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4.16/5 (sur 83 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Moscou , le 8/8/1927
Mort(e) à : Moscou , le 29/11/1982
Biographie :

Iouri Kazakov est né dans une famille d'ouvriers, de parents biélorusses.

En 1933, son père est déporté au Goulag. Dès lors sa famille vivra chichement, mais cela n'empêche pas Iouri de continuer ses études dans une école professionnelle d'élite, d'où il sort diplômé en génie civil en 1946.

Pendant la Bataille de Moscou (novembre 1941-décembre 1942), il est contusionné et traumatisé par l'explosion d'une bombe. Il devient bègue. Il évoquera cette terrible période dans un ouvrage posthume paru en 1986 : Deux nuits ou La séparation de l'âme.

Une situation familiale difficile, la guerre, les études ne l'empêchent pas de commencer à écrire dès 1940 de la poésie en prose ou en vers, des pièces de théâtre qui ne seront pas retenues par les éditeurs. Il collabore aussi au journal Le sport soviétique.

Au lendemain de la guerre, il entre au Conservatoire de musique et termine en 1951 ses classes de contrebasse.
Professeur au Conservatoire à son tour, il joue dans des orchestres de jazz comme dans les concerts symphoniques.

En 1953, il entre à l'institut de littérature Gorki et publie ses premiers textes dans des revues. La Petite Gare paraît en 1959.
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Source : Decitre, Wikipedia
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Bibliographie de Iouri Kazakov   (8)Voir plus

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Citations et extraits (135) Voir plus Ajouter une citation
— Dis-moi un peu, me demanda mon ami, est-ce que tu plais aux femmes ?
— Non, répondis-je. Je ne suis pas beau. Je m'ennuie toujours. Et puis, je ne sais pas…
— Moi, il n'y a que les moches, dit mon ami. Pour ça, je suis gâté. Je ne peux pas en voir une sans que ça me travaille, elles me font pitié. Et elles le sentent, les garces. Des jolies, je ne sais pas, mais je n'en ai jamais eu. C'est quand même curieux.
— Qu'elles aillent se faire voir, dis-je. Les jolies, ça te fait tourner en bourrique, tandis que comme ça, tu vois, on a l'esprit en repos.
— Mais c'est peut-être de ça que j'ai besoin, de tourner en bourrique ? Peut-être que c'est précisément de ça que j'ai envie, d'un truc à en crever, tu comprends ? D'y laisser ma nom de cinq cent mille diables de peau ! Hein ?
— Allons ne t'en fais pas comme ça, dis-je, calme-toi, mon vieux. Toi, au moins, tu en as des moches, moi je n'en ai pas du tout. Et tu vois, ça ne m'empêche pas d'être là à siroter mon cognac et écouter la musique.

CE NORD MAUDIT.
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Iouri Kazakov
Rien n'est éternel en ce monde, pas même le chagrin. La vie ne s'arrête pas.

LE BLEU ET LE VERT dans le recueil LA PETITE GARE.
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La terre tournait. Arguéïev le sentit soudain dans ses jambes, dans son cœur : qu'elle tournait, qu'elle se ruait à travers l'espace, avec ses lacs, ses villes, ses hommes, et leurs espoirs, qu'elle tournait et se ruait, entourée d'aurores, à travers la terrifiante immensité. Et, sur cette terre, sur cette île, sous la lumière muette du ciel nocturne, il y avait lui, lui dont Vika s'éloignait. Ève quittait Adam, et il avait fallu que cela advienne non pas n'importe quand, mais à l'heure présente. Et c'était comme la mort, dont on peut se gausser tant qu'elle est loin, mais qu'il est intolérable d'évoquer, ne fût-ce qu'en pensée, quand elle est à côté de vous.

ADAM ET ÈVE.
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La nuit tombe de bonne heure, en septembre, au bord de la mer blanche, le crépuscule est bref, les nuits d'un noir d'ardoise, froides. Parfois, avant de se coucher, le soleil s'arrache aux nuages, jette un dernier rayon expirant sur la mer, la côte vallonnée, envoie un reflet jaune dans les petites fenêtres des hautes isbas, puis rougit aussitôt, s'aplatit et disparaît dans les flots.
Une bande crépusculaire d'un rouge sombre diffuse un éclat mat, le ciel haut et froid irradie une lumière faible, vacillante, tandis que la terre, les isbas du village, les pentes avec leurs pâtures bordées d'un hérissement de forêts aux petits arbres rabougris, tout, sombre dans l'obscurité et seules, près des bureaux, répondent à la chute du jour des billes de bois fraîchement écorcées et luisent des copeaux gras qui craquent sous le pied.
Quelques petits feux de bois vont s'allumer sur le rivage, tout près de l'eau : ce sont des gamins qui, assis à croupetons, se font rôtir des pommes de terre. Puis les fenêtres s'éclaireront… Mais bientôt tout s'éteindra, feux et lumières, et le village sombrera dans un long sommeil d'automne.

