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Critiques de Abdelfattah Kilito (9)
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Dites-moi le songe

Voilà un livre amusant et intéressant à la fois. Il regroupe quatre récits à la première personne, tous en relation avec l'un des livres les plus importants, par son ampleur, à savoir "Les Mille et Une Nuits".



On sympathise volontiers avec les narrateurs qui nous rappellent les traits de certains personnages de Dostoïevski (surtout le dernier). Ils sont des étudiants ou professeurs qui s'intéressent à cette oeuvre mystérieuse. Ils sont hésitants, maladroits, timides parfois, soupçonneux, blasés, trouvant un plaisir à être humiliés, mais qui sont surtout des lecteurs ingénieux.



Le premier narrateur visite les États-Unis pour faire une conférence sur les Mille et Une Nuit et le sommeil, lui qui tombe souvent dans un sommeil profond lorsqu'on l'invite à dîner. Ce personnage a subi l'effet bénéfique de ce livre pendant sa maladie d'enfance, lorsqu'il le lisait avidement ; l'effet curatif de la lecture. Aux États-Unis, il trouve une édition en anglais des Nuits et dedans un manuscrit d'une histoire inédite issue de ce livre.



Dans le deuxième récit, il s'agit d'une thèse sur les Nuits où un étudiant essaie de refaire leur fin. Le professeur dirigeant (le narrateur du premier récit devenu blasé et hanté par ce livre à la richesse inépuisable) analyse non seulement la thèse, très intéressante, mais aussi les intentions de l'étudiant, un lecteur studieux, et les impressions de ses collègues, membres du comité. La thèse est un exercice parfait de littérature comparée.



Le troisième récit est une histoire, où un homme se retrouve devant l'hostilité de sa voisine d'en face. Il essaie d'imaginer sa relation avec l'ancien locataire de son appartement. Ce dernier l'aurait séduite en lui racontant des contes (comme Shéhérazade). La littérature comme moyen de séduction.



Le dernier récit a pour sujet l'identité de l'auteur des Nuits. Le narrateur a écrit de la poésie mais ne pouvant mettre son nom sur la couverture (par humilité !), il met celui de son ami qui sera acclamé grâce à ce recueil.



Dans les quatre récits, on retrouve la figure féminine d'Ida (femme séduisante et intelligente) : femme rencontrée en Amérique, celle à qui l'étudiant dédie sa thèse, la voisine dans le troisième récit et la fille aimée par le dernier narrateur.

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Je parle toutes les langues, mais en arabe

Ce livre contient des articles, des conférences et des notes de lecture réunis sous ce titre inspiré de Kafka (une phrase que ce dernier rapporte dans son journal : "je parle toutes les langues, mais en yiddish").



La manière dont Kilito traite les sujets qui lui sont chers à savoir la traduction, la langue arabe, la littérature arabe classique mais aussi la migration des idées entre différentes cultures ; me rappelle ce que disait Eco dans son livre "De la littérature" sur ces lecteurs passionnés (Kilito en est un) qui se poseront la question où cette première balle tirée par Julien Sorel a-t-elle finie. C’est ce que fait Kilito surtout dans la dernière partie de son livre intitulée Dia-LOGOS, lorsqu’il s’attarde sur un petit détail, une description, un dialogue se trouvant dans un livre ou roman d’un auteur maghrébin (A. Laroui, Meddeb, Khatibi, El Maleh…) pour en tirait des conclusions et des analyses savamment menées.



Le livre est aussi l’occasion de retrouver ces études de littérature comparée qui nous font voyagés dans des siècles révolus pour découvrir les affinités entre Al Maari et Dante, Al Maari et Schopenhauer, les débuts du roman arabe avec Chidyaq et la fin des Séances, l’image des pays colonisés dans la littérature coloniale et les origines présumées du Don Quichotte.



Le livre qui s’ouvre sur un ton d’intimité où l’auteur évoque son enfance, avec humour et subtilité (proche de la ruse borgésienne), traite aussi des questions de plurilinguisme et du choix d’une langue d’expression ou d’écriture.

