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Hubert Le Gall (Autre)Jean-Louis Poirier (Traducteur)
EAN : 9782251454566
120 pages
Les Belles Lettres (06/10/2023)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Alors que la République romaine triomphante s’effrite et tombe déjà en ruines, Cicéron rapporte la vision bouleversante qu’eut, dans son sommeil, Scipion Émilien. Nous voici, par le pouvoir des mots et du songe, transportés au plus haut des cieux pour contempler le mouvement des astres, au son de la musique des sphères et à la lumière de mille soleils. À nous de partager un spectacle appelé à nous conduire à une réflexion poignante sur l’humanité, sur sa mémoire et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le Songe de Scipion est un passage du livre VI du livre de re publica de Cicéron, conservé par Macrobe, qui a longtemps été lu indépendamment du reste du dialogue qui s'était égaré. La réunion des premiers livres du de re publica et du Songe de Scipion montre d'ailleurs qu'il s'agit de textes aux approches si différentes que leur longue séparation n'est pas véritablement surprenante.


Le Songe de Scipion est en lui-même très bref et doit compter une dizaine de pages. Dans cette édition, le traducteur, Jean-Louis Poirier, est également auteur d'une introduction bien plus longue que le texte lui-même. A travers celle-ci, il pose le contexte, évoquant les guerres puniques, le pythagorisme et la cosmogonie de l'époque, nous rendant ainsi familières les éventuelles étrangetés du texte. Il décrit également la dynamique du songe qui, en permettant à Scipion d'apprendre de son ancêtre le destin qu'il doit accomplir et pour lequel il doit se mettre au service dans une forme d'abnégation de l'individuel au profit de l'universel, ou du temporel pour l'éternel. Loin d'établir une scission entre ces deux dimensions, le Songe joint au contraire l'éternité du monde et la fugacité de l'histoire, et montre leur commune mesure.


« le Songe de Scipion a bien pour thème essentiel cette conjonction de l'ordre politique et du destin eschatologique de l'individu ou du héros. Ainsi sont essentiellement adjointés d'un côté le devoir, pour plaire aux dieux, de descendre dans la Caverne et d'associer les hommes en instituant des cités rationnellement gouvernées, et de l'autre côté, à la façon d'une récompense, la possibilité de revenir séjourner au paradis des Idées. »


Dans son introduction, Jean-Louis Poirier ne traite pas des éventuelles problématiques de traduction qui auraient pu se poser à lui alors que certaines notions du Songe semblent ne pas pouvoir être laissées au hasard, notamment lorsqu'il est question du « principe » décrit à la manière du premier moteur immobile d'Aristote. Quelques extraits de textes d'historiens de l'antiquité grecque viennent ponctuer ce bref ouvrage pour continuer de nous plonger dans l'ambiance de l'époque. Ce bref ouvrage permet de faire connaissance efficacement avec un texte si éloigné de nous dans le temps et dans le discours qu'il était bien nécessaire de l'armer de quelques indications pour commencer à l'apprécier depuis l'endroit où il mérite que nous le lisions.

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Si les noms de Cicéron et de Scipion vous sont connus, peut-être avez-vous déjà entendu parler du Songe de Scipion, un court texte tiré du dernier livre du de Republica. Ce texte relate un songe où Scipion l'Africain le second parle avec Scipion l'Africain le premier.

Ce livre est intéressant pour ses commentaires qui nous invitent à plonger dans les domaines du songe et de la philosophie bien avant d'aborder le Songe de Scipion en lui-même. Jean-Louis Poirier nous ouvre les portes d'un monde onirique où les réflexions sont nombreuses, à commencer par les parallèles inévitables entre le songe tel qu'il est écrit par Cicéron et le mythe d'Er dans La République de Platon. L'auteur ne manque pas de rappeler que la vision de l'univers n'est pas cohérente avec la réalité qui nous entoure (mais est-il nécessaire de situer Cicéron, au premier siècle avant J.C, pour se souvenir des connaissances de l'époque qui différaient des nôtres et ne pouvaient pas être confirmées par des satellites ou des hommes envoyés dans l'espace ?).

Le Songe en lui-même, une fois dépouillé de certains de ses mystères, se lit rapidement. Il est utile cependant de noter que la traduction proposée dans le livre est celle de l'édition des Belles Lettres de 1921, en aucun cas une nouvelle traduction comme il en est fait mention dans la quatrième de couverture.

Quant aux illustrations, si elles représentent bien l'aspect nébuleux d'un songe, elles m'ont paru décalées par rapport au sujet du livre.

