Dans la collection "sagesses du monde" .
Textes d'Epictète
Musique de Pierre Diaz
Lu par Isabelle Wlodarczyk
Editions Babouche à oreille
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Il n'y a qu'un chemin pour le bonheur, c'est de cesser de nous tracasser pour des choses qui ne dépendent pas de notre volonté.
Pourquoi suis-je né d'un tel père et d'une telle mère ? -- Eh ! mon ami, avant ta naissance, dépendait-il de toi de dire : « Je veux qu'un tel se marie à une telle, et je veux naître d'eux ? » Si ta naissance fut malheureuse, ne dépend-il pas de toi de la corriger par la vertu ?
Si tu es accoutumé à mener une vie frugale et à traiter durement ton corps, n'en tire pas vanité, et, si tu ne bois que de l'eau, ne dis point à tout propos que tu ne bois que de l'eau. Si tu veux t'exercer à la patience et à la tolérance, fais-le pour toi et non pas pour les autres ; n'embrasse point les statues ; dans la soif la plus ardente, prends de l'eau dans ta bouche, rejette-la, et ne le dis à personne.
(Pensées, LXXIV)
Quelqu'un se baigne de bonne heure. Ne dis point qu'il fait mal de se baigner sitôt, mais qu'il se baigne avant l'heure. Quelqu'un boit beaucoup de vin. Ne dis point qu'il fait mal de boire, mais qu'il boit beaucoup. Car, avant de bien connaître ce qui le fait agir, comment sais-tu s'il fait mal ? Ainsi, toutes les fois que tu juges de cette façon, il t'arrive de voir devant tes yeux une chose, et de prononcer sur une autre.
Pensées, LXXI.
La vraie noblesse de l'homme vient de la vertu, et non de la naissance. -- Je vaux mieux que toi, mon père était consul, je suis tribun, et toi tu n'es rien. -- Mon cher, si nous étions deux chevaux, et que tu me dises : « Mon père était le plus vif de tous les chevaux de son temps, et moi j'ai beaucoup de foin, beaucoup d'orge, et un magnifique harnais, » je te dirais : « Je le veux bien, mais courons... » N'y a-t-il pas dans l'homme quelque chose qui lui est propre, comme la course au cheval, et par le moyen de quoi on peut connaître sa qualité et juger de son prix ? Et n'est-ce pas la pudeur, la fidélité, la justice ? Montre-moi donc l'avantage que tu as en cela sur moi. Fais-moi voir que tu vaux mieux que moi, en tant qu'homme. Si tu me dis : « Je puis nuire, je puis ruer, » je te répondrai que tu te glorifies là d'une qualité qui est propre à l'âne et au cheval, et non à l'homme.
Ce n'est pas une chose bien commune d'accomplir ce que promet la qualité d'homme. C'est un animal mortel, doué de raison, et c'est par la raison qu'il se distingue des bêtes. Toutes les fois donc qu'il s'éloigne de la raison, qu'il agit sans raison, l'homme périt, et la bête se montre.
Quand tu vas faire ta cour à quelque homme puissant, représente-toi d'avance que tu ne le trouveras pas chez lui, ou qu'il se sera enfermé, ou qu'on ne daignera pas t'ouvrir sa porte, ou qu'il ne s'occupera pas de toi. Si, malgré cela, ton devoir t'y appelle, supporte tout ce qui arrivera, et ne t'avise jamais de dire ou de penser que « ce n'était pas la peine ». Car c'est là le langage d'un homme vulgaire, d'un homme sur qui les choses extérieures ont trop de pouvoir.
Quand j'entends appeler quelqu'un heureux, parce qu'il est favori du prince, je demande d'abord ce que cela lui a rapporté. -- Il a obtenu un gouvernement de province. -- Mais a-t-il obtenu en même temps tout ce qu'il faut pour la bien gouverner ? -- Il a eu une préture. -- Mais a-t-il tout ce qu'il faut pour être préteur ? Ce ne sont pas les dignités qui rendent heureux, c'est de les bien remplir et d'en faire un bon usage.
Tu veux ressembler au commun des hommes, comme un fil de ta tunique ressemble à tous les autres fils qui la composent ; mais moi je veux être cette bande de pourpre, qui non seulement a de l'éclat, mais qui embellit même tout ce à quoi on l'applique. Pourquoi donc me conseilles-tu d'être comme les autres ? Je serais comme le fil, je ne serais plus de la pourpre.
N'attends pas que les évènements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive... et tu seras heureux.