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Citations de Abel Quentin (219)


Dans ma génération, parmi ceux qui avaient défilé entre République et Nation, parmi tous les enfants chéris du mitterrandisme, beaucoup s'étaient droitisés pour des raisons essentiellement économiques. Ils avaient forci, acheté un appartement, deux appartements dont le prix avait quintuplé sous l'effet du boom immobilier. Ils avaient acheté des maisons de campagne. Ils s'étaient félicités lorsqu'un fils d'ouvriers, un socialiste austère et probe du nom de Pierre Bérégovoy avait dérèglementé les marchés financiers. Ils avaient acheté des actions, poussé les portes capitonnées des fonds d'investissement, ils avaient de plus en plus d'argent et des nuances s'étaient glissées dans leurs conversations : "il y a un principe de réalité","il ne faudrait pas non plus décourager les gens","bien sûr que je crois à l'impôt, oui, je suis socialiste : mais pas de fiscalité punitive". Et puis bientôt :"il faut arrêter de faire croire aux gens qu'on peut raser gratis","on est bien obligés de regarder ce que font les autres","la concurrence mondiale est une réalité".
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Fanon croyait à la révolte violente contre le colon et à l’émancipation. Mais fanob ne croyait pas qu’il soit nécessaire de susciter une fierté noire pour combattre le racisme, il se méfiait du « racisme antiraciste ».
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" En France, la littérature noire a longtemps été méprisée. Elle fait face à un défi : comment exprimer une voix singulière, une voix authentiquement noire dans une langue qui a été vecteur d'oppression? Ces débats ont mobilisé le courant de la négritude."
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Le boy d’Étampes n'avait jamais été à sa place nulle part. Son confrère, James Baldwin, était également inconfortable : trop Noir pour les Blancs, trop pédé pour les Noirs, trop Noir et pédé pour les Blancs du Sud et les petits notables de Saint-Paul-de-Vence, trop Blanc pour les Noirs de Nation of Islam, trop ironique, trop ingrat pour les progressistes blancs.
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Tout cela était assez pointu. Dans certaines situations, le jeune militant décolonial ne savait même plus s'il avait le droit de se plaindre. Les identités opprimées entraient en conflit les unes avec les autres. Une femme agressée par une personne racisée pouvait-elle encore prétendre au statut de victime? Il avait bien fallu hiérarchiser. En gros, la reine des souffrances (la quinte flush, celle qui fermait la gueule de tout le monde)était celle de l'individu racisé. Devant l'homme cisgenre racisé, même un transsexuel blanc s'inclinait: ses propres souffrances lui paraissaient soudain dérisoires.
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Je décidai de garder cette introspection pour un interlocuteur plus arrangeant, quelqu'un qui combine une solide capacité d'écoute et un certain degré de corruption morale- un vieux prêtre pédophile, par exemple, aurait pu faire l'affaire.
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La vie était elle un manège détraqué?
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Marie Condo était la figure même de la femme soignante, celle dont on rêve pour la dernière ligne droite. Je l’imaginais me langer, me nettoyer après que j’ai sali mon calecif en me réveillant d’un rêve érotique, dédramatisant tout avec sa grâce naturelle : « Et alors, papy, on a fait un petit rêve agréable ? » Marie Condo, miséricordieuse. Marie Condo, infirmière des âmes. Que n’aurais-je pas donné pour entendre sa voix douce et ferme, à travers la porte.
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Vous nous avez dit que Robert Willow était communiste. Vous nous avez dit qu’il avait pris plus tard ses distances avec le Parti. Vous avez dit qu’il était un renégat. Vous n’avez pas dit qu’il était noir. Vous ne pensez pas que cela a une importance, je veux dire une importance décisive ? Vous pensez qu’il est possible de parler de l’œuvre d’un Noir américain, écrite dans les années 1950, sans dire qu’il était noir .
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— Jeanne est éveillée. Elle est woke. Elle a pris conscience qu’en tant que femmes non racisées, nous bénéficions d’avantages invisibles et pourtant bien réels par rapport à des individus racisés. Elle a une approche intersectionnelle, plus complexe. L’idée est de dire : femme non racisée et lesbienne, je suis à la fois agent d’oppression (parce que blanche) et victime d’oppression (parce que femme et homosexuelle). 