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La querelle des images

En se glissant dans la voix d'Abdallah,l'auteur raconte son enfance marocaine passée dans la médina (vieille ville) d'une ville côtière,dans les années 60,à travers quatorze récits.Un roman sous forme de nouvelles.Des personnages et des images de souvenirs vécus et de l'imagination de l'enfant qu'il était,y défilent.Ainsi on rencontre l'épouse de R.,cette voisine qui se cache derrière une porte entrouverte pour surveiller faits et gestes de chaque habitant du quartier;on entre dans le M'sid,l'école coranique où le maître tyran devient Dieu;dans le cinéma du quartier,ou parallélement au film qui passe à l'écran ,un autre se joue dans la salle;au hammam,comparé à la mosquée,parceque dit-il,il assure la pureté rituelle du corps,la seule différence est qu'au hammam il ne faut surtout pas glisser,ni trop se pencher pour remplir son sceau au risque de se retrouver au fin fond de la vasque brûlante!

Avec un langage poétique,sincère,tinté d'humour,ceux sont les souvenirs d'un enfant mais aussi le questionnement de l'adulte sur les fondements d'une société religieuse(islamique),comme l'absence et l'interdiction de l'image,la culture du livre limitée aux œuvres coraniques,l'éducation de l'enfant consistant à apprendre par coeur un texte sacré,auquel il ne comprend rien...Des propos tellement actuels aujourd'hui,avec la montée de l'islam radical...Une très agréable lecture!
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Tu ne parleras pas ma langue

Comment l’autre (européen surtout) voit notre langue et notre littérature arabes ? Quel était le statut de ces deux autrefois et aujourd’hui ? Voilà peut-être les deux questions majeures qu’on retrouve dans cet essai. Je dis "peut-être" car je ne veux pas limiter toute la profondeur et la diversité de ce livre à ces deux questions ni orienter le lecteur dans un sens unique.



Kilito nous mène dans son raisonnement, qu’il construit de la manière la plus simple et plaisante possible, en interrogeant les œuvres de certains grands écrivains et voyageurs arabes comme Averroès, Al Jahiz ou Ibn Battûta. Il traite de la difficulté de parler deux langues avec la même perfection et comment les deux se disputent la place de favorite ; de la difficulté à présenter à un public européen le genre proprement arabe des Séances et de la tentation de les comparer au roman picaresque; du rôle que joua Averroès dans la présentation des œuvres d’Aristote et de la méprise de la traduction des mots comédie et tragédie; du tournant qui a ranimé la littérature arabe au XIXe siècle en se dégageant de la Maqama (Séances) pour adopter le roman; de la difficulté à traduire la poésie arabe qui perd sa valeur dans d’autres langues ; de la relation entre le monde arabe et l’Europe dans les siècles passées et cette admiration méfiante des voyageurs arabes ; mais aussi de la colère qu’on a à voir un étranger parler couramment notre langue.

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Le cheval de Nietzsche

L'écrivain marocain Kilito nous livre ici un recueil de nouvelles qui nous fait directement penser à son maître Borges. Il s'agit d'un livre par la littérature et sur la littérature. Elle est au centre de chaque nouvelle. Par ailleurs, l'une des beautés de ce livre est de réunir Occident et Orient dans la littérature (Dante, Averroès, Cervantès...) . un livre à lire sinon, comme le héros du "Cheval de Nietzsche", à copier.
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Tu ne parleras pas ma langue

Un titre paradoxal pour un livre qui pose la question de l'identité à travers le multiculturalisme de ceux qui s'expriment dans plusieurs langues.



Le Français est connu pour sa peine à apprendre d'autres langues, mais par bonheur certains enfants ont la chance d'entendre dès le berceau une deuxième et même une troisième langue "maternelle". Au-delà de l'agilité langagière, ils acquièrent aussi une richesse inestimable: le respect de l'autre, de sa culture, de son histoire, de ses idées, de sa religion, car on ne peut se renier soi-même si on s'est nourri de la diversité.



Si Dieu a voulu punir les hommes en les empêchant de se comprendre, chacun de nous peut faire s'écrouler la Tour de Babel en apprenant les mots de l'autre.
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Le cheval de Nietzsche

Professeur de littérature française à la faculté des lettres de Rabat, Abdelfattah Kilito livre à travers son essai «Le cheval de Nietzsche», une projection fantasmatique du fin fond de sa bibliothèque aux rayons lumineux.



Commençant par énoncer avec une exquise simplicité des faits puisés dans la vie de son auteur, le récit s’achemine nonchalamment vers le thème plus ambitieux de l’importance de la littérature dans la vie de tout un chacun.

Jouant des mots avec une virtuosité d'artificier, Abdelfattah Kilito retrace, dans un ouvrage de près de 180 pages, son histoire avec les mondes de l'écriture et de la lecture.

