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Critiques de Rouda (24)
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Les mots nus

Ben a quatorze ans lorsque commence son récit. Ses journées de collège, ses potes, un début de conscience de classe et de réflexion sociale.



Ces réflexions l’accompagneront tout au long de son parcours dans les années quatre-vingt dix, où il découvre que l’on peut tenter de faire changer le cours des choses, pour peu que l’on ait choisi son camp.



Les amis, les amours, les emmerdes et le quotidien de la banlieue avec ses risques de s’abandonner au côté obscur de la force.



On sent l’amour de la langue , de l’expression écrite et du véhicule extraordinaire qu’ils -constituent pour porter des idées, des idéaux.



Chronique de la banlieue qui semble en permanence sur le point d’exploser, écrite avec de la ferveur et le sens des formules qui marquent. Le poète n’est pas loin derrière ce récit d’une guerre froide qui n’est pas sur le point de se résoudre.





Liana Levi 160 pages 5 janvier 2023


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Les mots nus

«Je n’ai d’envergure que dans mes rêves»



Pour son entrée en littérature, le rappeur et slameur Rouda a choisi de brosser le portrait d’un jeune de banlieue qui se rêve le leader d’une révolte citoyenne. L’occasion de revenir sur les années de La Haine et l’échec des politiques de la ville.



Nous sommes en 1990. Ben a 14 ans. Il vit en banlieue aux côtés d'un père taciturne qui bosse dans un garage et d'une mère aimante qui passe ses journées dans un service comptabilité. Ils lui confient la clé du logement et il n'a qu'à se débrouiller. Alors c'est ce qu'il fait, invite ses potes gitans que son père lui interdit de faire rentrer dans leur pavillon où un coin est réservé au bricolage pour son père et un jardinet accueille les plantes de sa mère. Au-dessus d'eux flotte le fantôme d'un grand-frère mort bien avant que Ben naisse. Alors, on n'en parle pas, la vie est assez dure pour ça. L'été, la famille passe des vacances en Bretagne, parenthèse de vies ordinaires usantes que les cigarettes fumées à la chaîne par la mère et le vin éclusé par le père ne rendent guère plus reluisantes.

Au milieu des coups de gueule, Ben avance. Il a compris que pour s'en sortir, les études peuvent aider. Et si les maths ne sont pas son truc, les autres matières vont lui permettre de décrocher son bac, d'entrer en fac.

Avec ses nouveaux amis, le Corse et le Serbe, il écume les fêtes étudiantes sans oublier de récupérer les cours de la semaine le vendredi. Il en oublierait même que ses parents ont fini par divorcer et que sa mère se bat contre un cancer déjà avancé, car l'amour est entré dans sa vie sous les traits d'Oriane, une belle métisse qui va désormais partager sa vie.

«Mitterrand est déjà mort depuis un moment, c'est l'époque de Steffi Graf, des numéros de téléphone à dix chiffres, de la vache folle et des talibans sur Kaboul. Avec Oriane, nous vivons un amour inévitable. Elle bosse de nuit, en stage à l'hôpital Bichat. J'en profite pour réorganiser mon cerveau. Je tente d'organiser ma vie. Faut que je sois à la hauteur. Que j'abandonne ma part d'enfance. Que je parle comme un adulte. J'ai lâché tous mes boulots d'étudiant et j'ai investi quelques billets dans le petit commerce de mon pote serbe. J’ai mis pas mal d'argent de côté. C’est à partir de cette année-là que j'ai commencé à élaborer ma théorie de la lutte des crasses.»

Le constat est facile à faire, la misère sociale s'étend, la société se fracture, un monde sépare Paris et la banlieue. Oriane entend se battre concrètement et s'engage avec Médecins du monde. Ben est plus indécis, mais finit lui aussi par revenir dans sa cité, pour recueillir la parole des habitants, rassembler leurs doléances, par imaginer un grand soir.

