Citations de Cicéron (310)
Il faut toujours revenir à cette vérité première qu'aucune souffrance n'atteint le sage parce que toute souffrance est vaine, parce qu'il ne sert à rien de s'y abandonner, parce qu'elle n'est pas le fruit d'une réalité mais d'une représentation, d'une subjectivité, d'une sorte de contrainte que nous nous imposons quand nous avons décidé qu'il devait en être ainsi.
La nature nous a dotés - je l'ai déjà dit plus haut, mais il est bon de le répéter - d'une ardente aspiration au bien. Dès que nous en apercevons une lueur, nous voilà prêts, pour l'atteindre, à tout supporter, tout souffrir. C'est cette quête, cet élan ver une gloire et un bien authentiques qui nous fait, au combat, affronter tous les dangers.
Il est utile de passer pour digne de leur rang aux yeux de ceux au nombre desquels on veut parvenir.
En effet celui qui peut se parler à lui-même, n’aura pas besoin de converser avec un autre.
Ainsi, il y aura toujours chez le sage des plaisirs continuels qui s’enchaînent, puisque l’attente des plaisirs espérés est liée à la mémoire des plaisirs qui lui ont été perçus.
Parce que les émotions et les agitations de l’âme, une fois éveillées et entraînées par un penchant irréfléchi, repoussent toute raison et ne laissent pas de place à la vie heureuse.
Non, Scipion ! Comme ton aïeul ici présent, comme moi-même qui t’ai engendré, cultive la justice et la piété ! et cette piété est d’autant plus grande à l’égard de la patrie qu’elle est grande à l’égard des parents et des proches : voilà la vie qui montre le chemin du ciel et de cette société formée par ceux qui ont accompli leur vie, et qui, libérés de leur corps, habitent ce séjour, que tu as sous les yeux.
[...] évoquons juste cette caractéristique, qui fait de ce nombre une sorte de merveille : comme Pallas ou Minerve, déesse sans mère et sans enfants, sortie tout armée du crâne de Jupiter, le sept est vierge et sans mère. Sans mère, puisque c’est un nombre premier et qu’il n’est pas le produit de deux autres ; et il est sans enfants, puisque, multiplié par un autre, il ne peut engendrer aucun nombre.
Les données traditionnelles se renversent : il ne s’agit plus, comme le voulait le Dieu-démiurge du Timée, de faire descendre l’intelligible dans le sensible – descente que la mécanique astrale du cosmos fait en musique et ne fait pas si mal, mais, à l’inverse, d’accompagner le sensible dans sa quête d’intelligibilité, dans ce frémissement qui le soulève contre lui-même, qui s’appelle l’histoire, et qui n’échappe ni aux conflits, ni aux dissonances.
Le Songe de Scipion a bien pour thème essentiel cette conjonction de l’ordre politique et du destin eschatologique de l’individu ou du héros. Ainsi sont essentiellement adjointés d’un côté le devoir, pour plaire aux dieux, de descendre dans la Caverne et d’associer les hommes en instituant des cités rationnellement gouvernées, et de l’autre côté, à la façon d’une récompense, la possibilité de revenir séjourner au paradis des Idées.
Commençons par l’histoire. C’est celle d’une ville – Rome – qui aspire à conquérir le monde, et celle d’une lignée – les Scipion – où se croisent deux familles, la Gens Cornelia et la Gens Aemilia, qui aspire à une gloire universelle. Ici, ces deux puissances historiques, la Ville et la lignée, s’inscrivent dans une temporalité bien circonscrite, celle des guerres puniques, donc, si l’on veut des dates, entre -264, année où commence la première guerre punique qui s’achève en -241 avec la défaite des armées romaines, et -149, moment où se précise, dans un proche horizon, la troisième guerre punique, au cours de laquelle notre Scipion, le Second Africain, Africanus minor, s’illustrera en conduisant Rome à la victoire définitive, en -146, et lui-même au faîte de sa gloire. Il accomplissait ainsi les prophéties de son ancêtre, le Premier Africain.
Ce sont des marques de déférence fort précieuses pour nous, quoique bien légères aux yeux du monde, que de nous saluer, de venir au-devant de nous, de nous céder la place, de se lever en notre présence, de nous accompagner, de nous reconduire, de nous consulter ; tous ces respects sont rendus très religieusement aux vieillards dans notre république, et chez tous les peuples où les moeurs sont bien réglées.
or c'est la patrie, notre mère commune à tous, qui te hait et qui te craint, qui juge que depuis longtemps tu n'as en tête qu'une idée, porter sur elle une main parricide. Et tu ne respecteras pas son autorité, et tu ne t'inclineras pas devant son arrêt, et tu ne redouteras pas sa puissance ? La voici, Catilina, qui s'adresse directement à toi
C'est de la vieillesse que je me propose maintenant de vous entretenir.
90. Point de salut pour qui refuse d’entendre la vérité lorsqu’elle sort de la bouche d’un ami ! Comme le dit Caton avec la finesse qu’on lui connaît : « Des ennemis qui ne mâchent pas leurs mots valent parfois mieux que des amis qui semblent tout sucre : ceux-là disent souvent la vérité alors que ceux-ci jamais ».
91. Se mettre en garde mutuellement est donc l’essence de l’amitié véritable et quand l’un le fait en toute liberté et sans rechigner. Par conséquent, en amitié il n’est point de fléaux plus grands que l’adulation, les caresses et la complaisance. Quel que soit le nom qu’on lui donne, ce vice doit être éradiqué car il est le propre des hommes superficiels et hypocrites, dont les paroles sont faites de miel et non de vérité.
En ce qui concerne l’avarice des vieillards, je ne vois pas bien à quoi cela rime : a-t-on jamais vu chose plus absurde qu’un voyageur qui s’alourdissait de provisions alors que sa route tourne à sa fin ?
Comme le dit Homère, « sur sa langue glissaient des mots plus doux que le miel ». Cette douceur n’était tributaire d’aucune force physique.
Enfin, si il n’y a chez le sage nul sentiment d’un mal présent, chez le commun des mortels, il y en a un : le chagrin, affection qui nait à l’idée de maux supposés, et sous l’emprise de laquelle l’âme, incapable d’entendre la voix de la raison, devient déprimée, se replie sur elle-même.
Un homme équilibré, constant, sans crainte, sans chagrin, sans allégresse excessive, sans désir passionné, n’est-il pas un homme heureux ? Or le sage est toujours cet homme-là : le sage est donc toujours un homme heureux.
Confions donc nos âmes à la philosophie, et souffrons qu’elle nous soigne : tant que ces maux ont leur demeure en nous, nous ne pouvons prétendre ni au bonheur ni à la santé.