Djura chez T. Ardisson, extrait du 17/06/2006
Quand dans l'Evangile il est écrit que l'épouse doit être soumise à son mari, il est également ajouté que le mari doit être soumis à son épouse. Escamotée, la phrase, pendant des siècles !
Quoi qu'il en soit, chez nous en Algérie, la femme demeure à la merci de la loi coranique telle qu'elle fut interprétée depuis le début de l'Islam. En l'absence d'une législation laïque structurée, c'est le droit musulman, millénaire, qui fait loi dans les tribunaux, acceptant comme un fait établi la suprématie de l'homme, la possibilité pour lui d'interdire à son épouse de travailler au dehors, le droit de la répudier, le droit de marier ses filles sans leur consentement et de les châtier à l'envi, et même le droit pour lui d'être encore polygame !
Maîtriser son enthousiasme aussi bien que sa gourmandise. Parler avec retenue, manger peu et surtout ne pas commencer à manger à table la première. Réprimer ses tentations de paresse : apprendre toutes les besognes ménagères dès l’enfance, travailler en silence, balayer accroupie, à reculons, en tournant le dos aux hommes. Ne pas attende le moindre remerciement pour ces tâches, si lourdes soient-elles, mais se montrer au contraire reconnaissance vis-à-vis de ses parents qui lui enseignent ainsi son futur métier de femme.
Une fille, disent les kabyles c’est une épine dans le pied, un pieu dans le dos de son père et de ses frères. Une source d’inquiétude et d’ennuis permanents, en somme, qui nécessite une éducation stricte, dont la mère doit se charger en multipliant les interdits au fur et à mesure que la petite avance en âge. Si la jeune enfant pleure devant tant de contraintes, personne n’ira la consoler. Il lui faut apprendre à subir, à être docile, à se maîtriser.
Avant d'entrer chez son mari, c'est-à-dire dans la demeure de sa belle-famille, la mariée devait enjamber un bâton, posé à terre sur le seuil de la maison. Son beau-père, ensuite, jetait ce bâton sur le toit. Si le bâton restait là-haut, c'était pour tous de bon augure : la future femme serait soumise et docile à l'envi. S'il retombait, on commençait déjà à la regarder de travers : il faudrait se méfier de cette fille.
"Je lui promis de porter un chapeau. Un chapeau cache les cheveux, non ? Ce fut l’horreur ! Car ne pas porter le foulard c’est mal, mais porter le chapeau, pour une femme, se révèle carrément diabolique ! Le chapeau est un symbole de virilité, un attribut exclusivement masculin."
Maîtriser son corps déjà. Marcher sans courir, porter des robes longues recouvrant ses mollets, ramasser chastement ses jupes afin de cacher ses jambes quand elle s’assoit, et ne jamais s’asseoir face à un homme. Cacher ses bras, aussi, et ses cheveux qui sont un objet de désir : ne pas les dénouer, ni les coiffer devant une personne du sexe opposé.
L’homme est la femme sont comme le soleil et la lune. Il se voient bien, mais ne se rencontrent jamais"
Comment pouvais-je imaginer, à treize ans et en France que je subirais cette loi jusqu’au bout, ou presque ? "
Une fille, disent les Kabyles, c'est une épine dans le pied, un pieu dans le dos de son père et de ses frères. Une source d'inquiétude et d'ennuis permanents en somme, qui nécessite une éducation stricte, dont la mère dois se charger en multipliant les interdits au fur et à mesure que la petite avance en âge.