En courts chapitres, avec une musicalité née de sa force de rappeur, Rouda refait défiler les années 1990 et 2000, les grandes convulsions du monde et l'embrasement des banlieues, soulignant ainsi que les unes ne sont pas étrangères à l'autre. La mort de ses proches et l'éloignement d'Oriane sont autant de chocs qui auraient pu conduire à renoncer, mais Ben s’accroche. Jusqu’à se vouloir le leader d’un mouvement qui entend réussir là où toutes les politiques de la ville ont échoué. Pour qu’enfin les lendemains chantent à l’unisson de ce refrain de Bal et Mystik dans La sédition, qui est en exergue du livre:

«Rien ni personne ne pourra étouffer une révolte

Tu as semé la graine de la haine, donc tu la récoltes […]

L’explosion de toutes les cités approche

D’abord des gens fâchés qui n’ont pas la langue dans la poche. »




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Les mots nus

1990. Ben, un collégien de quatorze ans qui habite une cité plutôt tranquille de la banlieue parisienne raconte son quotidien partagé entre l’école, sa famille et ses amis. Le récit va ainsi égrener toute la jeunesse de Ben jusqu’en 2007, évoquant les maux de ces banlieues où les habitants se sentent rejetés de la société.

Chanteur et slameur né en 1976 à Montreuil (93), Rouda, dont c’est le premier roman, s’est inspiré à la fois de ses souvenirs et du vécu de ses amis et relations pour raconter sa banlieue, ses problèmes, mais aussi ses espoirs de pouvoir changer l’ordre établi.

Ce gage d’authenticité souligne encore plus fort le malaise d’une partie de la population de notre pays. Un témoignage puissant !
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Les mots nus

Ben vit en banlieue, à Belleville. Gamin tranquille, il grandit dans le quartier de la Brousse, entre les sourires de sa mère et les silences de son père. Il aime les mots et refait le monde avec ses potes le Corse et le Serbe. Il est amoureux fou d’Oriane, sa peau douce, ses yeux de nuit et le calme qu’elle dégage. Mais Ben sent gronder en lui des envies de révoltes, de violences nécessaires et de mots qui claquent…



Premier roman de Rouda, les mots nus est un texte qui résonne, qui chante, qui sonne. Tout est à sa place, parfaitement rythmé…



A travers le regard de Ben, ce sont les années 80 qui défilent. C’est à la fois un retour nostalgique sur une époque douce de l’enfance, ses programmes télé, ces animateurs emblématiques, et une plongée plus sombre au cœur des conflits sociaux, des violences policières et des manquements politiques sur un quotidien qui se dégrade.



Ben maîtrise les mots et cherche à faire entendre les siens. Il ne sait pas où est sa place, mais il croit en son pouvoir de dire, d’écrire, de crier. Il veut dénoncer et combattre.



Mais la violence le rattrape parfois… Et l’espoir de changement devient plus flou. L’amour, l’amitié, la solidarité sont les valeurs qui le maintiennent debout et qui noircissent ses pages. Parce que les mots, toujours, nous sauveront…
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Les mots nus

Adepte des scènes ouvertes slam, c’est avec curiosité que je me suis tournée vers ce livre !



Le slameur et rappeur Rouda se lance dans un nouveau genre, le roman. Né en 1976 à Montreuil, il nous parle de la vie en cité à travers Ben.



Ben a 14 ans en 1990. Il vit en pavillon, dans le quartier de « la brousse » à Belleville. A la maison, on ne parle pas beaucoup suite à un décès, mais Ben s’en sort plutôt bien avec ses potes, le Corse et le Serbe. Ils zonent en bas des tours, magouillent un peu, rien de méchant. C’est le seul blanc mais il peut compter sur la protection des gitans.



Il rencontre ensuite Oriane, la fille au yeux couleur de nuit. Ils tombent amoureux et vivent une belle relation. Elle est douce et le canalise. Non-violente, infirmière bénévole chez Médecins sans frontières, elle ne comprend pas le recours à la violence, même celle qui « fait du bien » prônée par Ben.



Le jeune homme va au lycée à Paris, rencontre des personnes d’horizons différents et s’ouvre aux autres. Grâce aux mots, il peut exprimer son désarroi, sa haine et sa tristesse. Il est armé pour la vie et possède les munitions pour s’en sortir.



A travers cette petite histoire, Rouda nous fait un portrait fidèle des mouvements sociaux et des émeutes ayant agité les quartiers au cours des années 90 et 2000, notamment les émeutes de 2005 déclenchées par le décès de deux adolescents.



Dans un récit scandé et vif dans lequel les mots ont leur juste place, il nous donne à lire, presque à écouter, le combat citoyen de Ben pour plus de réprésentativité et de respect pour cette franche de la population oubliée et stigmatisée.



