Les jours qui suivirent virent s’amplifier les mouvements de grève, qui s’étendaient maintenant à tous les secteurs. L’insécurité régnait dans les rues de Bamako. Dès les premiers jours de mars, Kouty, obsédée par l’élimination de sa troisième proie, compris tous les avantages que le désordre civil pouvait avoir dans l’accomplissement de sa vengeance. Mars 1991. Mois terrible. Mois horrible durant lequel la haine déferla sur la capitale, embrasant aussi le pays
Soudain, la blancheur du ciel matinal vira à l'ocre. Un gros nuage de poussière envahit l'espace et le silence qui régnait sur le quartier fut déchiré par les vrombissements de moteurs puissants. Pendant un court instant, Ousmane resta debout près de sa femme, pétrifié, le regard fixé sur l'horizon. Puis il se ressaisit, se tourna vers sa compagne et lui ordonna d'aller se réfugier dans la maison avec les enfants.
Il vit alors les Land Rover s'arrêter et une vingtaine d'hommes enturbannés, armés de Kalachnikov et de coupe-coupe, en surgirent. Ils se dirigèrent vers un ensemble d'habitations par groupes de trois ou quatre, et, à l'aide de leurs armes, défoncèrent les portes.
Les Tall se précipitèrent chez eux et, peu après, ils entendirent les Touareg qui forçaient la porte. Tout se passa très vite. Ousmane se saisit de son couteau tandis que Fathy faisait sortir Kouty par la fenêtre de la chambre.
- Va vite te cacher dans le grenier à mil, ma chérie, dit-elle, en poussant sa fille à l'extérieur...