Retour sur Alison Bechdel : cest qui cette "inconnue underground" ?
Maman dit ça avec gentillesse et commisération. « Oh, la vie de l’écrivain. Moi je pense à mon four et je suis contente qu’il soit électrique ».
Mes frères et moi nous ne pouvions pas rivaliser avec les lampes astrales, les girandoles et les chaises Hepplewhite. Elles étaient parfaites. J’en vins à détester sa façon de traiter ses meubles comme des enfants et ses enfants comme des meubles. Très tôt, une préférence marquée pour l’épuré et le fonctionnel apparut chez moi.
La mère « suffisamment bonne » minimise les conséquences de la faim, du mouillé et du froid. Mais elle n’est pas obligée de s’adapter parfaitement aux besoins du bébé. Ainsi, un bébé qui a faim peut-il se consoler momentanément en se rappelant ou en imaginant son expérience d’avoir été nourri.
Mais si pour une raison ou une autre, la mère est préoccupée, le bébé risque de devoir trop compter sur sa propre aptitude à comprendre. […]
« Plus couramment aux stades très précoces lorsque cette caractéristique des soins infantiles reste très marquée, nous observons que le fonctionnement mental devient une chose en soi, qui remplace pratiquement la mère et la rend superflue ». […]
Au lieu de dépendre de la mère, le bébé apprend à dépendre de son propre esprit. C’est un déni de la dépendance, un fantasme d’autosuffisance.
Hélas, j’étalonne toujours, et à un degré inquiétant, ma valeur sur ma force physique.
Mais il se passe quelque chose de curieux maintenant que j’approche de la soixantaine.
Je continue à m’entraîner, mais je deviens plus faible! Plus lente! Plus raide! Que se passe-t-il?
Qui crois-tu abuser?
Alice Miller écrit que l’enfant qui supprime ses propres sentiments afin de satisfaire un parent a, en quelque sorte, été abandonné. […] Elle dit aussi que la mère qui réclame cette satisfaction de son enfant essaie seulement d’obtenir ce que sa propre mère lui a refusé.
Un jour, je mourrais moi aussi. Mais j’étais moins claire sur l’idée de posséder une âme qui continuerait plus ou moins à vivre. Comment cela marchait-il exactement?
Où était cette âme? Flottant dans mon cerveau comme la bulle d’un niveau de charpentier?
Étalée uniformément sur chaque cellule de mon corps?
On m’avait dit à l’école que notre chat n’en avait pas. Je m’interrogeais. Il était incontestablement conscient.
Mais peut-être pas conscient de lui-même en tant que soi, comme moi.
J’en déduit que l’âme devait consister en cette conscience de soi. Comme j’enviais le chat. Dieu m’est témoin, personne n’avait plus conscience de soi que moi.
On pourrait soutenir que la mort est intrinsèquement absurde et que le sourire n’est pas une réponse inappropriée. Absurde dans le sens ridicule, déraisonnable. Quelqu’un est là, et la seconde d’après il n’y est plus.
On pourrait soutenir que la mort est intrinsèquement absurde et que le sourire n’est pas une réponse inappropriée. Absurde dans le sens ridicule, déraisonnable. Quelqu’un est là, et la seconde d’après il n’y est plus.
« Absolument tous » les étudiants en psychanalyse qu’[Alice Miller] a supervisés ont la même histoire : un parent souffrant d’insécurité émotionnelle et qui n’en a pas l’air, mais qui dépend d’un comportement spécifique de l’enfant. Et une « étonnante aptitude » de l’enfant à sentir cela et à jouer le rôle assigné. « Ce rôle procurait ainsi de l’ « amour » à l’enfant –c’est-à-dire l’investissement narcissique de ses parents. Il sentait qu’on avait besoin de lui et sa vie se trouvait ainsi légitimée ».
Ce sont les gens qui, en grandissant, auront tendance à analyser les autres.
La perception psychanalytique, semble suggérer Miller, est en soi un symptôme pathologique.
Je suppose qu’une vie entière passée à dissimuler sa vérité érotique ne peut aboutir qu’au reniement de soi. La honte sexuelle est en elle-même une sorte de mort.