Mais, il m’a manqué quelque chose. Je suis passée à côté de ce texte, pourtant court. Bien que nostalgiques et d’une grande justesse, les mots et l’écriture fluide de Rouda ne m’ont pas portée, j’y ai trouvé quelques facilités, quelques métaphores trop appuyées qui, à l’écrit, passent mal.



Je me sens un peu seule car vous avez été nombreux.ses à adorer ce texte. Mais je reste sincère, comme d’hab. Une autre fois, Rouda ! Un texte à lire à voix haute ou à découvrir en version audio, peut-être…



Je lirai tout de même son prochain roman, en espérant que la magie des mots opère cette fois-ci.





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Les mots nus

Je découvre le premier roman du slameur Rouda grâce à sa sélection pour le Prix des lecteurs de ma bibliothèque. C'est un très bon choix car "Les mots nus" est une belle façon de se battre pour donner la parole à ceux que l'on n'entend pas. Les mots plutôt que la violence dans les cités de Seine-Saint-Denis où Ben a grandi dans les années 1990.



Le narrateur vit dans un petit pavillon de banlieue à côté de la cité Ernest Labrousse mais comme personne ne connaît l'historien français on la nomme la Brousse, c'est plus simple. Ses potes y habitent, il fréquente aussi les gitans et travaille plutôt bien à l'école. Alors quand il a son bac avec mention bien il monte à Paris pour faire des études à la Sorbonne.

Il découvre un autre milieu et surtout Oriane l'amour de sa vie.

Même si on peut le voir comme un transfuge de classe, il reste en contact avec la cité où les jeunes sont actifs pour faire du lien social et défendre les droits des plus démunis.

Des émeutes vont pourtant éclater en 2005 après une bavure de trop, la mort de Zyed et Bouna, une énième couche de violence policière sur des strates d'injustice sédimentée.

Après la prison, Ben utilisera la force de ses mots pour porter la voix des banlieues et reprendre le contrôle de la parole.



C'est donc un très beau premier roman que propose Rouda avec des références littéraires comme Primo Levi qui semble l'avoir beaucoup marqué, mais aussi une critique objective des différents plans pour la banlieue. Il a raison quand il dit que notre mémoire collective ne retiendra que l'état d'urgence pas la misère et l'abandon. Pas les causes, que les conséquences.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge ABC 2023-2024

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Les mots nus

Rouda, musicien et poète, pionnier du mouvement slam dans les années 2000 a notamment collaboré avec Grand Corps Malade ou Oxmo Puccino.



On le devine de suite, cette dimension musicale dans les Mots Nus, le premier roman de Rouda, puisque des les premières pages, est délivré une bande son complète histoire d' accompagner la lecture.A travers Ben, personnage central des "Mots Nus", c'est tout un pan des années 90 à nos jours que l'on traverse, et à travers lui les années 90, les bouleversements du monde et les luttes sociales qui secouent le pays.



Le style de Rouda est étonnant, certaines de ses phrases pourraient tout à fait être slamées et le roman oscille entre phrases brèves et percutantes et punchilines acérées inhérentes à la culture rap



Mine de rien ce roman intime et tendre photographie les grands bouleversements de la société francaise et Ben d'abord observateur devient ensuite un acteur essentiel qui cherche à faire bouger les choses : « On ne peut pas changer le monde, Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas. », tel est le mantra de ce premier roman de fort belle tenue.



Avec cet étonnant texte, Rouda prouve qu’il n’a rien perdu de sa plume orale et incisive, ce spoken word qui est très joliment retranscrit à l'écrit.



Dans "Avec", un de ses morceaux les plus célèbres, Rouda scandait "qu'écrire des textes, ca ne marche pas si on ne vise pas le coeur".. Avec Les mots nus on peut dire que la cible a été atteinte!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les mots nus

Rouda est né en 1976, à Montrieul. Chanteur, slameur, auteur-compositeur-interprète et poète français, « Les mots nus » est son premier roman. Et ce titre est très bien choisi. Cet homme a tout compris du « pouvoir des mots ». Ceux qui bercent, ceux qui détruisent, ceux qui crient la révolte, ceux qui parlent d’amour ou d’amitié, ceux qui blessent, ceux qui « poétisent » …. C’est tellement fort un mot….ça peut tout bouleverser sur son passage. Rouda les aime, leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes, il les chuchote, les hurle, les « slame » pour le plus grand bonheur du lecteur.

