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Critiques de S.X. (6)
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Les portes de la grande muraille

Le narrateur travaille pour la grande muraille de Chine du XXI ème siècle , à savoir la censure internet. Il code pour interdire l'accès à certaines ressources , comme le mot 1989 par exemple.

Il est Pékinois, vivant au delà du quatrième périphérique dans une grande tour quand sa promise habite dans un hutong (vieux quartiers pékinois symbolisé par des cours carrés), cible des promoteurs immobiliers, ce qui la rend virtuellement riche.

Tout le monde communique par WeChat , le réseau social autorisé, quand déboule une maladie qu’aurait apportée les Américains avec les jeux olympiques militaires à Wuhan , un nouveau coronavirus...



Livre inclassable , pas simple à lire , qui fait la part belle à l'histoire de Pékin et sa propension à se protéger ( avec des murailles , réelles ou virtuelles) mais aussi à l'onirisme , nous projetant dans un Pékin du chaos.

L'image de la société chinoise est entre glaçante et un mot à inventer, tellement cela fait froid dans le dos.

L'auteur, anonyme, explique la stratégie de son pays pour faire main basse sur le monde. Et parallèlement , il revient sur les agressions subies par l'empire du milieu au cours des siècles.



C'est érudit, instructif, glaçant mais aussi bien fouillis comme il faut :).
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Les portes de la grande muraille

Pékin a toujours craint les envahisseurs. Au temps des puissantes dynasties, on avait dressé des murailles autour de la cité impériale. À celui de la pandémie, une armée d’agents de cybersécurité « protège » la population des menaces étrangères issues du web (la guerre qui opposa les boxers aux 8 nations est dans toutes les mémoires). L’auteur est l’un d’entre eux (« je suis le 0 qui divise, et le 1 qui renforce »). Il constitue un anti-dictionnaire, une compilation de ces mots considérés comme subversifs ou susceptibles d’atteindre la sécurité nationale (ex : Hong-Kong, 1989, agitateur, peuple). Les citoyens privés de liberté ont beau codifier leur désaveu (disparu le mot « soleil », métaphore pour parler des dirigeants), avec la reconnaissance faciale et le monopole des géants du net (« Tencent et Alibaba font désormais figure de temple du Ciel et temple de la Terre »), leurs agissements sont surveillés tout comme leurs pensées, leurs lubies ou leurs addictions. Alors ils n’élèvent pas la voix. Au mieux, ils communiquent sur des chats que les autorités tolèrent pour leur perméabilité.

Inspiré d’Orwell, ce portrait de la Chine contemporaine fait froid dans le dos. On y découvre une société déshumanisée par des autorités cyniques, faisant peu de cas de cette grande idée qui nous anime en occident : la démocratie (p159-165).

Impitoyable, sombre, dans la veine de la série « black mirror », le roman laisse pourtant filtrer un peu d’espoir : ceux qui savent ériger les murs ont aussi le pouvoir de les détruire.

Bilan : 🌹🌹

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Les portes de la grande muraille

Dans ce livre inclassable, on devine une part de vécu, d'informations invérifiables et d'imaginaire fécond. L'auteur est anonyme. Il a de bonnes raisons à cela. Le contenu de ce pamphlet aurait de quoi le mettre en camp de travail jusqu'à la fin de ses jours.

Le confinement à la chinoise n'a rien à voir avec le nôtre. L'actualité récente montre un système totalitaire dans son efficacité liberticide. Quelque soit la cause de la privation de liberté, elle est mise en application avec zèle. Là où se niche le versant symbolique de ces interdictions est dans la sélection sémantique d'un vocabulaire. Ce qui est interdit est l'objet d'une chasse quotidienne par une brigade numérique. L'internet introduit l'effacement de mots subversifs, de plus en plus restrictifs. L'interconnexion permanente du moindre des actes du quotidien implique l'emprisonnement de celui qui ne peut justifier de l'emploi des mots interdits. La délation aboutit à l'absurde. Le vocabulaire virtuel devient si pauvre qu'il est impossible d'exprimer quoi que ce soit. A la toute fin, l'internet devient lui-même interdit, impliquant une désorganisation totale de la société. puis le chaos ...

Les références multiples à l'histoire de la Chine rendent le suivi narratif fort complexe.

Toutefois, il semblerait que l'auteur nous avertisse d'un danger réel quant à l'évolution actuelle du pays. Les similitudes avec des périodes lointaines donnent à l'ensemble une connotation anxiogène. L'histoire chinoise fut semeuse de morts au delà de ce nous avons connu sur notre continent. Les luttes intestines de palais furent meurtrières, les famines et guerres civiles furent niées au delà de toute évidence, l'effacement d'évènements est une donnée permanente, la ré-écriture du vécu, la négation de la souffrance sont un mode de gouvernance dans lequel l'être humain n'a que peu de poids.

