Lindsey T.

Le poids des responsabilités me tombe sur le râble comme si un éléphant venait tranquillement de choisir ma poitrine pour siège des plus confortables. Forcément, à cet endroit, il n’y a plus guère qu’un trou béant creusé par le chagrin. Du coup, le pachyderme a toute la place pour prendre ses aises.

Chapitre 1 :
Mac, 25 ans, New York
«…— Dites-moi, Daisy, est-ce-que…
J’hésite, me racle la gorge.
Bordel, j’ai vraiment besoin d’un autre café. Et d’une paire de couilles, aussi, cela pourrait me servir.
— Est-ce que Nell Gates a repris son travail ? débité-je d’une seule traite.
Le visage de Daisy se décompose dans l’instant et une angoisse inattendue me submerge.
— Vous n’êtes pas au courant, monsieur ?
Je dévisage la femme qui me fait face, scrute ses traits. Au courant de quoi, putain ? Je me contente d’un mot, ânonné d’une voix blanche :
— Non…
Cela suffit à enclencher la machine des révélations.
— Elle a été victime d’un accident, me balance sans ambages la quinquagénaire.
Mon pouls s’arrête, puis repart brusquement. Je cherche bêtement une chaise derrière moi, que je ne trouve pas. Soudain, je sors de ma léthargie et je déverse mon inquiétude sur Daisy, la noyant sous un flot de questions.
— Quoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que c’est grave ? Où est…»

Chapitre 3 :
Macsen, 25 ans – New York :

«…
Emmitouflée dans un manteau trop grand, elle n’a rien à voir avec elle. Blonde, encore adolescente, le cheveux courts, rien ne l’évoque, ni dans s silhouette, ni dans son visage.
Pourtant, avec la violence d’un vent tempétueux, je suis brusquement arraché à la vie que je croyais construire et ramené vers elle.
Nell.
Mon premier amour, ma meilleure amie, ma protectrice. Mon refuge.
Mon cœur bat en sourdine depuis le jour où je l’ai trahie.»

Chapitre 3 :
Nell, 24 ans – New York :

«… Je m’en fiche, je suis tirée d’affaire, au moins provisoirement. Je m’apprête à proposer à Jay et Tanner de rentrer quand un subtil changement d’atmosphère s’opère autour de moi.
Je vois Jay se figer et même Tanner s’est départi de son habituel mais trompeur maintien nonchalant.
— Il vient vers nous, chuchote Jayla.
Inutile de lui demander de qui elle parle. Je tourne la tête pour rencontrer enfin mon nouveau patron.
Le monde tangue et vacille à l’instant où mes yeux se posent sur son visage. Ni mon regard stupéfait ni mes hurlements silencieux n’arrêtent sa marche. Au contraire, c’est comme si je l’appelais. Comme si je criais son nom.
[…]
Inconscient du séisme qui secoue l’univers, Tanner s’adresse à moi d’une voix emplie de fierté et de déférence mêlées.
— Monsieur, je vous présente notre meilleur coursier, Nell Gates. Nell, je te présente le nouveau propriétaire de Del. Ex., monsieur…
—Macsen Sander James, IIIe du nom, débité-je d’une voix si lointaine que je ne la reconnais pas.
...»

Elle ferma les yeux, remuée de se réjouir de la mort d’un homme, bouleversée d’être attirée par un autre dont le métier était d’ôter des vies, alors que sa vocation à elle était de tout mettre en œuvre pour guérir. Troublée de ressentir ce désir incontrôlable qui montait en elle à chaque souffle expiré qui caressait sa joue alors qu’inconsciemment elle accordait sa respiration à la sienne.
Quelle était la formule consacrée ? Les contraires s’attirent…

Tous les bienfaits des eaux purifiantes de la cascade s’étaient envolés à mesure que Hunt suivait dans son dos une trace invisible et créait un chemin brûlant de souffrance. La douleur s’était réveillée dans tout son corps, maintenant que son cerveau avait goûté de nouveau à cette sensation, comme un alcoolique abstinent qui aurait retrempé ses lèvres dans un verre d’alcool.

Tous ses instincts lui hurlaient de ne pas détacher les yeux de cet homme, comme s’il s’agissait de surveiller un fauve et de guetter les moindres signes de l’attaque qui n’allait pas manquer de survenir.
Comme si, à la première défaillance, il allait bondir sur elle. Et la dévorer.

… La vie d’Emma disparue en un battement de cils. Envolée.
Son avenir. Anéanti.
Sa joie de vivre. Annihilée.
À jamais. Sans espoir de retour en arrière.