Dans les premières pages, une bande son pour accompagner la lecture.

Au début du récit, 1990, Ben a quatorze ans. Il vit en banlieue, va au collège. Ce n’est pas toujours aisé mais il s’accommode de sa vie et de ses parents. Chez lui, on parle peu, ni des autres, ni d’eux, ni de ce qui rend tristes.

« C’est juste que mon père n’a pas assez de mots. Et que ma mère ne sait pas dans quelle langue il faut lui parler. »

Pour passer le bac, il va dans un établissement sur Paris, ça permet de s’inventer une autre vie, de faire comme si, de rêver, de profiter d’un quotidien différent. Et puis, c’est la faculté, les rencontres, les influences pas toujours bonnes, il faut bien que jeunesse se passe…. Et un jour, Oriane, une fille exceptionnelle, qui illumine par sa présence et c’est la découverte de l’amour. Elle est raisonnable, elle apaise Ben, elle le comprend mais pour combien de temps …

« On ne peut pas changer le monde, Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas. »

Ben sait bien que « La violence qui fait du bien n’est pas une manière d’être. » Pourtant certaines situations le révoltent. Alors pour calmer ses colères, il absorbe les mots, il lit, il prend des notes, il découvre ceux qui ont lutté avant lui. Il se sent solidaire des chômeurs, de ceux qui sont malmenés, incompris, oubliés…. Alors, comme les curés prennent l’habit, il épouse la cause des laissés pour compte. Il se battra avec ses failles, avec ses forces, avec ses armes, avec ses mots….

Ben, tu as raison d’y croire, mais ce ne sera pas facile, et peut-être que tout ça ne servira à rien mais tu l’auras fait, c’est ça ? Tu auras essayé ? Tu as besoin d’aller jusqu’au bout, de ne rien lâcher, pour être toi …

Ben n’était pas destiné à se trouver en première ligne des combats, mais c’est ainsi, c’est parfois violent la vie, ça fait mal, ça fait peur, et puis on se relève et on continue. Ben ne peut pas envisager d’abandonner alors jusqu’au bout …il porte l’étendard de la révolte….

Ben, c’est vous, c’est moi, c’est eux, c’est tous ceux qui, un jour, se sont levés, même une seule fois, pour dire stop !

Ce roman est bouleversant par la place qu’il donne aux mots. C’est une vague, un murmure, un cri, un tsunami. J’ai aimé les textes, en italiques, semés ça et là, ils rythment l’histoire, lui donnent une autre dimension. Parfois, les phrases elles-mêmes semblent être du slam et on a envie d’entendre l’auteur nous les dire. Qui sait ? Peut-être certaines d’entre elles deviendront une mélodie le temps d’un slam ?


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Les mots nus

Rouda, après avoir lu ton livre, la première chose que je peux dire, c’est qu’il ne m’a pas laissé indifférent, au contraire. J’ai ressenti beaucoup d’émotions en le lisant. Je ne sais pas si c’est ta manière d’écrire, simple, rythmée, directe ou le choix des mots ou bien l’histoire. A chaque page, un élément fait surgir quelque chose de ma propre histoire, de près ou de loin.



Que ce soit l’enfance en quartier, l’absence d’un frère mort, le malaise familial.



Que ce soit l’adolescence, la rébellion, les engagements politiques, la découverte de Paris, les bar, les soirées dans Paris la nuit.



La violence qui fait du bien. Spéciale mention pour celle là.



Que ce soit la vie étudiante, le groupe d’ami, les séances de boulot sans fin, les sorties à bastille… même si je pense que c’est le passage qui m’a le moins parlé, je n’ai pas connu la fac et l’époque du service militaire.



Le travail dans le social, les désillusions, se rendre compte de l’arrogance de nos révoltes faces à des gens sans colères qui ont pourtant vécu tant de chose.



L’amour, la construction, le maintien, l’éloignement ou la perte à cause de la distance, les rêves inaccessibles de la personne aimée..



La perte d’un ami dans des circonstances tragiques, la dégringolade de ceux à qui on tient. La prison, l’impuissance face à l’administration pénitentiaire, la rue des Peupliers, la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.