Optant pour des phrases fluides, il réussit dès les premières pages à créer une complicité avec son lecteur. Il explique ainsi sa méthode de travail : jeune, il recopiait bon nombre de chefs-d'œuvres conseillés par son professeur de français. «La seule façon pour moi de lire était de recopier».



Ainsi, il a recopié «Le Rouge et le Noir» de Stendhal, en 40 jours. Mais Kilito ne pouvait se contenter de recopier. Il est donc passé à l’écriture. «Il est vrai que j'attendais le moment où je passerais naturellement à la rédaction de mes propres livres.

Je situais cependant dans un avenir lointain la réalisation de ce projet. J'avais l'impression que je ne méritais pas d'écrire, et l'idée de prétendre à l'originalité m'effrayait, comme si j'allais commettre une action condamnable...».

L’écrivain explique aussi que «tout ce qui se présentait à moi, c'étaient des phrases de livres que j'avais recopiés. J'étais habité par des paroles d'autrui. Incrustées dans ma mémoire, elles constituaient une richesse encombrante dont je n'arrivais pas à me débarrasser». Et Kilito s'est mis à écrire et eut la reconnaissance de ses pairs. Toutefois, l'écrivain hésita longtemps avant d'adopter la langue de Molière.

«Le Cheval de Nietzsche», qui a déjà reçu en 1996 le prix de l’Académie française, se veut donc un voyage à travers des chefs-d'œuvres confirmés qui ont marqué des générations de lecteurs à travers le monde.

Par " Fatima-Ezzahra SAÂDANE "


Lien : http://www.lesechos.ma/index..
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Je parle toutes les langues, mais en arabe

Une pensée critique, un raisonnement profond avec une pointe d'humour. Le titre est le parfait résumé de son livre: Je parle toutes les langues, mais en arabe. De plus, il s'agit d'un témoignage du rapport aux langues d'un écrivain marocain : le choix de la langue d'écriture n'est pas une évidence.
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Les Arabes et l'art du récit : Une étrange fami..

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Voici bientôt trois siècles que Les Mille et Une Nuits et quelques autres textes occupent une place de choix au panthéon de la littérature universelle. Comment expliquer que les plus grands maîtres dans l'art de faire des récits se soient donné rendez-vous dans le monde arabe ? Pour l'expliquer, Abdelfattah Kilito remarque que l'admiration des Européens a fortement contribué à réévaluer cette tradition narrative - les Arabes se considérant avant tout comme « le peuple poète ». Ensuite, la nécessité qui préside aux histoires est liée au modèle de la prophétie : la première parole adressée au Prophète n'est-elle pas l'impératif « Lis, au nom de ton Seigneur qui a tout créé » ? À cette injonction du message coranique correspond celle de raconter. C'est ainsi que pour Shéhérazade, comme pour un grand nombre d'auteurs, le discours dépend d'un maître autoritaire : « Le récit est l'arme du démuni. »

En consacrant de courts articles à quelques grands chefs-d'oeuvre, l'auteur, professeur à l'université de Rabat, nous offre une rafraîchissante promenade, indiquant à chaque fois la source à laquelle le conteur s'abreuve. Il montre que les fables de Kalila et Dimna s'éclairent du paradigme du trésor si précieux que les enseignements doivent en être scellés. Dans les Muhâdarât de Yousi, il écoute la manière dont les paraboles se nourrissent autant du silence des personnages que de celui du narrateur... Il montre encore comment l'essai d'Ibn Tufayl, Le Philosophe autodidacte, a été reçu comme un « roman philosophique », faute d'autre catégorie pour l'aborder...

Souvent, l'analyse est menée avec presque autant de grâce qu'on en trouve dans les textes. Si l'on ne connaît pas la littérature arabe, on brûle aussitôt de lire les oeuvres présentées dans cet essai, et un lecteur qui en est familier découvre à chaque fois des traits inaperçus. Le plus amusant étant encore la manière dont Abdelfattah Kilito renverse les valeurs. En posant avec espièglerie la question : « Et si Les Mille et Une Nuits étaient ennuyeuses ? », il remarque que ce texte ne satisfait aucun des critères qui font qu'un livre devient un classique. Alors, que s'est-il passé ? Rien d'autre qu'une transformation dans la manière de lire ; rien d'autre qu'un passage d'une culture à l'autre ; rien d'autre qu'une nouvelle preuve, s'il en fallait, que la littérature croît toujours dans l'échange.
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