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Elles sont bipolaires et ardentes, raffolent des films de Gaspard Noé ou de Béatrice Dalle, placardent sur leur frigo d’adolescente le portrait de Rimbaud par Nadar et racontent à qui veut l’entendre qu’elles mourront à vingt-sept ans. Elles peuvent vous poignarder pendant l’amour, avant de fondre en larmes et d’appeler les pompiers. D’aucuns diront qu’elles sont casse-couilles ; d’autres qu’elles sont intégrales.
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Pour le reste, je ne me faisais pas d’illusion. J’étais un sexagénaire aux jambes maigres, avec une bedaine ; morphologiquement, je ressemblais à un poulet-bicyclette.
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Ce jour-là, en rentrant chez moi, je ruminais de sombres pensées. La connaissance de la doctrine Truman était-elle vraiment d'un quelconque intérêt ? Eclairait-elle vraiment la compréhension du monde, trente ans après la chute du mur ? L'enseignement de cette doctrine avait-il un autre but que de permettre à de nouvelles générations de professeurs de l'enseigner, à leur tour ? La vie était-elle un manège détraqué ? Le savoir circulait, stérile, dans un lieu clos. L'université formait des enseignants-chercheurs, qui formeraient d'autres enseignants-chercheurs. Dans ces années-là, j'avais l'impression que les étudiants étaient de plus en plus cons. C'était, bien sûr, une illusion : le signe que ma patience et mon dévouement trouvaient plus rapidement leurs limites.
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- Tu as raison, Agnès. Ce que je dis est sans doute inaudible. Et pourtant... Cette fille me fait peur, c'est comme ça. Ce sont des esprits de système, et les esprits de système auront toujours l'avantage. Représente-toi une pensée close, une doctrine qui explique tout. C'est redoutable. J'étais là, à ratiociner devant Saint-Just, et tout ce que je disais sonnait faux. Mes nuances étaient des compromissions.
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Mais que l'est le mécanisme de la polémique ? Elle consiste a considérer l'adversaire en ennemi, à le simplifier par conséquent et à refuser de le voir. Celui que j'insulte, je ne connais plus la couleur de son regard, ni s'il lui arrive de sourire et de quelle manière. Devenus aux trois quarts aveugles par la grâce de la polémique, nous ne vivons plus parmi des hommes, mais dans un monde de silhouettes. Albert Camus
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J'avais écrit les mots apaisement, sensibilités, heurter, racise. Cela a joué sans doute. Je crois aussi qu'il y avait autre chose. Les experts en shaming, trollers et lanceurs de raids sont les rejetons criairds du Spectacle, qui courent d'une proie à l'autre comme des poulets sans tête. Ils tombent d'un coup sur une proie et la depecent dans une frénésie vraiment épouvantable mais il suffit d'un bruit, d'une distraction pour qu'ils se debandent vers d'autres carnages.
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Je me rappelais le petit exposé de Léonie sur l'intersectionnalite : la femme non racisee homosexuelle est à la fois oppresseurs (en tant que Blanche) et opprimee (een tant que femme et homosexuelle). Tout cela était assez pointu. Dans certaines situations, le jeune militant decolonial ne savait même plus s'il avait le droit de se plaindre. Les identités opprimées entraient en conflit les unes avec les autres. Une femme agressée par une personne racisee pouvait-elle encore prétendre au statut de victime ? Il avait fallu hiérarchiser. En gros, la reine des souffrances [...] était celle de l'individu racise. Devant l'homme cisgenre racise, même un transsexuel blanc s'inclinait : ses propres souffrances lui paraissaient soudain dérisoires.
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Le monde était un enchevêtrement de signes incompréhensibles. J'étais inadapté. Je savais que le paradigme dont parlait Lou Basset-Dutonnerre était l'insincerite, le narcissisme. Comme écrivait Musil, la vérité était toujours handicapée. Le monde appartenait aux menteurs et aux artificieux. Le lent labeur, le recueillement, la précision toutes ces qualités étaient devenues des vertus d'un autre temps
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Comme on dit dans ces mondes où la roublardise est tellement généralisée que la moindre parole sincère détonne comme une fausse note….
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Dans ma génération, parmi ceux qui avaient défilé entre République et Nation, parmi tous les enfants chéris du mitterrandisme, beaucoup s’étaient droitisés pour des raisons essentiellement économiques. Ils avaient forci, acheté un appartement, deux appartements dont le prix avait quintuplé sous l’effet du boom immobilier. Ils avaient acheté des maisons de campagne…… Ils ressemblaient tous plus ou moins, dans l’allure générale, dans l’impression qui demeure après que le souvenir d’un visage s’est évanoui, à Dominique Strass-Kahn.
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