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3.86/5 (sur 20 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) le : 26 janvier 1953
Biographie :

Allen S. Weiss est né de parents d'origine hongroise ayant survécu à la Shoah et vivant en France.
Il vit et écrit à New York, Paris, Nice et Kyoto.

Théoricien, éditeur, commissaire d'exposition, dramaturge, enseignant, Allen S. Weiss a signé ou dirigé plus de 35 ouvrages consacrés à la théorie de la performance, à l'architecture de paysage, à la gastronomie, à la littérature, dont Phantasmic Radio (1995) et Breathless: Sound Recording, Disembodiment, and the Transformation of Lyrical Nostalgia (2002).

Il a notamment dirigé Theater of the Ears (une pièce pour marionnettes électroniques et voix enregistrée à partir des écrits de Valère Novarina) et Danse Macabre (un théâtre de marionnettes avec la poupée de Michel Nedjar).
Il enseigne à la Tisch School of the Arts de l'Université de New York (Departments of Performance Studies and Cinema Studies).

Le Livre bouffon est son premier roman.

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Bibliographie de Allen S. Weiss   (10)Voir plus

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Chaque image, chaque souvenir est une allégorie de sa propre disparition. Je trouve une boîte remplie d’un enchevêtrement de photographies représentant l’entourage de mes parents – prises pour la plupart juste avant ou juste après la Seconde Guerre mondiale, en Pologne, en Hongrie, en Allemagne, quelques-unes peut-être au Canada et aux États-Unis – un enchevêtrement de fils du temps, inextricablement noués, de fils inutiles, de visages inconnus qui, pour la plupart, me regardent directement avec des expressions tantôt interrogatives, tantôt déterminées, mais le plus souvent en exprimant une émotion ou une intention indéfinies ; des visages qui ne sont plus identifiables, des personnes qui, selon toute vraisemblance, étant donné leur âge sur les photos, sont déjà trois fois parties : d’abord en exil, puis dans la mort, et enfin dans l’oubli. Au moment où j’écris ces lignes, ces pensées – tout comme Teddy, tout comme ma vie – glissent de la réalité vers la rêverie, puis vers le souvenir, pour finalement flotter dans le fleuve Léthé. Chaque minute qui passe, chaque jour qui s’écoule, chaque année, chaque décennie, je me retrouve séparé de ceux que j’ai aimés et perdus, de ces femmes que j’ai désirées et dont j’ai oublié le visage, de ces vins que j’avais envie d’apprécier, mais que je n’ai jamais réussi à savourer, de ces poèmes lus d’innombrables fois mais qui ne sont jamais entrés dans ma bibliothèque idéale. Autant de signes destinés à me montrer que je suis perpétuellement séparé de moi-même, que je suis toujours un autre. Alors que j’arrive à la fin de ce livre, je réalise que Teddy existe pour moi, et pour moi seul. Il est maintenant sur le point de disparaître pour toujours.
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Pour réussir les nuages, le secret réside dans le pinceau-encre. Il faut manier le pinceau de façon extrêmement légère et rapide. Il faut que les effets de l'encre soient variés, tantôt secs, tantôt mouillés. L'encre est "mouillante" pour suggérer le "pied" des nuages, lequel s'efface peu à peu sans plus laisser de trace. L'encre est "frottante" pour montrer la "tête" des nuages qui semble à la fois avaler et cracher. Que les traits tracés soient capables d'épouser toutes les formes de nuages, de ceux qui s'arrêtent au-dessus d'une vallée comme pour l'inspirer, de ceux qui voguent vers le pic lointain comme pour l'embrasser.

T'ang Tai. Nuages et montagnes.
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J'ai été éperdu de reconnaissance à l'égard de cet état d'esprit qu'ont les japonais de ne pas hésiter à consacrer des siècles pour transmettre la beauté dans un seul arbre.

Kawabata Yasunari
Préface : l'image de Kyôto - tout au fond de mon cœur.
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Éloge de la pluie

Kyoto est particulièrement pluvieuse l'été, ce qui contribue à sa poésie, et à la beauté de ses jardins. [...]
La pluie [...] est bien autre chose qu'une précipitation d'eau (sa forme objective). Telle pluie ne tombe qu'en telle saison, voire à tel moment de la journée, parce qu'elle est inséparable de tout un monde de sensations, d'émotions, d'évocations dont l'enchaînement plus ou moins codifié l'enclave dans un certain paysage. La langue japonaise reflète ces nuances.

Augustin Berque
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Autrement zen

Nicolas Bouvier - auteur fétiche des voyageurs- désacralise le mythe du zen, une manière de garder sa liberté, d'assurer son ouverture au monde, d'exalter sa passion du voyage. Désavouer le zen, c'est peut-être le comble du zen !

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Les temples zen sont à la fois des sites de méditation, de magie, de dévotion, de savoir, de curiosité, de créativité, d'érudition, et même de commerce, d'amusement et de profanation. On y trouve ce qu'on y cherche.

Allen S. Weiss
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Le clair de lune obscurci.

