"À la vie, à l'amour. Carnets, poèmes, journaux intimes", Mireille Darc - éditions du Seuil
Quand j’y pense, j’ai si peur au théâtre ! c’est maladif, et j’en ai toujours eu une peur noire. Quand je joue dans une pièce, ma vie s’arrête : je ne peux plus aller déjeuner avec des amis, je n’arrive plus à être moi, car j’ai besoin de rester dans le personnage. C’est beaucoup plus éprouvant que le cinéma, qui, lui, à contrario m’a toujours rendu très joyeuse ; je m’y suis tant amusé ! Au cinéma […] c’est collégial. Au théâtre on est seul en scène, juste avec son partenaire. C’est très dur.
Nous sommes arrivés un soir à Marrakech pour passer un Noël avec Alain chez une amie, et lorsque j’ai vu la lumière de ce pays, ces paysages somptueux tout autour de la ville, j’ai dit à Alain que je n’avais plus envie de repartir. On a alors visiter cette maison au milieu d’une médina qui était à vendre […]. Cette grande maison qui surplombe la ville était mythique, elle m’a tout de suite plu. Avec toutes ses terrasses qui offrent une vue imprenable sur la ville, je passais des heures à regarder Marrakech vivre. C’est là que j’ai découvert le Maroc, sa civilisation, sa musique, sa nourriture…
Une deuxième opération du cœur ;
Quand je me réveille opérée je sais que je dois être forte. Je sais que le professeur Fabiani est un excellent chirurgien […].
Je suis resté hospitalisée dix-sept jours. […]. J’ai le sentiment d’être loin. Du coup mon mari demande à toutes mes copines de se relayer pour passer la nuit avec moi. J’ai eu comme ça une douzaine de personnes qui m’ont accompagnées. J’ai été entourée d’amitié et d’amour. Pascal ne pense qu’à me faire plaisir. Il ne me regarde pas comme une vedette de cinéma, il me regarde comme sa femme. Il me réconforte.
Alain a été formidable lui aussi. Il est venu régulièrement, il s’inquiétait pour moi. Nous avons une relation d’amitié merveilleuse.
Je sais maintenant qu’une personne qui va être opérée ne doit pas être laissée à elle-même. Il faut être entouré. Carrière, argent… tout disparaît. Et il ne reste qu’une chose véritable, l’amour, la vie.
C'est à cause de mon frère et d'Alice que j'ai su brusquement , ce que la mort avait d'irrémédiable. Jusque-là, ils me paraissaient tous les deux éternels. Comme la magie elle-même. Même la Prévention Routière, dont c'est le métier, n'aurait pas envisagé ça. Moi non plus, en vérité. J'étais comme les inconscients, j'étais comme vous. Je me disais que ça n'arrive qu'aux autres. Quoi ? L'accident ! Je ne vous ai pas parlé de l'accident des Perruchard. C'est pourtant le nœud de notre aventure. On n'a jamais su exactement ce qui s'était passé. Les circonstances sont à la fois confuses et poétiques. Mon frère a réussi sa mort dans les tons légers qu'il avait attribué à son existence. Ce fut sa signature.
Les jours passent. Les mois défilent. Je cherche comment sortir de mon cocon. Henri Tisot, un soir me demande : « Tu vas bien finir par aller à Paris, hein, Mireio ? » Il a raison, je sais que c’est le but. Je n’ai jamais été à Paris. Je n’ai même jamais été à Marseille. Mon horizon est étroit, mais mes ambitions dépassent mon regard. Oui, je vais aller à Paris un jour. Je verrai la tour Eiffel et la Comédie-Française. Et j’aurai de beaux rôles, c’est sûr. Mais ce ne sera pas aisé, tout le monde me le répète.
La pluie...
Il pleut sur moi...
J’écris ton nom.
Je dégouline, je me recroqueville
dans cet espace de lumière et de fraîcheur.
Je me détends, je m’écartèle,
prête à recevoir et à donner.
Tout en moi est présent.
La moindre gouttelette me fait frissonner
et je pars dans une valse effrénée...
Jusqu’aux confins de mes rêves.