Rose - Larmes à paillettes
Je préfère qu'il pense que la vie se vit plus qu'elle ne se gagne. Que les choses se méritent, plus qu'elles ne s'achètent. Qu'il vaut mieux ajouter de la vie à ses années plutôt que des années à sa vie.
Je préfère penser que je suis capable de faire les choses plutôt que d'avoir à les travailler.
La dépendance à une drogue n’agit pas uniquement comme un mécanisme d’autodestruction. Elle vient aussi restaurer notre narcissisme. En s’adonnant à tel ou tel comportement de dépendance, nous recherchons aussi un intense sentiment d’exister. Ce sentiment d’exister prendrait naissance dans la relation mère/enfant. C’est dans cette relation primitive que l’enfant pourra créer une enveloppe apte à contenir ses états affectifs et constituer ses fondements narcissiques. L’estime de soi, en clair.
L’addiction vient donc pallier un défaut fondamental dans l’organisation psychique. L’espace de sécurité interne n’est pas assuré. Pour combler ce défaut et se rassurer, on vient puiser dans les sensations mises en oeuvre dans la plupart des addictions.
Je suis une bonne mère, oui. Le problème : j'ai le sentiment que ce n'est pas ce que je veux. Mes démons me collent aux tempes. Ils sont là, planqués, à l'affût du moindre écart. J'aurais pu leur fermer la porte. J'en étais capable. J'aurais pu faire en sorte de rentrer dans la norme, d'être heureuse, en somme. J'aurais pu me contenter de la joie que Solal m'apportait à chaque instant. J'aurais pu laisser l'amour me porter, pour une fois. Il aurait pu tout soigner si je l'avais laissé faire.
J'aurais pu me battre, au moins. Je n'ai pas choisi de le faire. Non, la maternité n'a pas tout réglé. C'est bel et bien l'inverse qui se produit. Un être a besoin de vous, et tout est décuplé.
Je crée un monde où personne ne viendra me juger. Je m'entoure de personnes avec qui faire la fête. [...]
Les gens qui m'entourent ne sont pas là par hasard. Ils savent que je vais leur demander beaucoup, et prendre encore plus. Ils se doutent que je vais leur mentir, pour ne pas qu'ils me détestent. Que je vais leur dire des vérités, pour ne pas qu'ils m'aiment trop. Ils savent qu'ils devront m'en vouloir, et me pardonner.
Chacun de mes albums est autobiographique et fait en une sorte d'inventaire de ma vie à un instant T. Des sortes d'épisodes.
Dans mes albums, en filigrane, planait toujours cette mélancolie qui m'était propre. Même dans les moments de joie, j'étais sombre. Je pleurais quelque chose, je me cherchais toujours, peu importait si j'étais mariée, maman, amoureuse ou non. Quelque chose n'allait pas.
Pendant toutes ces années, j'étais persuadée que c'était la situation familiale, financière ou amoureuse qui permettait de s'épanouir. Qu'il s'agissait de causes extérieures à moi. Pourtant, j'ai pu constaté par moi-même que la joie ne peut venir que de nous. C'est une façon de voir les choses avec gratitude. Se sentir privilégier d'exister.
Le problème, ce n'est pas la dureté de la vie elle-même, mais la difficulté que certains (moi) rencontrent à la supporter.
L'hormonothérapie, c'est devenir vieille d'un coup. Après, y a ceux qui supportent, et ceux qui en crèvent . Je ne vois pas ce qui est différent entre être ménopausée demain ou dans cinq ans. Ce sera la même merde. Les mêmes bouffées de chaleur, les mêmes douleurs articulaires, les mêmes problèmes de poids. C'est juste qu'on est prévenu en avance, et qu'on se tient prêt. Finalement, c'est presque mieux . Stoïque, on a dit. A chaque jour suffit sa peine .
Alors mon objectif sera quotidien: juste aujourd'hui, je serai en paix. Mieux, juste pour maintenant, je suis heureuse.