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Citations de Abel Quentin (219)


Un couplet de Kery James recelait plus de tonnerre que cent petits romans basset-dutonerriens, ces petits livres dévidés et narcissiques qui étaient murmurés par leurs auteurs, souffreteuses endives dévitalisées.
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Jeanne est éveillée. Elle est "woke". Elle a pris conscience qu'en tant que femmes non racisées, nous bénéficions d'avantages invisibles et pourtant bien réels par rapport à des individus racisés. Elle a une approche intersectionnelle, plus complexe. L'idée est de dire : femme non racisée et lesbienne, je suis à la fois agent d'oppression ( parce que blanche ) et victime d'oppression ( parce que femme et homosexuelle ).
P 98-99 Les Editions de l'Observatoire
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Marc avait ce talent-là, de savoir demander les choses. C'était une intuition qu'il avait en toutes circonstances. Demander sans vraiment demander, se faire ouvrir une porte sans jamais appuyer sur la sonnette - et la porte s'ouvrait immanquablement et il s'en étonnait, il ne faisait que passer par là, il n'avait pas l'intention de rentrer, mais après tout… Et tout cela était un don vraiment remarquable, un talent d'accoucheur, de maïeuticien, celui d'aider autrui à formaliser lui-même, de sa propre initiative, une proposition avantageuse pour lui, Marc. Il le faisait sans vulgarité ni obséquiosité, et si on le lui faisait remarquer il réfutait toute arrière-pensée, s'étonnait de sa bonne fortune - et on avait envie de le croire. Je ne savais pas faire, moi. Je ne demandais rien, rongeais mon frein jusqu'à ce que j'explose, et que je réclame, grossièrement, mon dû.
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Je m’étais trompé et j’avais raison. Mon Robert Willow existait ; je ne l’avais pas inventé. Je l’avais compris intimement, et des types qui avaient appris son existence en ouvrant mon bouquin prétendaient me faire la leçon.
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A l'évidence, ce chroniqueur qui célébrait le courage intellectuel d'un esprit libre, et me dépeignait en franc-tireur de l'université française n'avait pas la moindre idée de mon travail. Il n'avait jamais lu le moindre article de ma main, ni pris la peine d'interroger un ancien élève, un collègue, personne. Un esprit indépendant, assoiffé de vérité . Ce Jean Roscoff était une sorte d'ascète ombrageux, un observateur lucide au regard d'aigle. Je n'étais rien de tout cela. Ni Roscoff-Bloefeld, le raciste sournois, l'ange déchu, l'intellectuel méphistophélique, ni le libre-penseur intrépide et intransigeant. P.237
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Je pouvais difficilement payer une telle somme, le croquemort qui gérait mes comptes à la LCL m’avait imposé un plafond de paiement de vieillard sous curatelle et puis je voulais être certain d’être remboursé, mais l’assurance ne répondait pas, il fallait s’y attendre, ces gens-là décrochaient rarement après le coucher du soleil. (p.275)
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Le mutisme de Jenny n'arrange rien: elle a monté au fil des ans, dans le secret de ses pensées, un dossier à charge sans jamais le soumettre au contradictoire.
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Ils tombent d'un coup sur une proie et la dépècent dans une frénésie vraiment épouvantable mais il suffit d'un bruit, d'une distraction pour qu'ils se débandent vers d'autres carnages. Le flux ininterrompu de notifications digitales avait lourdement obéré leur capacité de concentration.
Oui, ils étaient les produits de leur temps: écervelés, inconsistants et cruels.
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Claquemurée dans le pavillon familial, l'enfance de Jenny s'est consumée dans le silence. Pas que ses parents soient des taiseux, simple ment leur caquetage est pour elle comme le silence : vide et oppressant.
- On ne pourra bientôt plus circuler dans la rue du Centre, constate Patrick Marchand.
- J'ai mal aux lombaires, il faut que j'aille à Nevers faire un scanner, répond Marion Marchand.
- Ils vont tuer la rue du Centre. Ils vont la tuer, conclut Patrick Marchand.
Chacun parle pour lui-même, sans attendre autre chose qu'un acquiescement distrait. Jenny s'en accommode volontiers dans la mesure où ils l'oublient complètement. Elle s'absorbe dans la contemplation des arabesques que dessine le céleri rémoulade, au fond de son assiette. Elle a lu quelque part qu'il y a de la poésie dans les choses les plus triviales, mais il faut se rendre à l'évidence : les gens qui racontent cela sont des menteurs ou des imbéciles. (p.43)
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Comme les marxistes ricanaient de l'inefficience des droits politiques, Aminata Diao et les chercheuses subtiles se méfiaient des avancées juridiques pour l'égalité des droits : ce n'est pas parce qu'on décrète l'égalité que cessera la vieille domination.
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Noël en famille.
Vingt, trente, quarante ans de griefs accumulés autour de la table. Nous trinquons. (p.121)
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Les identités opprimées entraient en conflit les unes avec les autres : Une femme agressée par une personne racisée pouvait-elle encore prétendre au statut de victime ? Il avait bien fallu hiérarchise. En gros, la reine des souffrances la quinte flush , celle qui fermait la gueule de tout le monde9 était celle de l’individu racisé. Devant l’homme cisgenre racisé, même un transsexuel s’inclinait : ses propres souffrances lui paraissaient soudain dérisoires.
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"Je l'avais déraciné. Je n'avais vu, je n'avais voulu voir que le poète frère, mon frère mélancolique. Je n'avais pas vu le noir
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Dans ces années-là, j'avais l'impression que les étudiants étaient de plus en plus cons. C'était bien sûr une illusion: le signe que ma patience et mon dévouement trouvaient plus rapidement leurs limites.
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De cette période, j'ai gardé une impression étrange. J'avais été haché, mâché, essoré et recraché sur le trottoir, hagard.
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A vous entendre, les luttes ne se font pas sans nous. Elles se font contre nous.
page 190
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Non. C’est une chose de comprendre les ressorts de la haine-elle est tapie en chacun de nous. La souffrance n’est pas une émotion : c’est une expérience. Et chacune d’elles et douloureusement intime.
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... Il y a eu beaucoup de défections au parti communiste français, en 56... Mais ça couvait déjà depuis dix ans. En 47, un transfuge de l'URSS publie un récit sur le goulag...