Le comptoir pour se soutenir, et l’alcool pour se remplir lorsqu’on se sent vide, les relations étranges qu’on peut tisser avec les patrons de bar.



La perte de la mère, la fuite de la réalité d’une maladie, la solitude intérieure que ça crée.



Le retour aux sources au quartier, l’engagement social, l’envie de faire changer l’endroit d’où l’on vient.



Tous les lieux que tu as cité je les connais, Livry-gargan, la rue du mont-cenis, Belleville, les folies, Ménilmontant, les quais de scène, la N3, etc.. les événements que tu cite après les années 2000. Et même ceux avant car j’entendais les adultes en parler autour de moi.



Et la fin, quelle fin! Écrire avec la bouche, prendre le lecteur par le cœur et non par la main. Je crois que c'est exactement ce que tu as fait.



Dans l’ITW sur RFI, tu dis que Ben est un personnage mosaïque, sur l’histoire sur les péripéties., mais la psychologie du personnage, la réflexion, les idéologies, on a envie de penser que Ben c’est toi.



Merci pour ce récit, j’ai vraiment apprécié, j’ai été absorbé, je me suis reconnu et j’ai reconnu d’autres personnes. Hâte de lire tes prochains écrits.



Je n'ai pas la plume d'un critique littéraire, mais je tenais à te faire un retour complet. Te rendre un peu de ce que tu as donné.



Amicalement,



Tristan.
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Les mots nus

Les mots nus

Des mots qui claquent, des mots qui fusent,

Des mots qui clashent, des mots qui pulsent,

Des mots pour combler le silence, des mots pour canaliser la violence,

Des mots doux, des mots d’amour,

Des mots coups de poing, des mots de rage,

Des mots pour se livrer et se mettre à nu.

Ce sont les mots de Ben, un gamin du 9.3 qui grandit dans une cité, la Brousse, au cœur des années 90 et qui deviendra le porte-parole de la révolte des banlieues. Une enfance banale et un peu bancale, dans l’ombre d’un grand frère mort trop tôt, qui a réduit sa mère au silence, et son père à la violence, « la violence, la langue de ceux qui n’ont pas assez de mots », « un père dont les silences faisaient plus de mal que les coups ». Une adolescence studieuse et plutôt calme mais la conscience aigüe d’un monde qui change. De l’arrivée d’internet au passage à l’euro, de Fort Boyard et Stade 2 à Loft story, de NTM à Eminem, de la victoire de Mitterrand à la montée du Front National, de la première étoile des bleus à l’effondrement des tours jumelles. La traversée du périph, la découverte de Paris, les amitiés indéfectibles avec le Corse qui le tire vers le haut, et avec le Serbe qui l’entraine vers les combines. Et puis l’amour, avec Oriane, « la plus belle femme de sa vie, métisse aux yeux couleurs de nuit ». Itinéraire engagé d’un révolté en lutte contre l’adversité.

Woaw ! Quel texte, quelle puissance ! Les mots me manquent pour exprimer mon ressenti sur cette lecture lumineuse. Les mots justement, si beaux, si puissants, si rythmés qu’on aurait envie de les lire à voix haute :

« Elle articule la gaieté entre les gouttes de pluie. Elle épèle la tendresse entre les gifles que nous met la vie. Elle chuchote des formules magiques et toutes les portes s’ouvrent ». Superbe !

Mais au-delà du style, sublime, ce roman c’est aussi un fond extrêmement percutant. Une analyse précise et juste de l’état des banlieues, une peinture sociologique, sémiologique et politique éclairante du délabrement et du désintérêt dont elle font l’objet, en même temps qu’un portrait sensible et touchant de ces jeunes délaissés, de ces immigrés bouleversants d’humilité, à l’image de Monsieur Saadi (« faut pas être en colère») .

Des mots comme des caresses, des mots comme des cris qui résonnent bien après la dernière page tournée. A lire d’urgence !