Ouvrage étrange.
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Les portes de la grande muraille

Le narrateur vit avec ses parents et ses quatre grands-parents à Pékin, grande capitale surpeuplée. Il est programmeur et participe à la construction du Grand Firewall, sorte de nouvelle Grande Muraille informatique, empêchant quiconque d'apporter une voix contraire à celle du Parti. Il construit l'anti-dictionnaire et bloque tous les mots catégorisés « dangereux ». de « jours paisibles » à « chute des prix de l'immobilier », il en libère parfois aussi, quand ça les arrange. Comme avec les « agitateurs » de Hong Kong par exemple, utilisé pour critiquer le comportement des Hongkongais, qualifiés de violents et agressifs.

Le narrateur est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent la femme parfaite : elle vit avec sa famille dans un hutong, maisons traditionnelles de Pékin. Or, « qui ne tomberait amoureux, devant un patrimoine d'une telle valeur ? »



Le narrateur, ce « tâcheron d'internet » est persuadé de faire le bien, du moins au début. Quand le coronavirus fait son entrée en Chine, dans les foyers et sur les réseaux sociaux, la parole commence à s'échauffer. Des questions et critiques fusent et pour le narrateur, c'est le moment de bloquer. Encore et encore. Cependant, la situation aussi bien sanitaire que sociale continue de se dégrader et bien qu'il tente de protéger sa famille, ses croyances se fissurent. Car il sait. Il a accès à toutes les "connaissances interdites", il les étudie pour mieux les contrer.

La situation se dégrade jusqu'à l'effondrement, ‘bengkui' qui emporte tout, l'histoire, la famille, la sécurité et la foi en toute forme d'humanité.



Dans un style à la fois drôle, ironique allant jusqu'à l'absurde, l'auteur caché derrière le pseudonyme S.X dépeint la réalité et un futur terrible, anéanti de cette Chine contrôlée par ses dirigeants mais aussi par sa propre population.

L'absurde prend tout son sens dans cette société chinoise obsédée par les réseaux sociaux, comme la famille du narrateur qui ne se parle plus que par émoticônes. Quand la peur d'être infecté par le coronavirus et les stupidités qui en découlent s'y mêlent, là encore, l'absurde est la meilleure des réponses. Pourtant, ce texte est aussi une lettre d'amour et un acte de reconnaissance envers cette Chine millénaire, son histoire incroyable petit à petit effacée, elle aussi, par le gouvernement. La richesse des textes classiques, les évolutions de la ville de Pékin, les révolutions qu'a connu le pays sont évoquées par le narrateur qui se rend compte des modifications artificielles et absurdes imposées à son pays. Toute cette grandeur et ces connaissances effacées aussi facilement que les traces des manifestations de la place Tian'anmen en 1989 l'ont été sur internet.



Ce roman fut loin d'être facile à lire. Les références à l'histoire de la Chine sont nombreuses et la construction du récit complexe. Toutefois, le rythme de cette cybercomédie montant crescendo jusqu'à une apogée apocalyptique incroyable et cette traduction qu'on sent excellente ont fini par me happer.

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Les portes de la grande muraille

C'est un livre a multiples facettes, qui aborde mille sujets : le poids du numérique sur nos vies, avant tout, avec une famille absolument cramponnée à ses smartphones. Mais aussi de la surveillance induite par la technologie, la censure, l'histoire, dans ses moments glorieux comme ses atrocités, le mariage, la pandémie. Tous ces éléments s'imbriquent toutefois parfaitement, en dépeignant cette famille à la fois un brin fantasque, et pourtant très inspirée d'une réalité, et son héros, tiraillé entre son métier de censeur qu'il cache à tous, son désir de protéger sa famille dans cet univers totalitaire (qui doit plus encore à la réalité qu'à la SF), et sa découverte de ce qu'on cache réellement aux chinois.

Il faut insister sur le fait que le tout est servi par la langue hors-norme, vivante, explicite sur les faits et gestes mais presque mystérieuse quand ils 'agit de creuser la psyché de nos personnages.

Un chant d'amour comme de haine envers la Chine.
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Les portes de la grande muraille

J'ai mis du temps à me mettre dedans, surtout par rapport à la plume de l'auteur (sûrement aussi en lien avec la traduction du chinois au français). J'ai arrêté quelques jours cette lecture pour le reprendre et j'ai failli l'arrêter de nouveau mais j'ai persisté.



Ce que je garde, toutefois, ce sont les critiques faites de notre société, le nez sur les écrans (objet transitionnel voire fétichisation?), où l'humain semble de plus en plus perdu au niveau relationnel. Les quelques passages questionnant le rapport de l'humain au monde tant d'un point de vue politique que social étaient vraiment intéressants et captivants.



Je garde ainsi de cette lecture un "quelque chose", comme "un reste" au sens qu'il reste une trace, malgré ces moments de creux que j'ai pu ressentir (sans nul doute en lien avec le fait que je ne connaisse pas grand chose de l'histoire de la Chine et de la mentalité).
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