Le problème, c'est que le sujet a longtemps été tabou à gauche... Il y a des gens que ce dilemme met au supplice. Certains sont dans le déni pur. Parler des camps, c'est faire le jeu des bourgeois et de l'Amérique. D'autres essaient de résoudre cette contradiction avec cette pirouette : les goulags sont un mal nécessaire et transitoire...

Ne pas faire le jeu de l'ennemi : je connais cette musique. et je m'en méfiais.

Elle avait eu son succès à SOS [racisme]... Elle avait conduit des hommes et des femmes à transiger sur l'essentiel : par lâcheté, par peur, par cynisme, je me souviens de l'affaire du foulard, à Créteil, en 89. Dans un collège, trois gamines refusaient de tomber le voile. Scandale national. Rue Martel, nous étions divisés.

À l'évidence, ces filles subissaient de grosses pressions. Elles étaient manipulées ; derrière elles, les islamistes poussaient leurs intérêts.

Était-ce le rôle de SOS de s'acoquiner avec des barbus rétrogrades ?... Le bureau avait tranché : soutien aux collégiennes de Creil, car : "il ne faut pas faire le jeu du front national"...

Je l'avais joué profil bas...
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Emmaillotée dans quatre ou cinq couches de vêtements, elle ressemblait à la Dame Ginette des Visiteurs ; elle se présenta comme une poétesse et précisa crânement qu’elle avait connu bibliquement T.S. Eliot.
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Les manifestations étaient des masses pleines de vie où rayonnait une jeunesse sans complexe. une jeunesse fière d'être jeune, triomphante. C'était un flot continu qui se dégorgeait des facultés de lettres et de sciences humaines, un flot irrésistible. Personne ne peut se représenter ca. On jouait des percussions, et on clamait des slogans grands comme le monde : « Nous sommes tous des enfants d'immigrés. » Ce n'étaient pas des slogans, d'ailleurs : c'étaient des idées simples et belles. On se marrait en se coudoyant, l'idée de SOS Racisme était aussi de refuser l'esprit de sérieux, la morgue. Les caciques du parti socialiste, les économistes en costume sombre nous soutenaient mais ça nous amusait de les ringardiser un peu. Nous étions une gauche hors les murs et débraillée, nous étions une gauche solaire. Les manifestations d'alors, c'était réellement joyeux. On ne parlait pas encore trop du sida, on vivait les derniers mois d'insouciance de ce point
de vue-là, en 1984. Nous étions une jeunesse amoureuse d'elle-même, quand j'y pense. Oui, le narcissisme et la complaisance parcouraient cette masse joyeuse comme un venin invisible, et puis de temps en temps une jeune femme levait une main de fatma et commençait à scander: « Première, deuxième, troisième génération... » Et cette voix était claire et pure et elle rachetait la foule entière, les intentions cachées, le confort intellectuel. Voilà, tout cela n'est sans doute
pas très clair.
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