Il ne manquait plus qu’un fumigène et une chanson de métal des années 1990 pour accompagner son arrivée. Façon bibliothécaire sexy, elle portait une jupe crayon noire moulante et une chemise blanche. Comment une femme avec une telle poitrine pouvait-elle se permettre de porter une chemise ? Elle était forcément taillée sur mesure, car les boutons tenaient bon. Son long pull à torsades était d’un rouge ocre et terne en comparaison avec ses cheveux flamboyants. Ses longues boucles ondoyaient sur ses épaules, retenues par ses lunettes de lecture à épaisses montures noires dont elle se servait comme d’un serre-tête improvisé.
La mort nous privait d’une part entière de nos vies. On ne nous avait pas demandé notre avis. Impossible de revenir en arrière, de faire appel, de tout effacer pour recommencer à zéro.
Je levai les yeux.
Il était là-haut.
Son regard croisa le mien. Je dus me retenir de ne pas grimper les marches quatre à quatre. Sa poitrine se soulevait par saccades et son sourire s'agrandit lentement. Je n'eus pas à courir pour le rejoindre puisqu'il s'empressa de descendre vers moi.
Il se pencha pour m'embrasser la joue.
- Tu portes du blanc.
- Évidemment, c'est notre mariage.
Si je me sentais mal, il me suffisait de prononcer le mot de passe pour qu’il retrouve son rôle protecteur de fiancé aimant. La plupart du temps, le supplice était juste assez supportable pour patienter jusqu’à la récompense. Le déni d’orgasme n’était pas le pire d’entre eux, loin de là.
Je me retrouvais face à cette drôle d’étape de la vie, où chaque chose trouve enfin sa place et sa logique. Finis les doutes et les regrets du passé. Je me tournais désormais vers l’avenir et ses innombrables possibles.