MARTHA L'ANCIENNE, I.
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Je me rappelle Moscou, nos entretiens, nos discussions sur la poésie, les tendances de l'art, sur un tel qu'on livre à la vindicte publique, tel autre qu'on refuse de publier, tout cela avec accompagnement de cognac et de célébrités à chaque pas, l'impression que de votre accord ou désaccord avec tel ou tel autre, dépend la vie spirituelle du pays, du peuple comme on aime à dire chez nous. Mais ici…
Ici, allongés non loin de moi, il y a des pêcheurs et toute la conversation tourne autour de ceci : la marée descend-elle, les pluies ont-elles ou non commencé, le vent qui souffle est-il le " vent de la côte " ou celui " de la Chélona ", le filet est-il au fond ou non. Le temps que nous laisse la pêche, on le passe à faire la soupe, réparer les filets, recoudre les seines, à vaquer aux soins du ménage et à dormir en ronflant tout son soûl.
Ce qui compte pour moi, pour eux ne compte guère. Sur les quelque un million cinq cent mille titres que nous avons publiés, ils n'en ont pas lu un seul. D'où il semble résulter que les problèmes de l'actualité la plus brûlante n'existent que pour moi seul et que ces deux pêcheurs se trouvent encore au stade primitif où l'on gagnait-son-pain-à-la-sueur-de-son-front, totalement étrangers à la moindre culture.
Mais peut-être leur vie est-elle précisément la plus saine et la plus utile, socialement parlant ? Ils se lèvent avant l'aube, vont poser leurs filets, reviennent trempés et transis, avalent leur thé et vont se coucher. Avant que la nuit tombe, ils iront à plusieurs reprises inspecter leurs installations, s'occuperont de leur ménage, le soir ils remonteront leurs filets, puis ils iront dormir avec le sentiment d'avoir bien rempli leur journée, une journée dont le fruit est indiscutable, matériel : du saumon. Qu'ont-ils besoin de livres ? Qu'ont-ils besoin de culture sur ce rivage battu par la mer ? Il y a eux et la mer, rien de plus, les autres sont restés là-bas, derrière eux, ils ne les intéressent pas, ils n'en ont que faire.

NESTOR ET KIR, II.
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— Je me dis souvent que vous autres, les femmes, vous n'aimez ni la chasse ni la pêche ; dommage, c'est si beau comme sentiment ! C'est pas seulement que vous n'aimez pas ça, mais on dirait même que vous ne le comprenez pas, comme si, dans ce domaine, il vous manquait quelque chose. Comment expliquez-vous ça ?
Dans la pénombre, il la vit bouger, rejeter les cheveux en arrière, se frotter le front.
— La chasse est un meurtre et la femme est mère, c'est pourquoi tout meurtre lui répugne doublement. Vous me parlez du plaisir que vous éprouvez à voir un poisson se débattre ; moi, cela me dégoûte. Pourtant, je vous comprends ; c'est-à-dire que je comprends que si vous allez à la chasse ou à la pêche, ce n'est pas par cruauté.

« REGARDEZ CE CHIEN QUI TROTTE ! ».
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Iouri Kazakov
Il existe, à mon avis, un moyen très simple de mesurer le degré de courage, la trempe, l'endurance physique, la hardiesse, nécessaires à tel ou tel mode de vie : il faut essayer de se voir soi-même à la place des gens qui le vivent, et avec eux.

JOURNAL DU NORD : I.
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— Quand le charpentier vient clouer le cercueil, il est trop tard pour aller à la danse, dit-elle avec un contentement visible.
Elle n'a pas peur de mourir. Elle est inébranlablement convaincue que la vie est juste et qu'il est juste et indispensable que la mort arrive.
— Voilà longtemps que ma tombe m'attend, dit-elle avec tendresse, comme si elle parlait de quelque chose de très agréable, en dirigeant son regard terne par-dessus ma tête. Mon père et ma mère y sont déjà couchés… Et tous mes garçons aussi, tous les miens. Ils se languissent de moi, pour sûr. Et moi — louée sois-tu, reine des cieux ! — j'ai fait mon temps.

MARTHA L'ANCIENNE, III.
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Les coqs ensommeillés venaient à peine, à peine de lancer leur premier appel, il faisait encore sombre dans l'isba […] quand Iachka se réveilla. […] Le village était recouvert par le brouillard, comme d'un grand édredon en duvet. Les maisons les plus proches étaient encore visibles ; plus loin, on les devinait à peine, de simples taches noires, mais plus loin encore, près de la rivière, on ne voyait plus rien et il semblait qu'il n'y avait jamais eu ni moulin à vent sur la butte, ni tour de guet pour l'incendie, ni école, ni forêt à l'horizon… Tout avait disparu, était maintenant caché et l'isba de Iachka semblait le centre de ce petit monde replié sur lui-même.

UNE MATINÉE TRANQUILLE.
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Il marchait sur le bas-côté de la grand-route, le regard perdu au loin, dans l'azur, au-dessus d'une chaîne de collines en pente douce, coiffées de nuages d'été immobiles, roulés en boules. Le vent lui frappait rudement le visage, gonflait sa barbiche tendre, décolorée par le soleil. Les larmes lui venaient souvent aux yeux, il les essuyait d'un doigt sale et calleux et de nouveau, le regard fixe, contemplait devant lui le mirage aveuglant. […]
Il était jeune, de haute taille, légèrement voûté, et marchait à grands pas, avec assurance. Des bottes en caoutchouc, un bonnet d'hiver déchiré, un sac de voyage aux épaules, un chaud manteau râpé, tout cela lui allait bien, sans lui peser ni le gêner. […]
Ses yeux bleus, aux paupières rougies, ne considéraient rien avec attention, ne s'arrêtaient jamais un peu longtemps sur un objet, erraient dans les lointains, les nuages blancs, s'embuaient de larmes, puis se reprenaient à voir, sans penser. Sa canne de noisetier, un peu verdie par l'herbe, sonnait sur l'asphalte. Des buissons s'approchaient furtivement de la grand-route, de grands, d'antiques bouleaux l'accostaient rêveusement, puis, s'en écartaient sans bruit, impuissants à cacher l'immense étendue des champs.

LE PÈLERIN, I.
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