur les clairières et dans le calme des avenues d'étonnants diamants, aux feux délicats et menus. Il prêtait à la neige une vie raffinée, immatérielle ; et mystérieusement, au sein de cette vie, crépitaient les voix des pies, de branche en branche. Anna ne s'attardait guère à tout cela ; pourtant la paix, le chatoiement des espaces exerçaient sur elle une action étrange, la plongeant dans une existence à part.
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C'était une matinée très calme, il faisait gris, humide. Les dernières feuilles sur les marronniers étaient complètement brunes ; et tellement détrempées que des gouttes en tombaient de temps à autre. Les chaussées goudronnées brillaient. Les chauffeurs y roulaient dans un froufrou plus lent : par crainte de déraper. Mais Paris élégamment gris menait son maelström éternel - dans un flux incessant de passants, une vague glissante de voitures, dans l'odeur de l'humidité, de vapeurs d'essence, de parfums pour dames.
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Anna s'était mise en retard. Le soir venait ; la bande de laiton du couchant froid s'étendait au loin, étroite, par-dessus les forêts bleuissantes. Le cheval avançait au petit trot. Dans le panier, les porcelets glapissaient ; les roues de la charrette, que les herbes sèches balayaient au passage, suivaient l'ornière inégale. Il y avait dans l'air une odeur amère et pénétrante, d'absinthe, de harnais, de cheval, de sombre fraîcheur automnale.
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Quelque part dans la rue, des patins de traîneaux grinçaient. La neige crissait sous le pas des passants. Des voix leur parvenait. Mais tout semblait l'écho d'un autre monde. Et il est vrai qu'il avait dans le jeu adamantin de la neige, dans son scintillement calme et ininterrompu, dans l'or mystérieux de la lune, dans le vêtement neigeux des arbres, comme une hallucination.
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J'ai passé au Mont Athos dix-sept jours inoubliables. Vivant dans les monastères, voyageant à travers toute la péninsule à dos de mulet, à pied, naviguant en barque le long du rivage, lisant les ouvrages qui lui étaient consacrés, j'essayais de m'imprégner de tout, autant que je le pouvais.
Dans mon récit il n'y a rien de savant, de philosophique ou théologique. C'est comme simple pèlerin orthodoxe et écrivain russe que j'ai vécu ces quelques journées au Mont Athos. Et seulement à ce titre!
L'Athos s'est dressé devant moi dans sa bienveillante majesté séculaire. Royaume du monachisme millénaire! C'est à tort qu'on le croit austère, voire terrifiant. L'Athos est une force, une force qui protège. Le sens même de l'Athos est d'être "présence", et non pas mouvement: l'Athos est contemplatif. Et bien sûr, il ne connaît ni effervescence ni agitation. Mais il exhale le doux arôme de l'orthodoxie: autrement dit, c'est le règne de la bonté et non de la loi, de l'amour et non de la menace. L'Athos n'est pas ténébreux mais lumineux, car il baigne dans l'amour de l'Esprit Saint.
L'Athos est très solitaire, peu préoccupé par l'extérieur. Il est une sorte d'îlot de prière. Lieu d'où se déverse sans cesse la mansuétude. Les Athonites sont peu informés des événements divers et variés du «monde», et leur jugement à cet égard n'est pas toujours pertinent.
Mais de la même façon qu'ils prient pour eux-mêmes, ils prient inlassablement pour le monde. Ils s'adonnent relativement peu à la science, la philosophie, la théologie.
En revanche, ils célèbrent Dieu sans relâche à l'église et dans leurs cellules. Et tout cela leur donne un cachet particulier. Ils considèrent à bon droit "le monde" comme pécheur, mais je n'ai jamais remarqué qu'ils nourrissent à son encontre un sentiment d'orgueil ou quelque arrogance. Au contraire, ils éprouvent de la compassion et désirent lui venir en aide. Simplicité et bonté! Un détachement du monde qui n'a rien de rébarbatif: tel est le style athonite, et ce n'est pas sans raison que des milliers de pèlerins (« des vénérateurs ») ont fréquenté ces lieux hospitaliers.
Dans ce petit livre, j'essaie de transmettre ma perception du Mont Athos tel que je l'ai vu, entendu, respiré. Je le répète, le sujet est immense, et mon objectif très circonscrit.

Boris Zaïtsev, Paris, 1 février 1928.
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Le voyage dans l'espace est aussi voyage dans le temps dans lequel le souvenir reste maître : l'écrivain est à la «recherche du temps perdu» comme il le dit lui-même. En se remémorant le passé, les personnages font ressurgir dans le présent leurs prédécesseurs qui ont vécu dans ces grottes séculaires ou au plus profond des forêts et qui sont vénérés aujourd'hui pour leurs exploits ascétiques. Ces figures des temps anciens sont comme des familiers qui nous accompagnent toujours.
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A cet instant, Christophorov ressentit physiquement le passage d'une nuée suspendue au-dessus de tout cet attroupement - une nuée de désirs et d'avidité. Le nom de Kohlov parcourait la foule, haïssable pour la plupart et pour les autres sonnant comme une douce musique. En dépit de tout, Kohlov gagnait. Cela devient évident dans la dernière ligne droite.
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La salle de spectacle du Bolchoï, avec son or, sa soie et son damas rouges, dégage quelque chose de pompeux. Les tapisseries des loges pendent en de lourds plis de pourpre aux fleurs brodées. Et, dans ces plis, se niche une poussière séculaire.
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