Tessa LL Wolf

Après une série de tests, la spécialiste a évoqué un haut potentiel en lien avec une activité mentale neuro- atypique. En plus de ma mémoire exceptionnelle, je possède des aptitudes hors norme d'apprentissage ainsi qu'un sens inné d'analyse des sons et du rythme, qui ont fait de moi la virtuose que je suis. Je parle également cinq langues. En revanche, quand je dois m'exprimer, les mots ne viennent pas naturellement comme à tout un chacun.

Des filles lui tournent toujours autour comme des abeilles autour d’un pot de miel appétissant. Je dois avouer qu’il possède des attraits physiques qui sont loin de passer inaperçus, mais nous ne sommes vraiment pas du même monde lui et moi. Non pas que mon monde soit insignifiant, mais le sien n’entre pas dans mes critères. Le genre bad boy, très peu pour moi. Je suis une fille studieuse. Je veux et vise l’excellence et je n’ai pas de temps à perdre en frivolités.

J’ai toujours été très forte en maths, c’est ma spécialité. J’ai d’ailleurs toujours eu les meilleures notes de ma classe. J’aime calculer, analyser. Je ne sais pas vraiment où ces facilités peuvent me mener, la finance ou le commerce peut-être. Je ne sais pas non plus quelle faculté je vais choisir. Ça me stresse, quelquefois, d’être aussi indécise. Je me demande vraiment ce que j’attends, mais heureusement ma vie sentimentale est déjà toute tracée.

Allez savoir pourquoi, j’aime ce boulot d’étudiant et ça m’amuse de voir de quelle façon les gens réagissent. 
Certains sont adorables et me regardent avec compassion comme si j’exerçais le pire métier de toute la terre. D’autres ne me parlent pas, ne me disent pas « Bonjour », comme s’ils étaient au-dessus du soleil, comme si on n’était pas de la même espèce ou encore comme si j’avais une maladie « caissuellement » transmissible.

Qu’importe les circonstances. La spontanéité ne fait pas vraiment partie de mes qualités. J’ai besoin de tout anticiper, tout prévoir.

On se rend souvent compte de l’instant où on tombe amoureux grâce à un coup qu’on reçoit en plein cœur, un coup de foudre, mais pas forcément quand on rencontre « la » personne, fille ou garçon, qui nous est compatible et qui nous sera indispensable tout au long de notre vie. On ne le sent pas au premier rendez-vous ni au premier regard. Le lien se fortifie pour ne jamais faiblir ni changer à part pour s’accroitre. Et cette dépendance est dangereuse. Car cet être qui devient avec patience et générosité notre âme sœur peut nous laisser démuni et malheureux s’il venait à disparaitre par un effet du sort. Alors oui, nous ne savons pas quand nous rencontrons notre âme sœur, mais je peux dire précisément à quel moment j’ai compris que Keith me serait essentiel.

2 - Sombre orage : Elena :
" - En plus, je ne suis pas seule. Je suis sûre que tu seras heureux de voir avec qui je suis venue, affirme Claire fièrement, et c'est sans préambule qu'elle m'appelle : Elena ?
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et un frisson me parcourt jusqu'au bout des doigts. Je sors lentement de ma cachette, ne sachant pas si mes jambes me lâcherons dès qu'il posera les yeux sur moi.
Il me tourne le dos. Plusieurs hommes sont à ses côtés mais je le reconnais entre tous. Il est le plus grand et le seul à être tout de noir vêtu. Même s'il est plus fin qu'avant, sa large carrure ne fait aucun doute sur le corps toujours aussi athlétique que couvre le vêtement.
Claire affiche un grand sourire et lui signifie de regarder dans ma direction d'un mouvement de tête.
Il se retourne si lentement que je crois voir la cène au ralenti. Le bournous et l'uniforme des cavaliers dont il a rejeté un pan sur son épaule le rendent plis intimidant encore.
Il domine les autres par sa seule présence dans la pièce. C'est évident, aucun autre homme ne pourrait incarner plus dignement son statut, même dans des habits aussi impressionnants que les siens aujourd'hui. Ses traits de visage, encore plus virils et racés qu'auparavant, appuient sa puissance et son autorité. Mais Fares a toujours eu l'allure d'un prince de toute façon.
Ces iris aussi noirs qu'une nuit sans lune se posent sur moi. Une onde de choc m'emporte. Je sens quelque chose qui ressemble à un coup de foudre alors que je suis déjà contaminée par l'amour que j'éprouve pour lui. Une chaleur étouffante m'envahit et me brûle. Tout mon corps se réveille. Un désir physique aussi bouleversant que déplacé me terrasse et une tension oubliée parcourt le haut de mes cuisses.
Je crois voir ses lèvres frémir mais son visage se verrouille instantanément. Il s'incline légèrement sans me regarder dans le yeux."

Dans ma tête, il n’est question que d’elle et moi. Oui, ce vaste ciel sombre et nous deux.

Ce n’est pas un baiser romantique, mais violent, annonciateur de bien pire. Et je crois même un instant y succomber. Je sens un frisson passer à un endroit jusqu’alors inconnu. Bordel ! C’est quoi ça ? Qu’est-ce qui m’arrive ?

Acte I :
Chapitre 1 : Amoureux d’un étoile
« …À l’évidence, Monsieur est attendu.
— C’est ta copine qui me dévisage ?
Il enfonce les deux mains dans sa veste en cuir avant de s’exprimer tout bas en se penchant sur moi, retrouvant un air malicieux :
— Non, pas encore, en fait, c’est la fille avec qui je veux sortir.
Suspicieuse, je hausse un sourcil.
— Un pari ?
— Non ? Pourquoi !? Je ne ferais jamais un truc pareil, c’est ma meilleure amie. On se connaît depuis tout gosses.
Je ne suis pas sûre de bien saisir.
— Pourquoi tu ne sors pas avec elle alors ?
Ce garçon est assez attirant, je doute qu’il n’arrive à ses fins, aussi canon soit-elle.
— J’aimerais qu’elle tombe amoureuse de moi. Mais vraiment accro, tu vois ? Je ne veux pas être un coup d’un soir pour elle alors je la rends jalouse. Elle est la grande histoire d’amour que j’attends.
Ah oui ! Carrément. Je ris.
— Donc tu veux la rendre jalouse… avec moi ? m’étonné-je.
Il rit d’un rire cassé et chaleureux. Comme l’est sa voix.
— Elle sort avec des mecs plus âgés ou des personnalités du show biz. J’essaie de la faire craquer depuis longtemps. Cette année est la dernière ligne droite. Elle est à deux doigts de succomber.
Il se penche vers moi et je réprime un mouvement de recul. Étonné, il se redresse un peu.
— Hé, je ne vais pas te mordre, approche, fait-il tout bas.
Je lui obéis en restant sur mes gardes. Il avance d’un pas et me souffle à l’oreille :
— J’ai un faible pour les danseuses et elle le sait. Dis-moi que ça marche.
Je perds un peu le nord...»