Les références en fin d'ouvrage sont intéressantes elles-aussi.

Merci à babelio et aux Belles Lettres pour cet envoi.
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Petit effet Madeleine de Proust avec cet ouvrage des Editions Belles Lettres obtenu par la Masse Critique. Souvenirs des heures passées penchée entre textes et dictionnaire de latin pour tenter d'obtenir la meilleure traduction possible des écrits magnifiques de Cicéron. Je me suis délectée à la fois du texte onirique et poétique et de l'analyse-commentaire savante mais claire. En revanche, j'ai peu goûté les illustrations.
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Extrait des plus belles pages d'un des textes mutilés de Cicéron, le de Re Publica (La République), le songe de Scipion retrace le récit d'un rêve qu'aurait eu ce grand homme politique.
Ce traité dialogué, qui a lieu dans les jardins de Scipion, aux alentours de -129, met en scène des personnalités politiques contemporaines. Il aborde les sujets tels que la politique, les institutions et les lois de la cité sur lesquels Scipion apporte son expertise de vainqueur de Carthage et d'homme politique.
Cicéron retravaille le mythe d'Er, qui clôture La République de Platon, en en faisant un rêve. L'auteur soumet Scipion à une vision supraceleste où il voit, apprend et entend des choses dont nul homme n'a accès. On y retrouve l'idée platonicienne du philosophe-roi, représentant la figure idéale, conjointe à celle de l'homme politique de la République romaine, incarnant la figure historique. L'homme politique agissant selon le monde des Idées pourra atteindre le ciel et devenir un héros. Il réfléchit aussi à la place de Rome dans l'Univers « Urbi et orbi ».
Après les Lettres à Ménécée d'Épicure, @lesbelleslettreseditions ont décidé de faire ressusciter un nouveau texte antique, le songe de Scipion. Ils ont demandé la collaboration de Jean-Louis Poirier qui s'est occupé de la traduction ainsi que de l'introduction pour rendre ce texte le plus accessible possible. Pour l'illustration, ils ont fait une nouvelle fois appel à Hubert le Gall qui, dans un style géométrique et évanescent, redonne vie au songe avec ses dessins.
Un beau texte, didactiquement expliqué, et un magnifique ouvrage, enrichi par les toujours très belles illustrations d'Hubert le Gall.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
« Qu’est-ce là, demandai-je, quelle est cette musique si puissante et si suave qui me remplit les oreilles ? » - « Il s’agit de ce chant, me répondit-il, qui, en unissant des sons définis par des intervalles inégaux, tout en respectant une différence réglée selon la proportion de leurs parties, est produit par la poussée et le mouvement des sphères elles-mêmes ; ce chant qui, par le tempérament des aigus et des graves, fait de ces sons variés un mélodieux accord. Car de si grands mouvements ne peuvent s’accomplir en silence, et la nature veut qu’aux extrémités de la gamme, les intervalles rendent d’un côté des sons graves et de l’autre des aigus. Voilà pourquoi la sphère céleste la plus élevée, celle qui porte les étoiles et dont la révolution est la plus rapide, produit un son aigu et fort alors que, de notre côté, c’est le cercle de la Lune, plus bas, qui produit le son le plus grave, puisque la Terre, neuvième sphère, demeure immobile au centre du monde, constamment enfoncée dans la région la plus basse. Quant aux huit autres sphères, dont deux sont animées de la même puissance, elles produisent sept sons définis par des intervalles différents : ce nombre est pour ainsi dire le nœud de toutes choses. De savants hommes ont réussi à imiter cette musique avec des instruments à cordes ou par leurs chants se frayant ainsi la voie d’un retour vers notre région ; et de même tous ceux qui, supérieurs par leur génie, ont cultivé les sciences divines, sans quitter la vie humaine. [...]
Dans le cas présent, le son produit par le mouvement extrêmement rapide de l’univers entier est si fort que les oreilles humaines sont incapables de le percevoir. C’est de la même façon que vous ne pouvez regarder le Soleil en face : vos yeux et vos sens sont anéantis par sa lumière.