Pendant une seconde, il se demanda qui il était et où il se trouvait.
Pendant un instant, il s’interrogea sur les raisons pour lesquelles il ne sentait plus rien.
Ni émotionnellement, ni physiquement.
Puis brusquement son esprit réintégra son corps et tout explosa en lui.
Chaos.
La douleur d’abord. Cette brûlure intolérable bien réelle qui embrasait son corps, cette souffrance qui ne semblait plus faire qu’un avec lui.

- Pousse-toi…
Quoi ?
- Jake ! On… On en va pas… ?
Il leva les yeux au ciel, un sourire indulgent au coin des lèvres.
- Non Mia. On en ca spa… Pas ici, pas maintenant, pas comme ça. Je veux juste te tenir dans mes bras… dit-il en appuyant doucement sa hanche contre la sienne.

Chapitre 23 :
" ...
  Derrière le canapé, voilà où il était planqué, eut-elle le temps de penser  tandis que la rousse poussait son avantage, inconsciente de l'ombre du danger qui planait sur elle.
- Que s'est-il passé Ava ? C'est ton nouveau mec ? C'est ça ? Celui avec qui tu avais rendez-vous hier soir ?
  Pétrifiée, Ava vit Hunt se figer derrière son amie. Ses sourcils se froncèrent et il darda un regard indéfinissable sur Ava.
  Un cauchemar. Elle vivait un cauchemar.
- Vous vous êtes battus ? À cause de... de l'autre ? Le vieux ?
  Cette fois, Ava pria de toutes ses forces pour que le sol s'ouvre et l'avale pour toujours. Les yeux de Hunt glissèrent sur le dos de Cassie, comme pour 'inciter à continuer.
  La rousse plaqua soudain sa main sur sa bouche et considéra Ava d'un air horrifié.
- Mon Dieu ! Tu l'as... tu l'as tué... C'est ça ? Il a essayé de te violer ? C'était un psychopathe sous ses airs de gendre idéal et il a essayé d'abuser de toi ? Et tu l'as frappé ?
  Elle mima un geste rageur de la main.
- Un coup derrière la tête, il a saigné comme un porc !
- Cassie ! tenta de l'interrompre Ava.
 Peine perdue. Mlle Sanders et son imagination débordante étaient lancées à pleine vitesse sur l'autoroute du grand n'importe quoi.
- Tu as essayé de le soigner, bien sûr ! Mais c'était trop tard... Oh, mon Dieu, ma chérie, reprit-elle d'un ton soudain attristé et compatissant. C'était de la légitime défense. On te trouvera le meilleur avocat et je...
  Derrière la jolie rousse, Hunt secoua la tête, agacé par ce bavardage incessant. Un simple mouvement qui suffit à stopper net le délire de Cassie. Elle s'immobilisa brusquement, la perplexité recouvrit son visage une nanoseconde avant que la main de Hunt n'encercle sa gorge.
..."

Chapitre 2 :
" Essayez de comprendre ce qui venait de se passer.
Si ces agresseurs connaissaient son domicile personnel, la voiture qu'il conduisait, ses habitudes, hors de question de retourner au QG, sauf à mettre en danger toute son équipe.
Il fallait d'abord qu'il fasse le point. Qu'il sache à qui il avait affaire.
Une refuge. Il lui fallait un refuge.
Et un docteur.
Ava.
Ava pourrait l'aider.
Il lui avait sauvé la vie des années plus tôt. Elle lui avait dit qu'elle avait une dette envers lui.
Il était temps de venir recouvrer sa créance."

Certaines personnes, après avoir frôlé la mort, prenaient conscience de la beauté et de la brièveté de la vie et voulaient profiter de tout et de chaque minute.
Manifestement elle n’appartenait pas à cette catégorie.
Elle, était devenue froide, amère et cynique.
Vide.

Chapitre 3 :
" - Attends ! cria-t-elle d'un ton précipité. Si tu veux... Enfin si tu veux qu'on... Détache-moi d'abord !
Elle tenta d'arborer un sourire enjôleur, mais y parvint très mal.
- Ça sera plus marrant si tu me détaches, je te jure...
Sam resta un instant interdit, puis ferma brièvement les yeux en comprenant ce qu'elle voulait lui dire.
Bon sang... Il fallait qu'il mette les choses au clair.
- Arrête, Aleksandra, l'interrompit-il d'une voix douce. Je ne vais pas te violer sur ce canapé...
À ce mot, il la vit tressaillir.
- Par contre, continua-t-il de la même voix, je dois m'assurer que tu ne portes rien sur toi qui pourrait te faire du mal... ou me faire du mal. Et donc, je vais te fouiller.
Il laissa à Aleksandra le temps d'assimiler ses paroles avant de poser les mains sur sa cheville gauche. il recula juste à temps pour parer le coup de pied qu'elle lança.
Il réprima un sourire. Un peu plus et elle lui brisait la mâchoire. Elle avait de la suite dans les idées. Et il la préférait largement comme ça, combative et courageuse, plutôt que vaincue et terrorisée. Mais cela, il n'allait pas le lui dire. En tout cas pas maintenant.
- Bien essayé... Je vois que j'ai bien fait de t'attacher... Mais s'il le faut, j'ai aussi de quoi attacher tes pieds... Tu veux tente le coup ?

