Citations de Pierre Choderlos de Laclos (687)
On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature ; ce n'est pas ma faute.
Ou vous avez un rival, ou vous n'en avez pas. Si vous en avez un, il faut plaire pour lui être préféré ; si vous n'en avez pas, il faut plaire encore pour éviter d'en avoir.
A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve; on les dit ; et après on y tient, non pas tant parce qu'elles sont bonnes que pour ne pas se démentir.
L’humanité n’est parfaite dans aucun genre, pas plus dans le mal que dans le bien. Le scélérat a ses vertus, comme l’honnête homme a ses faiblesses. Cette vérité me paraît d’autant plus nécessaire à croire, que c’est d’elle que dérive
la nécessité de l’indulgence pour les méchants comme pour les bons; et qu’elle préserve ceux-ci de l’orgueil, et sauve les autres du découragement.
Être soi-même l'artisan de son malheur ; se déchirer le coeur de ses propres mains ; et tandis qu'on souffre ces douleurs insupportables, sentir à chaque instant qu'on peut les faire cesser d'un mot et que ce mot soit un crime ! ah ! mon amie !...
Or, est-il vrai, Vicomte, que vous vous faites illusion sur le sentiment qui vous attache à Madame de Tourvel ? C'est de l'amour, ou il n'en exista jamais : vous le niez bien de cent façons ; mais vous le prouvez de mille.
(Lettre CXXXIV, la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont)
On s'ennuie de tout, mon Ange, c'est une loi de la nature ; ce n'est pas ma faute.
Si donc je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute.
Si, par exemple, j'ai eu juste autant d'amour que toi de vertu, et c'est sûrement beaucoup dire, il n'est pas étonnant que l'un ait fini en même temps que l'autre. Ce n'est pas ma faute.
Il suit de là, que depuis quelques temps je t'ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m'y forçait en quelque sorte ! Ce n'est pas ma faute.
Aujourd'hui, une femme que j'aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n'est pas ma faute.
Je sens bien que te voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n'a accordé aux hommes que la constance, tandis qu'elle donnait aux femmes l'obstination, ce n'est pas ma faute.
Crois moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une autre maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n'est pas ma faute.
Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n'est pas ma faute.
Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ! et quelles peines ne s'éviterait-on point en y réfléchissant davantage !
(Lettre CLXXV, madame de Volanges à madame de Rosemonde)
Croyez-moi, Vicomte, on acquiert rarement les qualités dont on peut se passer. Combattant sans risque, vous devez agir sans précaution. Pour vous autres hommes, les défaites ne sont que des succès de moins. Dans cette partie si inégale, notre fortune est de ne pas perdre, et votre malheur de ne pas gagner.
(Lettre LXXXI, la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont)
Ah ! croyez-moi, Vicomte, quand une femme frappe dans le cœur d'une autre, elle manque rarement de trouver l'endroit sensible, et la blessure est incurable.
(Lettre CXLV, la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont)
Ce charme qu'on croit trouver dans les autres, c'est en nous qu'il existe ; et c'est l'amour seul qui embellit tant l'objet aimé.
Ma belle amie, l'homme le plus adroit ne peut encore que se tenir au niveau de la femme la plus vraie.
Soyons de bonne foi ; dans nos arrangements, aussi froids que faciles, ce que nous appelons bonheur est à peine un plaisir.
Ou vous avez un rival ou vous n'en n'avez pas. Si vous en avez un, il faut plaire pour lui être préféré, si vous n'en n'avez pas, il faut encore plaire pour éviter d'en avoir.
Quand j'ai à ma plaindre de quelqu'un , je ne persifle pas ; je fais mieux, je me venge.
Je dirai bien comme Socrate : J' aime que mes amis viennent à moi quand ils sont malheureux mais en sa qualité de Philosophe, il se passait bien d' eux quand ils ne venaient pas.
Je pense à vous sans cesse, et n’y pense jamais sans trouble. Si je vous vois affligée, malheureuse, je souffre de tous vos chagrins ; si je vous vois tranquille et consolée, ce sont les miens qui redoublent. Partout je trouve le malheur.
Ah ! qu’il n’en était pas ainsi, quand vous habitiez les mêmes lieux que moi ! Tout alors était plaisir. La certitude de vous voir embellissait même les moments de l’absence ; le temps qu’il fallait passer loin de vous m’approchait de vous en s’écoulant. L’emploi que j’en faisais ne vous était jamais étranger. Si je remplissais des devoirs, ils me rendaient plus dignes de vous ; si je cultivais quelque talent, j’espérais vous plaire davantage. Lors même que les distractions du monde m’emportaient loin de vous, je n’en étais point séparé. Au Spectacle, je cherchais à deviner ce qui vous aurait plu ; un concert me rappelait vos talents et nos si douces occupations.
J'ai été étonné du plaisir qu'on éprouve en faisant le bien.
Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse !
La vie que je mène ici est réellement fatigante, par l'excès de son repos et son insipide uniformité.