Vivre sans femme, c'est comme manger sans épices, c'est tout fade.
Elle a d'abord roulé des épaules en maugréant puis elle m'a répondu en étirant, arrondissant puis étirant à nouveau ses lèvres, un mot à se tatouer sur le coeur. Un mot plein de belles histoires, de magie noire, de gouffres, de renaissances et de grandes espérances. Un mot qui vous colle une pression monumentale, dès que l'air entre dans vos poumons, le cri de la vie à peine poussé.
- Exaucée.
Elle m'a dit "Exaucée" et moi, je croyais que ce n'était pas possible.
Suite à la soirée mouton, Maman avait été internée et déclarée inapte. J'étais d'accord avec le diagnostique - mais qui a eu la bonne idée de penser que moi, j'étais "apte" ?
"A y réfléchir, je n'étais pas sûr d'être d'accord avec la méthode... mais je me suis bien gardé de le lui dire. Il aurait pu y avoir un manque d'autorité de sa part, une pinte d'insolence de la mienne. N'empêche, je crois que j'aurais préféré que rien ne change. J'étais habitué à être son bras droit, son fantôme, à faire tout ce qu'il me disait, sans jamais penser par moi-même.
A force de vouloir s'enchaîner, on y parvient. Et finalement, c'est assez confortable."
…Je crois que c’est là que tout a commencé entre nous. Là que nous sommes devenus le plan B l’un de l’autre, celui que chacun espère dans la vie. La seconde chance. Parce que c’est ce qu’on s’est offert mutuellement : une roue de secours de l’existence
Je rêve d'être cette fille assurée qui, selon une logique implacable, va droit vers ce qu'elle aime. Moi, je fais tout le contraire : j'aime donc je fuis. Le meilleur moyen de ne jamais conjuguer désir et réalité.
Le soleil était chaud mais pas brûlant, puissant mais pas blanc, haut mais pas écrasant. Il nous caressait sans nous mordre, on était bien. Le mois de juin offre parfois la clémence des veilles d'orage.
Mon sac sur le dos, en short, en sueur, je brandissais une pancarte sur laquelle j'avais écrit "AILLEURS". Je trouvais ça romantique et, de toute façon, je n'avais pas d'autre idée.
- (...) J'ai toujours cherché le spectaculaire, l'incroyable. C'est l'âge qui m'a fait prendre conscience de l'attrait de la simplicité.
(...)
- Ne vous méprenez pas, tout n'est pas si simple. Vivre avec la nature est notre souhait premier, mais il nous a fallu réapprendre à nous servir de nos mains, de nos corps, à nous écouter, à accueillir les variations des saisons, leur versatilité et leurs colères...
Elle avait décapité mon cadeau d’anniversaire.