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Les mots nus

Avec un petit côté à la Annie Ernaux des "Les années", le rappeur et slameur Rouda nous conte la vie de Ben un jeune de quartier ( comme on dit quand celui-ci habite dans le 9. 3.). L'écriture vive file aussi bien la métaphore que le choc des mots. On ne s'ennuie pas une seconde dans ce portrait qui remet un peu de notre Histoire récente dans celle, plus petite, de Ben. L'auteur casse quelques clichés du petit jeune de banlieue qui n'habite pas forcément dans une tour, n'est pas obligatoirement issu de l'immigration, traficote un tout petit peu ( faut bien survivre dans un monde libéral qui vous laisse en marge ) mais sait le pouvoir de l'instruction et de la culture. Et quand il passe par la case prison, on oublie vite "Le prophète" d'Audiard...

Donc, bien écrit, affranchi des clichés inhérents au genre et porteur d'un message qui pourrait se résumer à : "Faites gaffe la banlieue est une cocotte-minute prête à exploser" ( du coup beaucoup moins original). Pourquoi, alors, en refermant ce premier on se prend à penser qu'il y manque quelque chose pour qu'il soit vraiment enthousiasmant? Sans doute le roman ne met pas assez l'accent sur l'aspect politique de la banlieue. Ben le héros veut faire changer les choses par une radicalité sans violence, conçoit un plan qu'il doit autant à son enthousiasme, qu'à son intelligence, sa culture et à quelques amis qui, eux, ont réussi à intégrer parfaitement le système. Cependant, les causes profondes cette colère ne sont jamais réellement explicitées, plutôt suggérées. Le roman n'arrive pas à rendre palpable que cette révolte, fruit d'une intense réflexion, elle même issue d'une bonne instruction, n'est vouée à l'échec que par la volonté d'un pouvoir qui ne veut en aucun cas que le savoir soit à la portée de tous. On reste autour d'un rêve de mots bien écrits, mais la puissance des mots de quelques uns n'est pas grand chose face au pouvoir libéral. Reste donc un roman agréable à lire, tonique mais peut être un peu trop timide dans ses affirmations.
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Les mots nus

Ben est un collégien lambda de banlieue qui traîne son ennui et ses potes dans un quotidien plutôt morose. Le lecteur le voit grandir dans les années 90 et assister à des évènements marquants de cette décennie puis de la suivante. De La Brousse son quartier d'où il vient jusqu'à Belleville, Ben grandit et apprend de la vie, des bons moments comme des désillusions. Le personnage de Rouda devient attachant au fil des pages et ce bouquin est une très bonne surprise au final. J'ai été embarqué par l'écriture de l'auteur qui sonne juste. Il parsème son texte de quelques belles images. On a envie de suivre cet ado qui lutte avec ses sentiments ou avec le monde qui l'entoure jusqu'aux premières émeutes de 2005 et celles qui vont suivre. Un roman plein d'humanité à découvrir sans hésiter.
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Les mots nus

Un livre reçu grâce à une masse critique et j'ai découvert un auteur et l'univers de cet homme. (J'avais déjà grâce à Babelio découvert l'univers de Gael Faye avec son roman et après ses spectacles sur scène).

Ben est un jeune homme qui va nous raconter ses années de sortie de l'enfance. De la cité de "La Brousse" à Belleville, Ben cherche sa place. Il traverse les années 90, les bouleversements du monde et les luttes sociales qui secouent le pays.

Il va quitter sa banlieue pour étudier à Paris mais il reviendra dans son quartier. Il va aussi rencontrer l'amour à travers Oriane, qui fait des études d'infirmière et qui va travailler pour Médecins sans frontières.

Il va rester fidèle à l'amitié, avec ses amis d'enfance, le Corse et le Serbe, malgré leurs parcours de vie.

Ce Ben de fiction doit ressembler à l'auteur.

J'ai apprécié cette écriture, ces phrases qui claquent, résonnent. Et son histoire résonne dans mes souvenirs de cette époque. J'ai aussi apprécié les derniers paragraphes et leur tentative de révolution. De belles images tout de même quand Ben et ses camarades sont dans les catacombes parisiens et quand Ben monte au Perchoir. (Echo avec certaines images que nous voyons actuellement sur nos écrans de télévision).

L'auteur nous décrit une époque, des illusions de l'intégration, des désillusions, des envies, des espoirs, des désespoirs.. l

De belles descriptions aussi de balades dans les rues et quais de Paris. Et il y a aussi de l'humour dans ses mots. Ben va réussir à intégrer la Sorbonne, mais manque de pot, il va aller en cours dans une annexe qui est à 1 kilomètre de sa banlieue de naissance. Et qu'en peut penser Serillon et son image de présentateur de journaux télévision.

