Dans son nouveau roman "Bien-Aimée" (La Belle Étoile), Aurélie Tramier nous transporte dans l'histoire d'un camp de concentration, le Camp des Milles, situé à Aix-en-Provence, où des intellectuels et artistes allemands ont été enfermés.
Une plongée dans un épisode sombre et méconnu du passé franco-allemand, dont l'auteure nous raconte la genèse et sa volonté de dédier ce roman, comme un devoir de mémoire, à ses fils.
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Il y a des gens qui n’ont vraiment pas de bol et ça m’aurait embêté que ça tombe sur moi. Le Petit Poucet, par exemple, il cumule: déjà qu’il est tout petit, ensuite il y a ses parents qui l’abandonnent plusieurs fois, et après il rentre dans une maison où il y a un ogre qui essaye de le manger. Ce gars, il porte vraiment la poisse.
On aura l’éternité pour avoir des regrets, mais autant se laisser une chance d’en emporter le moins possible au moment du grand saut.
Je l'ai appelée Aurore, car c'est l'heure où la nuit blanchit et la lumière se levait dans ma vie. Lui ne pouvait détacher son regard de ce pied différent, de cette coquetterie qui me donnait une raison de l'aimer davantage.
Maman était belle, Morgane me fait peur. Maman riait tout le temps. Morgane jamais. Et puis, j'avais pas la tête cassée, j'avais des bonnes notes, et je ne prenais pas les billes des autres. J'étais heureux. Elle n'avait pas de raison de me gronder.
Se taire est une manière de tuer. D’effacer. De n’a pas faire revivre pour ne plus pâtir. L’art du silence comme antidote à la souffrance.
Il étreint doucement la main d’Aimée, puis il la porte à ses lèvres. Il comprend enfin. Pour lui , elle a eu l’élégance du silence ´, celui qui n’écrase pas, qui ne brise pas un gamin qui grandit, celui qui lui laisse une chance de s’épanouir. Aurait-il pu vivre avec un tel fardeau?
- Mais Hans, tu ne vas pas échanger tes Lebkuchen hors de prix contre un fruit !
- Si, répondit-il en haussant les épaules. La vrai valeur des choses n’a plus guère d’importance ´. La seule qui compte aujourd’hui, c’est celle que tu leur donnes.
Un notaire...je n'en encore jamais rencontré. Sans doute un homme sombre et maigre échappé d'un roman de Balzac,le nez poilu et le visage mangé par d'énormes lunettes et d'abominables verrues, une sorte de vieillard acariâtre qui signait des papiers toute la journée, sa grande plume venant lui chatouiller le nez.(p.45)
La mère et le fils assistent émerveillés à l’envol ravissant de cet homme qui peine pourtant à marcher. Le rythme s’intensifie, les notes se bousculent, les joues se gonflent, le visage rougit. Mais avec tant de grâce. Le musicien ferme les yeux, emporté par cette mélodie qu’il connaît par cœur, et dont il peut citer chaque note.
Aux parents hypocondriaques :
- Ma fille ne risque-t-elle pas d'attraper des maladies ici ?
- Mais si, bien sûr, le choléra...
- J'ai entendu la dame blonde dire que son enfant avait des vers, vous pourriez vérifier ?
- Aucun problème, je vous garde la couche.
- A la maman sans-gêne :
- Est-ce embêtant si j'ai cinq à dix minutes de retard ce soir ?
- Mais pas du tout, venez quand vous voulez. En revanche, à partir de 19h30, nous servons la soupe à des SDF toxicomanes. Le petit restera avec nous, ça ne vous dérange pas ?
Au papa pénible :
- J'aimerais bien que mon fils ne fasse pas la sieste à côté de l'enfant dont le nez coule !
- A côté de celui qui a une gastro alors, ça vous ira ?
Au parent normalien :
- Quel est le programme pédagogique pour les grands de deux ans et comment se fera la validation des acquis ?
- Cette année, nous travaillerons sur Kant et la notion de résilience. C'est un peu ambitieux, mais comme tous les enfants de ce groupe sont précoces, cela ne devrait pas poser de problème.