Citations de Marc Aurèle (700)
LIX. - Les hommes sont faits les uns pour les autres; instruis-les donc ou supporte-les.
LI. - Dans tes actions, ne sois point nonchalant; dans tes conversations, ne sois pas brouillon; dans tes pensées, ne t'égare pas; en ton âme, en un mot, ne te contracte pas, ne t'en évade pas, et ne passe pas ta vie dans les tracas.
Ils tuent, ils dépècent, ils poursuivent sous des malédictions !
[...]
Comment auras-tu donc en toi une source intarissable, et non un puits ? En te haussant à toute heure vers l'indépendance, avec bienveillance, simplicité, modestie.
L. - Ce concombre est amer; jette-le. Il y a des ronces dans le chemin; évite-les. cela suffit. N'ajoute pas: "Pourquoi cela existe-t-il dans le monde ?" Tu prêterais à rire à l'homme qui étudie la nature, comme tu prêterais à rire au menuisier et au cordonnier, si tu leur reprochais que tu vois dans leurs boutiques des copeaux et des rognures tombés de leurs ouvrages. Toutefois, ces artisans ont un réduit où les jeter, et la nature universelle n'a rien en dehors d'elle. [...] elle transforme en elle-même tout ce qui en elle semble se corrompre, vieillir, devenir inutile, et que, de cela-même, elle en fait derechef d'autres choses nouvelles. De cette sorte, elle ne se sert point de matière étrangère, et n'a pas besoin de réduit où jeter ces détritus. Elle se contente du lieu qu'elle a, de la matière qui est sienne, et de l'art qui lui est propre.
XLVIII. - [...] c'est une citadelle que l'intelligence libérée des passions. L'homme n'a pas de position plus solide où se réfugier et rester désormais imprenable. Qui ne l'a point découverte est un ignorant, et qui l'a découverte, sans s'y réfugier, est un malheureux.
XLVII. - Si tu t'affliges pour une cause extérieure, ce n'est pas elle qui t'importune, c'est le jugement que tu portes sur elle. Or, ce jugement, il dépend de toi de l'effacer à l'instant. Mais, si tu t'affliges pour une cause émanant de ta disposition personnelle, qui t'empêche de rectifier ta pensée ? De même, si tu t'affliges parce que tu ne fais pas une action qui te paraît saine, pourquoi ne la fais-tu pas plutôt que de t'affliger ?
- Mais quelque obstacle insurmontable m'empêche.
- Ne t'afflige donc pas, puisque ce n'est point par ta faute que tu ne la fais point.
XLIV. - Veille à favorablement accueillir pour toi-même le temps présent. Ceux qui préfèrent poursuivre une gloire posthume ne prennent pas garde que les hommes d'alors seront tels que sont ceux dont ils sont aujourd'hui excédés, et qu'ils seront aussi mortels. Que t'importe, en somme, que ceux-là te célèbrent par les cris de ceux-ci, ou qu'ils aient de toi une semblable opinion !
XXII. - Sois attentif à l'objet qui t'occupe, à ce que tu fais, à ce que tu penses, à ce que tu veux faire entendre.
Tu souffres à juste titre. Tu préfères attendre à demain pour devenir honnête homme plutôt que de l'être aujourd'hui.
LXIX. - La perfection morale consiste en ceci: à passer chaque jour comme si c'était le dernier, à éviter l'agitation, la torpeur, la dissimulation.
LXVIII. - Passe à travers la vie sans violence, l'âme pleine de joie, même si tous les hommes poussent contre toi les clameurs qu'ils voudront, même si les fauves déchirent les morceaux de cette pâte que tu épaissis autour de toi.
LXVII. - [...] Il est parfaitement possible, en effet, d'être un homme divin et de n'être remarqué par personne. Souviens-t'en toujours, et encore de ceci: que le bonheur de vivre dépend de très petites choses, et que, si tu désespères de pouvoir être un dialecticien et un physicien, il ne faut pas pour cela renoncer à être libre, modeste, sociable et docile à la voix de Dieu.
LXV. - Prends garde de ne jamais avoir envers les misanthropes les sentiments qu'ont les misanthropes à l'égard des hommes.
LXIV. - A toute douleur, aie cette pensée à ta portée: cela n'est pas honteux, cela ne lèse point l'intelligence qui te gouverne, car celle-ci, ni en tant que raisonnable, ni en tant que sociable, ne saurait être corrompue par la douleur.
[...]
Rappelle-toi encore ceci: qu'il y a bien des choses qui t'insupportent et qui, sans le paraître, sont de véritables douleurs, comme la somnolence, l'extrême chaleur, le manque d'appétit. Si donc un de ces maux te chagrine, dis-toi que tu cèdes à la douleur.
LIX. - Creuse au-dedans de toi. Au-dedans de toi est la source du bien, et une source qui peut toujours jaillir, si tu creuses toujours.
XXII. - Le propre de l'homme est d'aimer même ceux qui l'offensent. Le moyen d'y parvenir est de te représenter qu'ils sont tes parents; qu'ils pèchent par ignorance et involontairement; que, sous peu, les uns et les autres vous serez morts; et, avant tout, qu'on ne t'a causé aucun dommage, car on n'a pas rendu ton principe directeur pire qu'il n'était avant.
XXI. - Bientôt tu auras tout oublié; bientôt tous t'auront oublié.
XVIII. - Craint-on la transformation ? Mais sans transformation que peut-il se produire ? Qu'y-a-t-il de plus cher et de plus familier à la nature universelle ? Toi-même, peux-tu prendre un bain chaud, si le bois ne subit aucune transformation ? Peux-tu te nourrir, si les aliments ne subissent aucune transformation ?
LIX. - Que sont-ils, ceux à qui l'on veut plaire ? Et pour quels profits et par quels procédés ? Comme le temps aura tôt fait de tout recouvrir, et que de choses déjà n'a-t-il pas recouvertes !
LVI. - Combien de ceux avec qui je suis entré dans le monde en sont déjà partis !
LIV. - Ce qui n'est pas utile à l'essaim n'est pas utile à l'abeille non plus.
LIII. - Habitue-toi à être attentif à ce qu'un autre dit, et autant que possible, entre dans l'âme de celui qui parle.