J'ai aimé aussi des idées de révoltes, de révolution : "Les révolutions partent de loin, et, c'est pour cela qu'elles mettent du temps pour arriver jusqu'à nous. Les idées restent petites si on renonce à les faire pousser. Il faut arroser nos rêves. Un jour, ils seront grands." p57

"Réfléchir seul vous fait devenir fou. Réfléchissez à plusieurs et vous inventez la Révolution Française, la Commune et mai 68." p72

C'est une histoire d'un individu mais aussi de moments de la société et des changements des années 90 (des moments de notre histoire récente, la joie d'être champions du monde (blanc, black, beur), des campagnes électorales, des émeutes en banlieue..).

Ben est un jeune homme qui se cherche, qui essaie de se comprendre, de comprendre ses comportements.

L'auteur parle de la violence dans la société, mais aussi la violence individuelle (que ce soit la violence du père de Ben, de Ben lui même : "La violence qui fait du bien n'est pas une manière d'être ... C'est une seconde nature qui naît dans des endroits obscurs.." (p48)

J'ai apprécié son utilisation du langage, des mots pour parler de maux, des mots bien choisis. Et je me suis surprise à lire à voix haute de certains passages. Eh oui, l'auteur n'est pas un auteur de slam !!

Des mots pour parler de maux, individuels, collectifs, sociétaux.

Un très beau texte avec de belles images qui restent en mémoire et qui des mots nus ou pas qui résonnent.
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Un roman, ou chaque phrase, courte, nous emporte dans la révolte portée par Ben (et l'auteur ?). Un récit qui claque et parlera à un grand nombre. Rouda trace une fiction avec le personnage de Ben, les années qui l'ont forgé. Il nous fait traverser des évènements qui nous parlent à tous. C'est un récit sensible dans lequel il clame des souffrances mais ne s'y attarde pas. Un roman court, sec, à découvrir sans aucun doute !
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Sans mon club je n’aurai jamais ouvert ce roman car je déteste tout ce que l’auteur soutient, mais j’aurais eu tort car cet écrivain a une langue très particulière qui donne un ton original et très séduisant à son roman. Qu’est ce que je déteste ? Ce livre justifie sans aucune nuance toutes les violences des mouvements contestataires et se termine par enfin une action réussie qui n’a pas encore eu lieu la prise de l’assemblée nationale par le héros de l’histoire.



Ce qui m’a le plus manqué dans ce livre c’est l’humour (celui de Safr par exemple !) tout est tragique et sans espoir. J’ai quand même souri lorsque le héros rassemble tous les sigles créés par l’administrations françaises.



Et pourtant il y a de très belles pages dans ce livre. Des pages qu’on a envie de lire à haute voix car elle résonne comme des slams. Rouda sait raconter la violence, l’amour et l’amitié aussi . On peut le lire sans partager ses idées, sauf si pour l’auteur ce livre livre est une demande d’adhésion au parti de ceux qui pensent que seul une révolution violente serait la solution à tous les problèmes de la société française.
Lien : http://luocine.fr/?p=16782
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Un livre tout en poésie..... je suis tombée sous le charme des mots de Rouda.

J'ai découvert avec plaisir l'histoire de Ben, sa jeunesse dans un pavillon de banlieue, sa famille, ses rencontres, ses études à Paris, l'amour, l'amitié, la politique.....

Un plongeon dans les années 90, la politique, les mouvements sociaux, les émeutes des années 2000 qui bouleversent le pays. L'auteur nous raconte ses désillusions politiques, la montée du FN, la défaite de Jospin, le "Karcher" de Sarkozy...... Ses mots tellement justes donnent un regard bouleversant sur la naissance des révoltes, un regard sur le temps qui passe rempli de nostalgie, Fort Boyard, Pauleta au PSG, la série Lost, La Coupe du Monde de 98, Dechavanne, Stade 2....

Un livre court et très touchant et bouleversant !

J'ai adoré !

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Ce livre m'a beaucoup touchée. Ben est poétique, il est à vif mais tout ce qu'il dit semble profondément venu de ses entrailles.