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Ce qui se meut toujours est éternel ; en revanche, ce qui donne le mouvement à autre chose en étant soi-même mis en mouvement de l’extérieur doit nécessairement cesser de vivre lorsque cesse son propre mouvement. Il en résulte que seul ce qui se meut soi-même ne cesse jamais de se mouvoir, parce qu’il ne se fait jamais défaut à lui-même. Bien plus : à l’égard de tout ce qui est mû, il est source, il est le principe de ce mouvement. Or un principe n’a pas d’origine : toutes choses en effet proviennent d’un principe ; mais le principe lui-même ne peut naître de nulle autre chose, car s’il naissait d’autre chose, ce ne serait pas un principe. N’ayant jamais pris naissance, il ne connaîtra jamais la mort non plus, car un principe détruit ne renaîtra jamais lui-même d’un autre, pas plus qu’il n’en fera sortir un autre de lui-même, tant il est nécessaire que toutes choses dérivent d’un principe. On doit conclure de cela que le principe du mouvement tient à l’être qui se meut soi-même, et que cet être ne peut ni naître ni mourir, ou alors, nécessairement, le ciel entier s’écroulerait et toute la nature s’arrêterait sans pouvoir jamais retrouver une force sous l’impulsion de laquelle reprendre son premier mouvement.
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[...] le rapprochement s’impose entre Le songe de Scipion, qui évoque l’au-delà et sert de conclusion au De Re Publica, et le mythe final de La République de Platon, qui rapporte l’aventure outre-tombe d’Er, fils d’Armenios. Compte tenu de l’intention claire de Cicéron de prendre pour modèle la République de Platon, et de s’en réapproprier l’admirable conclusion, la question se pose de savoir pourquoi il a substitué le rêve au mythe. [...] La fiction du rêve, chez Cicéron, [...] ne comporte aucun, ou presque aucun, enjeu de vérité. Il s’agit de tourner l’âme vers des valeurs, et en l’occurrence des valeurs fragiles qu’il importe avant tout de recevoir et de transmettre. La forme du rêve a pour fonction de valider un enseignement, d’en garantir l’authenticité, et l’appareil visuel du rêve, ici, est un dispositif visant à produire de la présence, à faire apparaître, en personne, le modèle perdu.
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[...] Pythagore, persuadé que toutes choses étaient structurées par le nombre, découvrit par hasard le phénomène de l’harmonie : tout commence avec la musique et y revient. Passant dans la rue devant des forgerons qui battaient le fer, il remarqua que les aigus s’harmonisaient aux graves, et que « de ces coups variés, naissait une harmonie unique » ; de là l’idée géniale de mesurer les accords en fonction des écarts, en demandant aux forgerons d’échanger leurs marteaux. Pythagore sut reproduire ensuite ces rapports en travaillant avec des cordes inégales : il avait découvert l’harmonie : « Il constate que l’harmonie sonore était réglée par les poids, et après avoir relevé les nombres qui définissaient la diversité bien accordée de ces poids, il passa des marteaux aux instruments à cordes ». Il avait découvert la consonnance, qui est l’essentiel de l’harmonie. Et l’on voit comment l’introduction du nombre permet de modéliser l’expérience : la même musique et les mêmes rapports se retrouvent, qu’il s’agisse des marteaux des forgerons, des cordes de la cithare ou des sphères célestes.
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Masinissa, roi des Libyens, et toujours fidèle aux Romains, vécut, jouissant de toutes ses facultés, pendant quatre-vingt-dix ans. En mourant, il laissa dix enfants, dont il confia la tutelle aux Romains. Masinissa était vigoureux de corps et exercé aux fatigues dès son enfance. Sur pied de bon matin, il restait toute la journée sans désemparer, et occupé aux mêmes travaux : une fois assis, il ne se levait de son siège qu’à la nuit ; une fois à cheval, il s’y tenait, sans se fatiguer, des journées entières. Ce qui prouvait la bonne constituation et la santé robuste de ce roi, c’est que, à près de quatre-vingt-dix ans, il avait un fils âgé de quatre ans d’une force remarquable. Il s’appliquait avec soin à l’agriculture, et laissa à chacun de ses fils un champ de dix milles plèthres en plein rapport. Il régna pendant soixante ans d’une manière distinguée.

Bibliothèque historique, XXXII, 24, trad. Ferdinand Hoefer
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Vidéo de  Cicéron
À un mystérieux colloque des morts, les Rois de France ont convié l'auteur et sa petite-fille Zélie. À la clarté des torches et de la lumière spirituelle, ils lient avec eux une conversation pleine de douceur. Avec une sagesse qui jamais ne pèse ou n'impose, les voici qui éclairent les enjeux des temps présents. Prouesse poétique et historique, La Nuit des Rois rend contemporaine la sagesse des temps passés. Jacques Trémolet de Villers, dans une veine inédite, renoue avec l'art de faire parler les Anciens qu'il avait si magistralement illustré dans En terrasse avec Cicéron.
Pour en savoir plus sur cet ouvrage, et feuilleter un extrait : https://bit.ly/3JhqY2f _________________________________
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