Etsujin nous livre une double tristesse. La pleine lune du milieu de l'automne est le symbole du "mono no aware", signifiant la mélancolie des choses qui passent, le chagrin de l'impermanence.
Mais que cette lune déjà maussade soit dissimulée par les nuages est accablant.
Lune de pluie
Mais venue je ne sais d'où
Une vague lueur

Etsujin

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Un des plus beaux rites au Japon est un festival où l'on contemple la lune d'automne. [...] On boit à la fois le saké et la lune !

Allen S. Weiss
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Choses inspirantes

Au printemps, c'est l'aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s'éclaire faiblement. Des nuages violacés s'allongent en minces traînées.
En été, c'est la nuit. J'admire, naturellement, le clair de lune ; mais j'aime aussi l'obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même s'il pleut, la nuit d'été me charme.
En automne, c'est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons et s'approche de la crête des montagnes. Alors les corbeaux s'en vont dormir, et en les voyant passer, par trois, par quatre, par deux, on se sent délicieusement triste. Et quand les longues files d'oies sauvages paraissent toutes petites ! C'est encore plus joli. Puis, après que le soleil a disparu, le bruit du vent et la musique des insectes ont une mélancolie qui me ravit.
En hiver, j'aime le matin, de très bonne heure. Il n'est pas besoin de dire le charme de la neige ; mais je goûte également l'extrême pureté de la gelée blanche ou, tout simplement, un très grand froid ; bien vite, on allume le feu, on apporte le charbon de bois incandescent ; voilà qui convient à la saison. Cependant, à l'approche de midi, le froid se relâche, il est déplaisant que le feu des brasiers carrés ou ronds se couvre de cendres blanches.

Sei Shônagon
Dame de compagnie de l'Impératrice (966-1013)
Notes de chevet
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Au pied des cerisiers.

Ils arrivèrent au Hashudono, "le palais sur le pont". [...] Comme le disait son appellation exacte : "le pavillon de sérénité". [...]
Le regard survole l'étang, pour se perdre en une contemplation du jardin dans sa plénitude. En vérité non, car le jardin n'existe pas sans l'étang.
[...]
- Shin.ichi, Shin.ichi ! Ici ! dit Chieko, s'asseyant la première, et elle lui désigna une place à sa droite. [...]
Le faisant s'asseoir, elle se leva. "Je vais acheter de la nourriture pour les carpes."
Revenue, elle en jeta dans l'étang. Les carpes affluèrent aussitôt, quelques-unes, dans leur précipitation, soulevant les autres hors de l'eau. Un cercle de petites vagues s'élargit. Le reflet des pins et des cerisiers tressaillit.
[...]
Ils restèrent ainsi un long moment, assis. Shin.ichi fixait la surface de l'eau, le visage serein.
"À quoi penses-tu ? Entendit-il Chieko lui demander.
- Heu, à rien. Il y a des moments de bonheur où l'on ne pense à rien, tu ne crois pas ?

Kawabata Yasunari (1899-1972)
Prix Nobel en 1968.
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Une utopie provisoire

À Kyoto, tout redevient forme et mélodie.
[...] Tout fait de la ville un havre de paix au milieu de la tempête. [...] Malgré la tourbe des tourments, on est heureux, serein. [...] Le séisme a suspendu le temps, l'a renversé, amplifiant démesurément le désir de vivre.
[...] Oui, il s'agit d'ouvrir la chance, de profiter de l'aubaine, de cette éclaircie nommée Kyoto dans le désastre noir venu du Nord - et qui se répand.

Fukushima. Récit d'un désastre. Michaël Ferrier.
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Ce moment de répit à Kyoto donne à l'auteur-narrateur l'occasion de réfléchir, et de se décider à faire son propre voyage dans le Nord. [...]
Tout en comprenant les réticences à décrire les catastrophes, dues à l'impuissance du langage face à la souffrance extrême, sa conclusion [...] est qu'en parler est quand même nécessaire. [...]
L'existence d'une fleur ou d'une personne est éphémère ; celle d'une ville aussi.

Allen S. Weiss
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Le pavillon d'or, une beauté inouïe.

Le sens aigu des aveugles.
À mesure que s'imposait davantage à mon souvenir l'image de ce qui avait été pour moi la Beauté, l'ombre se voyait rejetée en arrière, comme un fond sur lequel pût à loisir se dessiner mon mirage. La noire silhouette dissimulait tout entier dans ces formes ce qui pour moi était le Beau. Grâce aux puissances du souvenir, de fines parcelles de Beauté se mirent à jaillir, à scintiller dans l'ombre, une seule d'abord puis une autre ; et puis il y en eut partout. Finalement, dans l'éclairage de cette heure étrange dont on ne sait si elle est jour ou nuit, le Pavillon d'Or, par degrés, se précisa jusqu'à se découper, étonnamment net, dans le champ de mon regard. Jamais comme à cet instant sa fine silhouette ne m'était apparue si parfaite, si lumineuse jusqu'en ses moindres replis. C'était comme si j'avais acquis le sens aigu des aveugles.
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