J'ai aimé ce récit qui décrit l'enfance puis l'adolescence et l'âge adulte d'un garçon qui réalise l'ensemble des injustices dont lui et son milieu sont les victimes. Ce livre donne envie de crier, de se révolter. On croirait lire une autobiographie tant il est criant de vérité ! C'est bluffant. L'histoire d'amour avec Oriane, le père qui n'a jamais su parler, les verres qui s'enchaînent, les deux amis pas nets mais très aimants, tout contribue à tisser une toile confortable et qu'on peut s'imaginer au mieux.



Je recommande ce roman, très très puissant, très très beau. Il faut accepter d'être remué quand on l'ouvre, il ne laisse pas indemne.
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Les mots nus

Ben est issu du quartier de la Brousse à Belleville, un de ceux qui s’enflamment en 2005 lors des émeutes des banlieues. Il tente de rassembler les quartiers de ces banlieues oubliées par les politiques des villes. Il essaye avec des mots d’exprimer la colère ressentie. On sent le rythme du slameur, rappeur et poète dans ce texte. Une bande-son se trouve d’ailleurs au début du livre.

Il a quitté ce quartier pour faire des études, pour s’en sortir. Ses parents ont divorcé et sa mère est atteinte d’un cancer. Il ressent beaucoup de difficultés à aller la voir.

Ben s’installe à Paris avec Oriane. Il raconte sa vie de couple, leur amour et aussi parfois les mots qui leur manquent pour l’exprimer. Ils s’éloignent puis se rapprochent à nouveau. Oriane part en mission humanitaire. Ben s’engage dans son quartier d’enfance, cherche sa place.

Son amitié avec deux camarades d’université, le Serbe et le Corse, est un élément important du livre. L’un d’eux trempe dans un trafic de drogue dans lequel Ben investit un peu d’argent. Puis Ben fait un tour en prison et raconte le quotidien en taule, les combines pour l’améliorer.

Un premier roman sur la condition sociale des cités, les oubliés du système politique. Une lecture que j’oublierai assez vite malheureusement, certes agréable à lire, mais qui ne m’a pas touché. Il m’a manqué un petit quelque chose. Certainement que l’écouter en lecture à voix haute doit rendre le texte plus puissant.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Les mots nus

Ce court roman se lit d'une seule traite, d'un seul souffle. Ce souffle, c'est celui de Ben, ado dans les années 90, dans son quartier, la Brousse. Ses mots sont ceux d'une génération : celle des "guerres d'Irak", des "tomates en décembre", "du string et des amours en silicone"... Dès le texte introductif (qu'on lit à voix haute, pour donner la mesure), on plonge dans ce récit pudique sur les pas de Ben, on voyage dans le temps en même temps qu'on sent les amitiés se distendre, l'amour s'affirmer, la mort se pointer, la colère monter. La cité s'embrase, les mots se font plus poignants ; Ben fait des choix, avance, s'engage... jusqu'à la sédition. "Demain" clôt le roman de façon réjouissante et assez inattendue.

Rouda est slameur : son écriture est rythmée, le style accrocheur, la langue riche. Au-delà de sa musicalité (mention spéciale pour la bande-son qui introduit le récit !), j'ai trouvé l'écriture des Mots nus très scénographique, très visuelle. Premier roman prometteur, ce texte touche en plein cœur.
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Les mots nus

Aux nostalgiques des années 90, vous retrouverez toutes les références qui ont marqué votre jeunesse. Poésie, beauté et rythmique des phrases, ce sont les mots qui me viennent à l'esprit pour parler de ce premier roman de Rouda. Son écriture est superbe, musicale et je découvre alors un artiste, slameur, rappeur et poète.

Son personnage principal, Ben, va traverser les années 1990 à 2007, depuis sa cité La Brousse, et participer aux luttes sociales qui vont secouer la France à cette époque. On va donc suivre Ben chronologiquement depuis son collège jusqu'à sa vie d'adulte. On va le voir évoluer, aimer, s'interroger, s'investir et s'engager pour essayer de changer le monde dans lequel il vit. L'auteur écrit un roman militant, politique, combattant, qui amoureux des mots va préconiser le dialogue face à la violence. Un roman témoignage engagé sur une époque passée mais toujours d'actualité.

J'ai beaucoup aimé la présentation de son personnage page 13 et de nombreux autres passages. Je suis impatiente de découvrir la production musicale de cet artiste.
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