Prologue :
" Cela prit plus de temps qu'elle l'avait imaginé. Les minutes s'égrenèrent, interminables.
Mais elle la vit apparaître sur l'écran central, le plus grand. La femme été seule et, une seconde avant qu'elle mette le mains dans les poches de sa veste, Aleksandra vit le liquide rouge et poisseux qui les recouvrait.
La réalité la frappa en plein visage, plus puissante que les coups qu'elle avait pu recevoir, plus intense que les épreuves qu'elle avait pu vivre, plus extrême que les sacrifices auxquels elle avait dû consentir.
Elle était libre.
Une liberté fragile, vacillante comme la flamme d'une bougie sous la tempête, prête à s'éteindre au moindre coup de vent. Mais cette flamme était réelle, telle une lumière au fond du puits noir dans lequel elle vivait depuis si longtemps, une lueur qui la guiderait pour accomplir son but.
Elle était libre.
Et pour le reste, elle devait fuir..."

Chapitre 4 :
" - Attends, tu as dit la nuit... Qu'est-ce que tu veux dire ? Ce n'était pas cette nuit ? Combien de temps je suis restée inconsciente ?
- Plus de trente-deux heures...
Mia encaissa le coup.
- Putain, murmura-t-elle. j'ai bien mérité mon café...
Ryan éclata de rire et même Jake laissa furtivement entrevoir une lueur amusée dans ses yeux.
Elle décida de pousser son avantage.
Elle pencha la tête sur le côté et adressa un regard en coin à Jake, les yeux mi-clos.
- Je crois que j'ai présumé de mes forces, susurra-t-elle. Tu avais raison, Jake...
Jake leva un sourcil surpris. Même Ryan ravala son sourire et la considéra d'un air étonné.
Mia Hanson disait à Jake Grant qu'il avait raison ?
Elle était tombée sur la tête ou qui ?
Mia savoura son effet.
- Je crois, reprit-elle d'une voix suave, que tu vas devoir me porter jusqu'à ma chambre...
Le sourire de Ryan réapparut, encore plus large, dévoilant toutes ses dents.
- Ce n'est pas fini ces conneries ! tonna le Chef, ramène-là à sa chambre !
Jake obéit sans rechigner.
Elle savoura chaque pas dans les bras de Jake, la tête appuyée contre son torse ferme.
Plus tard, elle devait repenser à ce moment de quiétude avant la tempête qui allait se déchaîner sur eux. Et qui n'épargnerait personne."

Chapitre 1 :
" - Ça... ça ne vas pas... Ils ont réussi à me droguer... Il faut venir me chercher...
Elle s'écroua sur le sol froid sans pouvoir faire une geste pour se retenir, priant pour que Jake et Ryan aient entendu son appel à l'aide.
Son corps ne luis répondait plus. En revanche, par une curieuse ironie du sort - ou par le talent du chimiste attaché à Voronov - ses sens n'étaient pas affectés.
Elle entendit donc distinctement la porte qu'elle avait pourtant verrouillée s'ouvrir et vit apparaître dans son champ de vision une paire de chaussures d'homme.
Ses prières redoublèrent alors que la peur sr propageait en elle, dans son corps inerte devenu inutile, remplissant son esprit conscient de l'horreur de la situation d'une angoisse lancinante.
Les mots sortirent de sa bouche, à peine audibles.
- Venez me chercher...
Le rire de Sorokine étouffa la dernière lueur d'espoir.
- Personne ne viendra te chercher, déclara-t-il d'un ton amusé. On a de longues heures devant nous..."

Chapitre 2 :
"...
Il ne souriait plus. Plus du tout. Et une arme s'était matérialisée dans sa main droite.
Lori comprit en une fraction de seconde que tout était terminé. Que rien ne pourrait arrêter ce qui allait se passer. Qu'aucun chevalier n'allait surgir pour l'enlever sur son cheval blanc et la soustraire à son sort.
Ce serait fini dans un instant.
Pourtant, le temps s'étira et transforma cette dernière seconde en un moment à la fois douloureusement interminable et redoutablement éphémère.
Comme au ralenti, Lori vit l'homme lever son arme vers elle.
Et il tira.
La douleur explosa dans le crâne de Lori, puis ce fut le trou noir."